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Repérée en Corse, l'algue rouge envahit la Méditerranée et menace l'herbier de posidonie


M.V. avec AFP le Mardi 25 Janvier 2022 à 20:52

Quelque temps après son apparition en Corse, la Lophocladia lallemandiin, une algue rouge invasive et dangereuse, a été repérée au large du Var



Crédit photo Karine Leriselle - réseau BioObs
Crédit photo Karine Leriselle - réseau BioObs
Découverte il y a quelque temps en Corse, "l'algue rouge" n'a défrayé la chronique que la semaine dernière lors de son arrivée sur les côtes françaises du Var.
Malgré le fait que cette espèce invasive ait été repérée en novembre dernier, dans le site de plongée I Scuglietti, près d'Ajaccio, la communauté scientifique a tiré la sonnette d'alarme il y quelques jours seulement et informé la presse à propos de cette découverte scientifique qui est tout sauf rassurante.

En effet selon les chercheurs du parc naturel de Port-Cros la "Lophocladia lallemandii", espèce invasive et menaçante pour les herbiers de posidonie, aurait pris pied chez nous. Elle a été repérée il y a moins d'une semaine dans le Var à l’occasion d’une plongée dans le parc national de Port-Cros, pour vérifier l’état des grandes nacres, des coquillages géants décimés par une bactérie. Mais "ce n'est pas la première fois qu'on la repère en Méditerranée française, on l'a déjà vue en Corse, mais ça montre qu'elle s'étend", a déclaré à l'AFP Thierry Thibault, chercheur à cet institut selon lequel le réchauffement actuel des eaux méditerranéennes "a sans doute favorisé cette progression".  

La Lophocladia lallemandii n'est pas du tout une espèce nustrale. Originaire de la mer Rouge et de l’océan Indien elle a été transportée dans les eaux méditerranéens par les eaux de ballast des bateaux passant par le canal de Suez, dont l'agrandissement récent favorise encore ce phénomène. "Les espèces invasives sont aussi introduites en Méditerranée par l'aquaculture", a souligné M. Thibault, qui rappelle que mer Méditerranée est "la région du monde qui héberge le plus grand nombre d’espèces introduites".

Elle n’a pas de prédateurs

Deux études scientifiques ont déjà montré, selon M. Thibault, que la "Lophocladia lallemandii peut avoir un impact préoccupant sur les herbiers de posidonie", essentiels à l'écosystème marin car ils servent de nurserie aux poissons et de barrière contre l'érosion. "Elle va entrer en compétition avec l'herbier et le déstructurer", craint-il. L'algue n'a pas de prédateurs, puisqu'elle est "immangeable" pour les herbivores que sont les saupes (poissons) et les oursins.

Sensibiliser le grand public 

L'équipe de l'Institut méditerranéen d'océanologie de M. Thibault, qui avait déjà étudié en juin une algue venue du Japon et colonisant les Calanques de Marseille (rugulopteryx okamurae), a découvert plus récemment une dizaine d'hectares d'"Halophila stipulaceaune", une plante venue de l'Océan Indien, près de Cannes. "Sur l'invasion biologique, il va falloir passer au niveau supérieur en termes de sensibilisation", plaide le chercheur.
"Il faut informer le grand-public pour qu'il ne rejette pas en mer ses restes d'oursins ou d'huîtres", et renforcer la réglementation, "notamment en ce qui concerne les eaux de ballast des navires", qui peuvent contenir des milliers de microbes et d'espèces, estime-t-il. "Le risque est biologique à ce stade et pas humain, donc c'est plus dur de faire passer le message", regrette-t-il. L'algue rugulopteryx okamurae a elle toutefois déjà provoqué des malaises.