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Remise en cause du Vazziu et fin du GPL : L’inquiétude grandissante de la CGT Energie-Corse


José Fanchi le Lundi 19 Novembre 2018 à 17:10

Les salariés de la CGT énergie ont tenu le pavé ce dimanche à Ajaccio. Ils s’inquiètent de l’avenir énergétique de l’île et plus particulièrement du projet de redimensionnement de la centrale du Vazzio et de la remise en cause du GPL en Corse. Des emplois seraient en danger et ils entendent informer la population sur l’avenir funeste que va connaître la Corse.



Le secteur énergétique de la Corse traverse une période de crise sans précédent, avec la remise en cause de la future centrale du Vazziu et la fin du GPL. Raison pour laquelle le maintien du groupe Engie, exploitant des réseaux de « gaz de ville » est loin d’être garanti.

Ce dimanche, la CGT Energie a tenu une conférence de presse sur le parking d’EDF à Ajaccio, le syndicat a évoqué un projet de redimensionnement de la nouvelle centrale du Vazzio :

 « Si des décisions ne sont pas prises rapidement pour renouveler cette centrale, nous risquons d’arriver à un clash énergétique tel qu’on l’a connu en 2005 », prévient Xavier Nesa, secrétaire général de la CGT énergie.  I »l est très inquiet de la tournure que prennent les choses et n’hésite pas à s’exprimer sur un sujet qui ne tardera certainement pas à devenir brûlant dans les semaines et les mois à venir. ».

 

Perte de 10 millions et des emplois menacés

 

Déterminé, très sûr de lui, Xavier Nesa poursuit 

« Les concessions de gaz d’Ajaccio et Bastia doivent être renouvelées par voie d’appel d’offre au cours des deux prochaines années. Nous n’avons de cesse depuis plusieurs mois voire plus, de dénoncer le fait qu’Engie, la société qui exploite le gaz pour les villes d’Ajaccio et de Bastia, veuille se retirer compte tenu du fait que cette exploitation engendre un déficit structurel de 10 millions d’euros par an. Tous les acteurs ont été interpellés, ainsi que les maires d’Ajaccio et de Bastia qui nous soutiennent dans notre démarche. Nous avons également rencontré la préfète de Corse il y a quelques semaines, laquelle nous avait laissé entendre qu’Engie se positionnerait sur cette offre, alors qu’aujourd’hui ce n’est plus le cas. Cela signifie clairement  qu’Engie va se retirer et laisser sur place 81 emplois dans l’entreprise et surtout plus de 400 emplois à l’externe. Voilà où nous en sommes… »

 

 

Vous êtes des employés d’EDF, donc pas de problème à ce niveau là ?

Certes, mais en ces termes là, au bout de la procédure, si Engie venait à se retirer, notre organisation syndicale demanderait la réintégration des effectifs. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Nous sommes entrés dans un processus de rapport de force avec les pouvoirs publics et l’entreprise, de manière à pouvoir inverser les choses. Que les responsables sortent un peu du bois et apportent des explications. Si demain, le gaz devait disparaître du paysage énergétique corse, cela entraînera la mise en place d’autres productions électriques et cela a un coût pour palier à ce déficit d’énergie. »





 

 


 

 Les principales revendications, quelles sont-elles ?

 

« Nous demandons bien entendu à ce que les 81 salariés restent au sein de l’entreprise. Au départ, en 2004, les entreprises ont été séparées, GDF est devenu GDF-Suez et devenu aujourd’hui Engie. Deux entreprises qui sont en concurrence… Mais aujourd’hui nous sommes obligés de passer par voie d’appel d’offre et les emplois sont en jeu, sans oublier les entreprises externes. Je pense que ce serait une catastrophe sociale pour l’île. »

 

La remise en cause du GPL 

 

Autre revendication : après une rencontre avec la directrice de l'énergie au ministère de la Transition Écologique, le secrétaire général de la CGT énergie explique que c’est l’annonce de Madame Schwarz, directrice de l’énergie au ministère de la Transition Ecologique  et Solidaire  qui remet en cause le GPL en Corse, à l’horizon 10 ou 15 ans, pour une disparition totale. A ce niveau, 160 emplois seraient concernés

« Cela signifie la disparition des emplois externes et des entreprises, la fin du gaz dans les foyers. Qui prendra en compte les financements de la rénovation des foyers qui n’auront plus d’eau chaude et de chauffage au gaz ?  Il faudra compter environ 15 à 20 000 euros pas foyer ! Qui va prendre cela en charge ? Quels moyens de production on met en place ? »

 

Le Vazziu aussi ?

 

En ce qui concerne l’usine du Vazziu, il est prévu que dans les années à venir elle fonctionnerait au gaz naturel.  Donc non polluante. Les pouvoirs publics remettent en cause ces fondements. D’abord par le GPL comme expliqué plus haut, ensuite il y avait un projet au gaz naturel pour les deux centrales de Lucciana et d’Ajaccio. Ce projet est remis en cause aujourd’hui, par l’intermédiaire de Virginie Schwarz parce que trop couteux (Nicolas Hulot est passé par là !), et surtout difficile à mettre en œuvre. 

Donc, on laisse tomber et on cherche un plan B ?

Ce serait, parait-il, l’installation d’une grosse barge au large d’Ajaccio pour alimenter en gaz la centrale. En fait, ce qui est remis en cause c’est la puissance. Le courrier de l’ancien ministre Hulot a d’ailleurs été adressé à Gilles Simeoni, le président du Conseil Exécutif, avec le redimentionnement de la centrale. Ce qui avait été prévu, c'est-à-dire 250 000 mégawats, est en train d’aboutir pour permettre, dans trois ans, de satisfaire la demande. Le projet, tel qu’il est remis en cause par le fameux courrier, nous avons des demandes et cela  nous obligerait forcément à repartir sur un nouvel appel d’offre qui prendra deux années. Deux ans de retard en plus…A cet horizon là, les demandes vont se croiser. Cela est arrivé en 2005, avec les conséquences et le clash énergétique que l’on a connu. Les Corses ne pardonneraient pas aux pouvoirs publics un tel retour à la case départ, ces mauvais choix qui entraineraient une rupture de fourniture d’énergie. Le risque est bien là ! »

 

Votre position ?

« Nous demandons à ce que la centrale soit construite comme cela avait été prévu dans le cadre de la PPE, le plus rapidement possible, pour pouvoir palier à la demande à l’horizon 2023. »

 

Propos recueillis par José FANCHI