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Présidence de la chambre régionale de métiers de Corse : deux candidats pour un fauteuil


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 10 Août 2021 à 18:53

Les près de 18 000 artisans de Corse sont appelés aux urnes début octobre pour élire le nouveau président de la Chambre régionale de Métiers et d'Artisanat de Corse. Un seul fauteuil et deux candidats. L'un est l'actuel président régional, Jean-Charles Martinelli, l'autre, François-Marie Ottaviani, est son prédécesseur mais tous deux ont présidé une chambre départementale entre 2016 et 2021. Une élection d'une grande importance pour cette chambre régionale qui est à un tournant crucial de son histoire, entre nouvelles missions et abandon des chambres départementales.



La chambre de métiers et d'artisanat régionale aura son nouveau président et son nouveau bureau fin octobre 2021. Archives CNI
La chambre de métiers et d'artisanat régionale aura son nouveau président et son nouveau bureau fin octobre 2021. Archives CNI
Du 1er au 14 octobre 2021, les artisans corses sont appelés à élire leurs représentants au sein de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA) régionale. Une élection inédite puisque depuis janvier 2021, les deux chambres départementales n’existent plus et la présidence de la chambre régionale avait été assurée à tour de rôle par Jean-Charles Martinelli et François-Marie Ottaviani, anciens présidents des chambres de Haute-Corse et de Corse-du-Sud entre 2016 et 2021

Cette année, seul le fauteuil de président régional est à prendre. Un seul fauteuil et deux candidats pour l’instant. D’un côté Jean-Charles Martinelli et de l’autre François-Marie Ottaviani ont officialisé leur candidature. Les deux candidats ont livré simultanément leurs ambitions et projets pour le futur de la chambre régionale . L’heureux élu aura, pendant 5 ans, la charge de présider l’ensemble des 18 000 artisans de Corse.

 

François-Marie Ottaviani, la force de 25 ans d’engagement pour l’artisanat

L’ancien président de la chambre de Corse-du-Sud, a obtenu l’investiture de l’Union des Entreprises de Proximité (U2P), après avoir réussi la primaire. Pour lui, la priorité se situe dans un premier temps sur « la relance des entreprises ayant souffert de la crise et leur pérennisation ». L’homme veut « un véritable plan économique et social pour la Corse », passant par un plan de relance respectant les spécificités insulaires, dans la lignée du plan Rilancia de la Collectivité de Corse.

Sur le plus long terme, la stratégie à adopter est celle du pari « sur la jeunesse et le rural ».
Pour François-Marie Ottaviani il faut favoriser l’installation des artisans dans le rural en déployant des moyens techniques plus modernes comme la 5G et que ces artisans disposent d’un statut fiscal particulier prenant en compte la ruralité. Mais le travail doit également être fait à la source, pendant la formation des jeunes. « Il faut continuer à développer l’offre des formations des CFA (Centre de Formation des Apprentis) en se basant sur les besoins réels des entreprises artisanales et sur leurs compétences » explique François-Marie Ottaviani.



Point commun entre tout cela, la place des organisations professionnelles et des syndicats tels que l’U2P. « Ils doivent participer à l’élaboration de notre stratégie car ce sont des gens de terrain, et toutes les personnes présentes sur ma liste viennent de ces organisations » pour François-Marie Ottaviani. 

Jean-Charles Martinelli, tragulinu au plus près du terrain

Jean-Charles Martinelli a officialisé sa candidature ce mardi 10 août. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Jean-Charles Martinelli a officialisé sa candidature ce mardi 10 août. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
L’actuel président régional a défendu son bilan malgré un court mandat marqué par la crise sanitaire. Il a pris les rênes de la chambre régionale en juillet 2019 après avoir assuré la présidence de celle de Haute-Corse entre octobre 2016 et janvier 2021.
Ce mardi 10 août 2021, il a officialisé sa candidature et présentera sa liste début septembre à Vizzavona, « un lieu emblématique ». Dans celle-ci, des personnes qui l’ont accompagné dès le départ et surtout un caractère apolitique. « Mon parti, c’est l’artisanat » martèle-t-il, ouvrant la porte à des personnalités de tous bords politiques et surtout, il le souligne, « représentant l’ensemble du territoire ». Même si son adversaire a obtenu l’investiture de l’U2P, « des personnalités importantes de cette organisation professionnelle feront partie de ma liste » précise-t-il. Pour lui, il faut voir plus loin, « l’U2P ne représente pas l’ensemble de l’artisanat corse ».

Mais concrètement, quelle est sa feuille de route ?
Premièrement, il faudra continuer dans la droite lignée de la régionalisation des chambres. « Nous continuerons à renforcer cette chambre régionale construite en 6 mois et résultant de la fin des chambres départementales » commence Jean-Charles Martinelli. Pour cela, il compte sur les liens forts crées avec d’autres institutions telles que la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) et la Collectivité de Corse.

Outre les relations au sommet des institutions insulaires, il veut garder les pieds sur terre et faire la part belle au monde rural. Première étape, « élargir la couverture 4G puis 5G pour que les artisans dans le rural puissent toucher un plus grand bassin d’activité ». Puis, continuer à jouer la carte de la proximité en se rendant auprès des artisans. « Un projet de structure ambulante est à l’étude. C’est mon côté tragulinu qui ressort » plaisante-t-il avant de mettre en avant la nécessité d’un statut fiscal spécifique pour ces artisans : « Nous travaillons déjà avec la Collectivité de Corse pour un accompagnement ciblé pendant les trois premières années suivant la création d’une entreprise dans le rural ».

Autre point important : la formation des apprentis. Pour Jean-Charles Martinelli, il faut renforcer les pôles de formation « en créant de nouvelles filières adaptées aux besoins du monde du travail ». Trois d’entre elles ont déjà vu le jour, spécialisées dans le travail de la pierre, du bois et du fer. Mais surtout se donner les moyens de ses ambitions en régionalisant le CFA Amparà situé à Ajaccio, seul CFA appartenant à la CMA régionale. Celui de Bastia disposant d’un statut particulier, il n’est pas géré par la chambre consulaire. Le cap est fixé, Jean-Charles Martinelli veut « réunifier les deux CFA ».

L’actuel président voit plus loin. Au-delà des frontières maritimes. Il veut continuer à renforcer les partenariats déjà existants avec le Maroc et le Japon et pourquoi pas en créer d’autres. « Dès que la crise sanitaire sera passée » soupire Jean-Charles Martinelli.
 
Tous deux s’attendent à une âpre bataille d’idées marquée par le sceau de la courtoisie et l’envie de faire avancer l’artisanat corse.