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Réforme du Capes : un nouveau « coup dur » pour la langue corse ?


Julia Sereni le Lundi 15 Février 2021 à 16:57

Le ministère de l’Education nationale a publié le 25 janvier dernier un arrêté modifiant les épreuves du Capes de corse. Une nouvelle réforme qui inquiète : réunis au sein d’un collectif, le STC Éducation, l'AILCC, l'APC, le SNALC et Parlemu corsu se mobilisent contre ce qu’ils considèrent comme un nouveau « coup dur » porté à la langue corse.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
« Basta cusì ! », c’est le cri de colère lancé par Ghjiseppu Turchini, président de l'associu di l'insignanti di lingua è cultura corsa (AILCC), devant le rectorat d’Ajaccio. En cause : un arrêté publié le 25 janvier dernier par le ministère de l’Éducation nationale qui modifie sensiblement les épreuves du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (Capes).

​Une inversion des coefficients entre langue corse et français

« Nous assistons à une inversion du système de coefficients entre corse et français » explique l’enseignant. En effet, à partir de 2022, le coefficient affecté à la langue corse passera de 7 à 4, et celui du Français de 4 à 8. « Nous ne pouvons l’accepter » lance Ghjiseppu Turchini. « Le Capes ce n’est pas le strict minimum, le ‘SMIC’ pour enseigner » dénonce Jean-Pierre Luciani du STC éducation.

​Une série « d’agressions et de régressions »

Pour le collectif, cette dernière « attaque » s’inscrit dans une série « d’agressions et de régressions » à l'encontre des langues régionales. « Les réformes du collège et du lycée ont déjà porté un coup qui peut être fatal à la langue corse » estime Ghjiseppu Turchini. Des réformes qui tombent mal : « Nous étions en train de recueillir quelques fruits et à avoir des résultats sur le terrain et c’est le moment que le ministère a choisi pour réduire comme peau de chagrin la place du corse » déplore t-il.

​Trois heures d’entretien avec la rectrice

Des doléances que le collectif a pu exposer à la rectrice de Corse Julie Benetti. Après trois heures d’entretien, le secrétaire national STC-Éducation reste prudent : « Nous avons demandé à ce que l’ensemble des épreuves du Capes se déroulent en langue corse. Je ne peux pas dire que nous avons été entendus mais la rectrice a promis de faire remonter nos propositions au ministère ».
 
De son côté, Julie Benetti tient à mettre les points sur les « i ». Pour la rectrice, « les épreuves du Capes de langues vivantes doivent permettre d’apprécier bien sûr les compétences linguistiques des candidats, la maîtrise de leur discipline, mais aussi leur capacité à enseigner : on ne recrute pas seulement des linguistes, on recrute des professeurs dont le jury doit vérifier l’aptitude à concevoir et animer une séquence d’enseignement, à se projeter dans le métier de professeur, à transmettre les valeurs de la République. A aucun moment, la langue corse ne disparaît des épreuves : au contraire elle y figure comme langue lue, écrite et parlée, et plus encore comme langue valorisée dans le parcours du candidat. »

Vers une mobilisation dans les prochains jours ?

Mais le collectif entend bien pousser le ministère à revoir sa copie. « Nous exercerons une pression plus forte pour établir un rapport de force. Nous allons demander à la collectivité de Corse de jouer son rôle politique, à l’université aussi ». L’idée d’une mobilisation pourrait-elle faire son chemin ? « Pourquoi pas, nous y sommes favorables si elle est élargie à l’ensemble de la société » conclut Jean-Pierre Luciani.