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Projets de loi sur la fin de vie : qu’en pensent les députés corses ?


Christophe Giudicelli le Lundi 12 Mai 2025 à 20:36

L’Assemblée nationale examine depuis lundi 12 mai 2025 deux propositions de loi sur la fin de vie, l’une consacrée au développement des soins palliatifs, l’autre à la légalisation encadrée de l’aide à mourir. Face à ce texte de société aux implications profondes, les députés corses François-Xavier Ceccoli, Michel Castellani et Paul-André Colombani se montrent à la fois attentifs, réservés et soucieux d’éviter toute dérive.



Une séance dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale - © Assemblée nationale
Une séance dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale - © Assemblée nationale

Un an après une première tentative avortée par la dissolution de l’Assemblée nationale, le débat sur la fin de vie a repris ce lundi 12 mai avec l’examen de deux textes distincts et dépasse déjà les clivages habituels. Deux textes sont à l’ordre du jour : une proposition de loi consensuelle sur les soins palliatifs, et une autre plus controversée, ouvrant la possibilité, à certaines conditions strictes, d’une aide active à mourir. « Comment traitons-nous la vie qui prend fin ? » a interrogé la ministre du Travail et de la Santé Catherine Vautrin en ouvrant les débats. « Notre droit, aujourd’hui, ne répond pas à toutes les situations », a-t-elle poursuivi.  « Même avec une prise en charge exemplaire, certains patients restent confrontés à des douleurs réfractaires et à une perte d’autonomie insupportable à leur dignité », a-t-elle déclaré, en appelant à une « réponse humaine à une souffrance humaine ». 
Si certains malades, malgré un accompagnement exemplaire, continuent de subir des souffrances insupportables, une réponse nouvelle est nécessaire. Le texte propose que le patient, en pleine capacité de discernement, puisse demander une aide à mourir s’il est atteint d’une affection grave et incurable, en phase avancée ou terminale, et qu’il subit des souffrances insupportables. Le recours à cette aide serait encadré, mais c’est précisément sur ce point que de nombreuses voix s’élèvent, craignant un glissement ou une interprétation trop large du texte.


Un texte qui divise dans chaque groupe politique
« C’est une décision lourde de responsabilités », indique François-Xavier Ceccoli, député de la deuxième circonscription de la Haute-Corse. S’il reconnaît que certaines situations humaines exigent écoute et compréhension, il reste très réservé quant à l’état actuel du texte. Membre du groupe La Droite Républicaine, il affirme ne pas avoir arrêté sa position définitive, précisant que « tout dépendra du texte qui sortira des débats ». Il pointe néanmoins des modifications inquiétantes apportées en commission. Selon lui, le texte a été « dénaturé » : « Le diable se cache dans les détails  mais aussi dans le vocabulaire », alerte-t-il. Il regrette notamment la disparition de la notion d’irréversibilité, et la présence de formulations qu’il juge floues sur le plan temporel. « On connaît la perversion de certaines lois, attention au choix des mots. » Pour lui, il existe déjà dans la législation la possibilité de recourir à la sédation profonde et continue : « Il ne faut pas être entraîné vers là où l’on ne veut pas aller. »

De son côté, Paul-Andre Colombani, député de la deuxième circonscription de la Corse-du-Sud et médecin, n’a pas d’avis arrêté. Le député LIOT dit « attendre de voir ce qui sortira des débats », tout en expliquant que « si les soins palliatifs sont bien faits, on n’a pas besoin de beaucoup modifier la loi.». Cette nouvelle proposition de loi permettrait selon lui: « d’ouvrir un petit peu ce qu’on n’arrive pas à traiter en soins palliatifs, comme par exemple les patients atteints par la maladie de Charcot. Dans le cas de cette maladie, la législation actuelle permet de dire : “je ne me soigne plus”, mais vous n’avez pas le droit de raccourcir votre vie. » Si, pour Paul-André Colombani, cette loi relative à l’aide à mourir est une solution dans certains cas, il alerte lui aussi sur les dérives possibles qui pourraient découler du texte final : « Certaines évolutions qui ont vu le jour en Belgique, je ne suis pas certain d’être prêt à les voter. Je n’ai pas envie qu’il y ait des ouvertures pour parler d’euthanasie chez les enfants. En Belgique, si vous êtes dépressif, votre demande peut être étudiée. »


La question du suicide assisté est un choix personnel, fait de croyances, de convictions et de rapports à l’humain propres à chacun. Pour Michel Castellani, député LIOT de la 1re circonscription de la Haute-Corse : « La question divise dans chaque groupe. C’est une loi très personnelle, elle n’est pas strictement politique comme peut l’être une loi budgétaire. » Lui aussi attend de connaître la version finale avant de se prononcer. « C’est une loi qui est appelée à être débattue, il y a des milliers d’amendements. On ne sait pas ce qu’il y aura à la fin. » Le député estime faire partie de ceux qui considèrent que « lorsqu’arrive un moment où il y a trop de souffrance et plus de perspectives, il faut en tenir compte, mais dans un cadre strictement médical et avec de fortes garanties de sécurité ». Michel Castellani insiste : « Il y a quand même des abus potentiels dans cette loi. Il faut des garanties très fortes sur le plan éthique et sur celui de la sécurité. Je regarderai beaucoup l’aspect sécuritaire. »