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Récolte de miel 2025 : une saison morose pour les apiculteurs corses


Léana Serve le Samedi 25 Octobre 2025 à 18:30

En Corse, la récolte du précieux nectar en 2025 connaît une nette baisse dans de nombreuses micro-régions. Pour les professionnels, la situation semble devenir de plus en plus instable, entre aléas climatiques et apparition de nouvelles menaces comme le frelon asiatique.



Photo d'illustration : Mario Grazi
Photo d'illustration : Mario Grazi

En Corse, l’année 2025 a été particulièrement éprouvante pour la récolte de miel. Dans la plupart des micro-régions de l’île, les apiculteurs constatent une baisse marquée de leur production. Si certains territoires ont été épargnés, ailleurs, les conditions météo ont fortement perturbé les floraisons et les miellées. « Le bilan est plutôt mitigé », résume Matteo Tristani, président de l’AOP Miel de Corse. « Dans le nord de l’île, en Balagne, ou encore dans le centre Corse, le Nebbiu, certains s’en sortent un peu mieux. Mais dans des zones comme la région ajaccienne ou le Sartenais, c’est très mauvais. La production est bien inférieure aux années précédentes. »
 

Des écarts qui s’expliquent en grande partie par les précipitations, tombées de façon très inégale sur le territoire. « Je pense que certaines régions ont peut-être eu des pluies quand il le fallait et ont réussi à tirer leur épingle du jeu. » La canicule du mois de juin a aussi durement frappé certaines miellées essentielles, comme celle du châtaignier. « Avec la grosse canicule qu’on a eu, où les températures ont dépassé les 40°C, les fleurs ont complètement été brûlées. Au lieu de durer une dizaine ou une quinzaine de jours, la miellée n’a duré que trois jours. On va dire que globalement, dans l'ensemble de l'île, ça n’a pas été une bonne année », poursuit Matteo Tristani.
 

Une filière de plus en plus instable face au changement climatique
 

Pour les apiculteurs corses, les mauvaises années semblent se répéter. Mais surtout, elles deviennent de plus en plus imprévisibles. « On est passés d’une apiculture plutôt stable à une activité instable et anxiogène », souligne Matteo Tristani. « C'est une baisse continue depuis une bonne dizaine d'années avec dans cette diminution des gros pics de récolte sur certaines miellées suivant les années. Ça veut dire qu’il y a des années où on va faire de vraies belles collectes sur certaines miellées, et l'année d'après, on va être très bas pour le même miel. Nous sommes passés d'une apiculture où la production était linéaire à aujourd'hui où les variations d'une année sur l'autre sont très fortes. »
 

Un changement  en grande partie dû à l’évolution du climat. Les hivers doux, les périodes de sécheresse prolongées et les pluies mal réparties dans le temps perturbent profondément le rythme des colonies. Ces conditions fragilisent les ruches, augmentent le travail des apiculteurs et mettent parfois en danger les colonies. « Avant, une ruche était autosuffisante pendant la saison. Aujourd’hui, si on ne surveille pas régulièrement, les  mauvaises surprises  peuvent être nombreuses», alerte le président de l’AOP. « Certains apiculteurs peuvent se faire surprendre et avoir des ruches qui peuvent presque mourir de faim ou une colonie qui devient plus sujette à avoir des maladies. Il faut aller souvent dessus, les nourrir et les traiter comme il faut : ça demande beaucoup plus de travail qu'avant. »
 

De nouvelles menaces à venir
 

En plus des conditions climatiques, une nouvelle menace pèse désormais sur les ruches corses : le frelon asiatique. Deux cas ont déjà été signalés du côté d’Ajaccio, et l’inquiétude est bien réelle chez les professionnels. « Nous avons toujours l'espoir de détruire de nouveaux nids. J'espère qu'on va y arriver rapidement. Par contre, c'est en effet un danger supplémentaire, puisque les abeilles sont sa première nourriture, il est très vorace. Une ruche attaquée par un frelon asiatique, va se mettre en mode défense et les butineuses ne sortiront plus pour récolter. Ça peut durer des jours, et on passe à côté encore de miellées,. De plus, des ruches peut-être un peu plus faibles vont mourir parce que le frelon asiatique va réussir à les tuer. »

En cette fin d’année, les regards sont aussi tournés vers une miellée décisive : celle de l’arbousier, récoltée entre novembre et décembre. Un miel crucial pour les apiculteurs, non seulement en termes de production, mais aussi pour aider les abeilles à passer l’hiver. « Quand la ruche en produit beaucoup, elle est  préparée pour la saison d'après.  Ainsi, les colonies sont plus fortes au printemps. Là, c'est très sec dans une bonne partie de l'île, donc j'ai bien peur que le miel d'arbousier ne soit pas très abondant cette année. »

En cas d’absence de production, les apiculteurs devront alors redoubler d’efforts pour préparer leurs ruches à la saison prochaine. « On va devoir redoubler de travail et être davnatage attentif. Il en va de la survie de nos colonies pendant l'hiver. C'est un cap important aussi pour bien entamer le printemps prochain. Mes craintes sont importantes pour cette dernière miellée de 2025. Ce sera forcément un problème  pour la future saison des apiculteurs. »