Corse Net Infos - Pure player corse
Corse Net Infos Corse Net Infos

CorseNetInfos


"S’organiser localement pour répondre aux bouleversements" : à Bastia une conférence-débat pour "repenser le futur ensemble"


Lorela Prifti le Vendredi 7 Octobre 2022 à 15:49

Didier Minot, ingénieur agronome qui a été délégué interministériel au développement local, directeur de l'école des territoires et qui anime aujourd'hui le collectif « Changer de cap » avec pour objectif de "changer le système" tient une conférence-débat ce vendredi 7 octobre à 20 heures au musée de Bastia sur les questions très concrètes du développement de l'ile. Invité par l'’université du temps libre-Envol et Utopia Corsica, il partage avec Corse Net Infos son expérience ayant pour but le renforcement de l’action citoyenne dans le quotidien.



Didier Minot, ingénieur agronome qui a été délégué interministériel au développement local, directeur de l'école des territoires et qui anime aujourd'hui le collectif « Changer de cap » animera la conférence débat
Didier Minot, ingénieur agronome qui a été délégué interministériel au développement local, directeur de l'école des territoires et qui anime aujourd'hui le collectif « Changer de cap » animera la conférence débat
- Qu’est-ce c'est le collectif Changer de cap ? Pourquoi il a été créé ? 
Le collectif Changer de cap a été créé en janvier 2019 pour rapprocher des demandes qui ont été formulées par les gilets jaunes et les propositions des démarches pour le climat. On voulait rapprocher les revendications sociales et climatiques et donc on a créé un collectif avec un certain nombre de mouvements nationaux au départ, mais très vite c’est devenu un réseau d’associations de terrain qui fait diversifier. 

Pourquoi vous avez décidé de venir à Bastia pour faire cette conférence-débat ? 
Parmi nos correspondants on avait Dominique Orsucci, conseiller municipal de Talasani, qui a monté ça et qui avait aussi des liens très anciens avec un camarade agronome comme moi. En discutant, on s’est dit que ça serait important de travailler sur le développement de la Corse. 
Qu’est-ce qu’on peut faire sur des territoires ruraux aujourd’hui face à tous les problèmes qui vont arriver dans les prochaines années avec la multiplication des crises écologiques, économiques, énergétiques, etc. ? Quand il y a des situations de crise, comme celles qu’on a vues ces derniers temps, il est très important que les gens ne restent pas seuls, mais qu’il y ait des groupes d’entraide, des lieux où ils peuvent agir par eux même pour trouver des solutions dans l’autonomie. 
Ce soir on
 va discuter ce soir du renforcement de l’autonomie et pour ça il faut que l’initiative s’appuie sur une écoute des besoins des gens et sur une incitation pour que les gens deviennent des acteurs de leur propos vie et citoyens d’un monde solidaire. 

Quelles sont les questions concrètes qui vont être traitées dans la conférence de ce soir ? 
On va largement parler des problématiques sociales et aussi politiques, car il y a un fond politique qui est très présent. Moi j’arrive avec un grand sac où j’ai plein d’idées possibles et puis on va engager le débat, faire un petit exposé et puis garder l’essentiel. Par exemple, on voit que le problème de la division qui subsiste du fait des arrêtés Miot est un énorme frein au développement des territoires sur des bases autonomes parce qu’on a toujours l’obstacle de la propriété. Moi je n’ai pas des solutions là-dessus, mais je sais par exemple que dans le Limousin, ils ont mis en place des informations au maire pour leur dire comment on peut utiliser la loi des biens sans maître. Je ne m’y connais pas sur les problèmes politiques que ça peut poser, mais, nous on peut amener des idées comme ça, en disant : « Ça existe, il y a une loi, c’est possible ». Mais ça, c’est en fonction des questions qui vont être posées. 

Vous pensez être qu'on puisse apporter une réponse à toutes les questions qui pourraient être posées ?  
Il y a des cas où on va dire, on n’a pas la réponse, mais on connaît des gens qui ont travaillé la question et donc on vous propose une soirée par zoom. On débat avec des gens qui se sont attaqués au problème. C’est ce que nous on peut amener. On fait de la mise en lien avec des solutions ou des gens, mais on n’intervient pas sur le terrain.

Quelles sont les urgences de la Corse ? 
Je ne peux pas juger à l’ensemble des problèmes de l’île, c’est compliqué. Il est est essentiel que les gens acquièrent la liberté d’agir par eux même, qu’on libère la capacité d’agir des gens et je pense qu’il y a des terrains culturels, qu’il faut dépasser, qui poussent à l’immobilisme, alors que tout le monde est conscient des problèmes. Je pense que cette capacité à agir, il faut absolument qu’on arrive à la libérer et qu’on aie des initiatives diffusées largement et qu’elles puissent servir d’exemple aux autres, qu’on crée des dynamismes positifs. Je viens plutôt pour pouvoir porter des briques de réponse aux gens qui seront là ce soir. On ne prétend pas qu’on va répondre à toutes les questions, mais on n’est pas démunis, on a un réseau large et on peut faire des appels à l’aide. 

Est-ce que les méthodes qui ont marché ailleurs peuvent marcher ici ? 
Il y a l’obstacle foncier qui est spécifique à la Corse. J’ai l’impression que le système politique pousse à l’immobilisme là-dessus alors qu’il y a des solutions. On a eu des cas où il y a eu des dynamiques positives, mais ça suppose un état d’esprit d’entreprise positive et d’alliance entre la population de souche et les nouveaux arrivants.

Quelles sont les solutions concrètes que le collectif peut apporter pour le développement de l’île ? 
Aucune, on n’est pas opérateurs en Corse. Si vous voulez ce qu’on essaie d’amener et j’espère que ce sera quand même efficace, montrer qu’il y a des gens qui entreprennent des choses, qui innovent. On a des petites actions dont on va parler comme par exemple des gens qui ont mis en place une centrale avec des panneaux solaires sur des friches. Ils ont cotisé au niveau d’un village, ils sont devenus autonomes en électricité, on a des réseaux d’entraide pour les gens en difficulté, etc. Puis au niveau plus organisé, on peut avoir aussi des démarches de territoire qui se rassemblent, qui demandent quels sont les enjeux et qu’est-ce qu’on peut faire pour ça. 
Ici en Corse l’emprise du développement touristique est très importante et on voit qu’aux Pays basques par exemple les habitants se sont mobilisés pour obtenir une limitation des logements touristiques pour que les résidents puissent se loger. Alors on a énormément d’exemples comme ça et on va plutôt être sur le positif que sur l’analyse des espérances de tous les problèmes qui se posent. Le plus important c’est d’amener des idées et des pistes pour agir.