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Pourquoi l’accès aux urgences de l'hôpital de Bastia sera filtré dès le 15 juillet ?


Léana Serve le Jeudi 10 Juillet 2025 à 15:14

Face à l’afflux estival et à la saturation régulière du service des urgences, le centre hospitalier de Bastia met en place, à compter du 15 juillet, un dispositif inédit en Corse. Désormais, l’accès aux urgences sera conditionné à un appel préalable au centre 15. Ce dispositif, renforcé par une unité mobile paramédicale, vise à mieux orienter les patients vers des structures de soins adaptées.



Le centre hospitalier de Bastia a présenté les modalités de l'accès régulé aux urgences
Le centre hospitalier de Bastia a présenté les modalités de l'accès régulé aux urgences

“L’objectif est de réduire l’engorgement des urgences qu’on connaît tous les ans et qui nous met en difficulté.” Au lendemain de la conférence de presse de l’Agence régionale de santé de Corse, qui a officialisé la mise en place d’un accès régulé au service des urgences de l’hôpital de Bastia, c’est au tour du centre hospitalier de détailler les contours de ce dispositif inédit sur l’île. Ce jeudi matin, Christophe Arnould, directeur de l’établissement, entouré du Dr Laurent Amadei, chef de service au SAMU et SMUR 2B, de Mélanie Marongin, cadre du pôle inter-établissements urgences / réanimation et soins intensifs, du Dr Paul Mercury, chef de pôle inter-établissements urgences / réanimation et soins intensifs, et du Dr Frédéric Sabiani, président de la commission médicale d’établissement, a précisé les modalités de cette organisation qui entrera en vigueur du 15 juillet au 30 septembre.

Concrètement, toute personne souhaitant accéder aux urgences devra au préalable appeler le centre 15. “Avec cet appel, on va pouvoir déterminer le degré d’urgence et les mesures à mettre en place”, détaille le Dr Laurent Amadei. “Si votre état de santé ne nécessite pas une consultation aux urgences, par exemple en cas d’infection urinaire, qui peut être traitée en maison médicale, on vous donnera un rendez-vous dans la journée ou le lendemain si vous appelez hors période d'ouverture d’une maison médicale. Pour une situation d’urgence, en revanche, on enverra une équipe médicalisée, les pompiers ou une ambulance, selon le degré d’urgence. Disponible 24h/24 et 7j/7, il permettra d’orienter le bon patient au bon endroit et au bon moment.”

Pour les patients qui se présenteraient d’eux-mêmes à l’entrée des urgences, sans avoir contacté le 15, un accompagnement sera prévu. “À l’accueil, les patients qui se présenteront spontanément seront tout de suite orientés vers la démarche à suivre. Un téléphone dédié sera mis à disposition, et un agent pourra assister les usagers lors de l’appel au centre, en leur précisant les étapes à suivre et les délais de réponse”, précise Mélanie Marongin. “Et puisque nous sommes en pleine saison touristique, nous pouvons faire appel à une société d'interprétariat, qui sera un appui dans la traduction et dans la facilitation des parcours pour les étrangers.”
 
Avec cette mesure, l’hôpital espère désengorger un service souvent saturé, notamment durant l’été, période de forte affluence touristique. “Chaque été, environ 140 à 150 patients se présentent quotidiennement aux urgences de Bastia. Parmi eux, près de la moitié sont déjà orientés en amont par le centre 15, même si le dispositif d’accès régulé n’est pas encore officiellement en place. L’objectif, à partir du 15 juillet, est de réguler également l’autre moitié, soit 70 à 80 usagers supplémentaires chaque jour, avant leur venue aux urgences. Avec ce dispositif, on s’attend à une baisse de 15 à 20 % du nombre de passages aux urgences, ce qui concernera les motifs de consultation jugés les plus aptes à être pris en charge dans une structure moins lourde que l'hôpital”, explique le Dr Frédéric Sabiani.
 

Une unité paramédicale et une nouvelle orientation des patients
En parallèle de la régulation téléphonique, le centre hospitalier de Bastia mettra également en place une unité mobile paramédicale dès le 1er août. Une nouveauté qui doit permettre de répondre plus efficacement aux situations ne nécessitant pas l’intervention immédiate d’un médecin urgentiste. “Il s’agira de faire intervenir des infirmiers formés sur certains types d’interventions primaires”, détaille Mélanie Marongin. “L’objectif est de proposer à la population une prise en charge préhospitalière qualifiée, ainsi qu’une continuité et une sécurisation des prises en charge pour les patients en détresse vitale. Le but est d’éviter certains passages aux urgences en envoyant une équipe pour lever le doute, par exemple en cas de douleur thoracique. C’est vraiment une libération du temps médical pour adapter les soins aux patients.”
 

Des dispositifs qui s’accompagnent d’une volonté forte : sensibiliser les habitants et les touristes aux alternatives aux urgences, encore trop peu connues. “Le pic d’affluence aux urgences, en période estivale, se situe entre 18h et 23h. Dans cette tranche horaire, on estime que 70 % des patients pourraient bénéficier d’une autre prise en charge”, indique le Dr Laurent Amadei. “Mais il faut aussi se mettre à la place de ces gens, qui peuvent se sentir démunis et ne pas savoir où se présenter”, précise le Dr Frédéric Sabiani. “C’est la conséquence d’un manque de visibilité de l’offre de soins et de sa répartition sur le territoire. Avec ce système, on espère pouvoir répartir les usagers de façon plus efficace, en utilisant tous les liens dont on dispose dans le département. Au niveau national, la SFMU évalue à 20 % le nombre de passages aux urgences parce que les patients ne connaissent pas de solution en ville.”

Pour faire connaître ce nouveau fonctionnement, une campagne de communication sera menée avec le soutien de l’Agence régionale de santé. Elle ciblera notamment les points d’entrée du territoire, comme les ports et les aéroports, pour toucher au plus tôt les vacanciers. “Il y a un développement des maisons médicales de garde, ce qui n'était pas le cas il y a cinq ou dix ans, mais il y a aussi un manque de connaissances de la part de la population pour ce type de consultations. La mise en place de l'accès régulé va permettre d’informer la population que des structures de recours existent, et de les informer sur leurs modalités d’accès. Pour nous, l’objectif reste d'optimiser les parcours patients, et surtout d'améliorer toutes les conditions d'accueil des patients”, conclut Christophe Arnould.