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Plus de 200 personnes mobilisées contre le projet de Ghjuncaghju


Jean-Paul-Lottier le Samedi 11 Juillet 2020 à 12:28

Plus de 200 personnes ont répondu ce samedi matin à l'appel au rassemblement de l'association "Tavignanu Vivu" en réponse à l'arrêt de la Cour administrative d'appel de Marseille validant le 3 juillet dernier la décision en 1ère instance du Tribunal administratif de Bastia d'enfouir des déchets sur le site de Ghjuncaghju,



L'intervention de JF Bernardini
L'intervention de JF Bernardini

Dès 9h30 ce samedi matin il y avait foule au lieu-dit  "Fajo" sur le RT50, à l'endroit précisément où doit être implanté le site du Centre d'Enfouissement de Ghjuncaghju autorisé en première instance par le Tribunal Administratif de Bastia et confirmé e'n appel le 3 juillet dernier par le Tribunal administratif de Marseille.
Au jour de cette décision, la porte-parole du Collectif "Tavignanu Vivu" Brigitte Filippi  réagissait dans les colonnes de CNI, précisant que cette décision du TA de Marseille  portait bien évidemment  un coup rude mais que nul n'était abattu et que jusqu'au bout tous se battraient contre ce projet. Elle ajoutait que les instances allaient étudier ce rapport avant d'entamer des démarches, notamment en Conseil d'État mais aussi pour prévoir un rassemblement "in situ". 


A l'abri de parasols, munis de bouteilles d'eau, ils étaient donc plus de 200 ce matin à dire nom à ce projet de Centre d'Enfouissement Technique.
Parmi eux, on reconnaissait notamment le chanteur Jean-Francois Bernardini  à la tête de l'association Umani, Jean-Félix Acquaviva, Député de la Corse, Léo Battesti, plusieurs représentants d'associations environnementales....


Perchée sur une palette, Brigitte Filippi prenait la parole pour remercier toutes celles et tous ceux qui ne veulent pas de ce projet et qui ont répondu à l'appel du Collectif 'Tavignanu Vivu" pour témoigner de leur soutien et de leur solidarité
" Nous sommes là pour  répondre aux services de l'État et aux instances qui décident de notre sort et que la population toute entière ne veut pas de ce projet de Centre d'Enfouissement mais aussi pour dire que t la marmite ne fait que bouillir de plus en plus et qu'il est grand temps que chacun en prenne conscience. 
J'espère que ce rassemblement aura un effet positif sur notre futur combat  juridique qui va être devant le Conseil d'État Nous avons de votre soutien. N'hésitez pas à vous faire entendre, à partager sur les réseaux sociaux afin que notre cause soit entendue partout et notamment dans les hautes sphères à Paris.
Nous n'hésiterons pas si besoin à nous déplacer dans la Capitale"


Jean-Francois Bernardini enchaînait : " On veut tuer notre deuxième fleuve de Corse, U Tavignanu. Quelqu'iun a  que l'obligation de subir les conséquences nous donne le droit de se lever, nous donne le droit de savoir. N'est-ce pas là un devoir d'être là aujourd'hui?
Il n'y a rien de plus urgent d'être là ensemble aujourd'hui.
Les dites instances juridiques et républicaines qui doivent nous protéger ne semblent pas, ou pas encore réussir à empêcher le pire, au contraire, pour le moment elle lui ouvre le chemin. Après le TA de Bastia, la Cour d'Appel administrative de Marseille  a tranché. Au mépris de la décision préfectorale de 2016, au mépris de la Collectivité de Corse, au mépris  du vote de la Com Com de l'Oriente contre les intérêts citoyens et ceux de nos enfants. Dans une irresponsabilité écologique ahurissante, les tribunaux viennent d'autoriser la Société Oriente Environnement  à ouvrir et exploiter deux exploitations de stockage de déchets dont surtout parmi elles  1 300 000 tonnes de terres amiantifères sur la commune de Ghjuncaghju
 et en plus  sur des terres agricoles". Et de poursuivre: 


"On veut tuer le deuxième fleuve de Corse U Tavignanu"

" Aujourd'hui c'est-le peuple qui fait appel, c'est peut-être aussi le Tribunal de nos enfants, de nos petits-enfants qui nous convoque tous. Et c'est aussi çà ce Tribunal là que nous serons jugés un jour.
Partout sur le planète on s'efforce de préserver l'eau, de préserver l'eau potable, les nappes phréatiques qui sont notre première source de vie. Partout sur la planète entière on s'inquiète des ressources en eau. En Corse le débit des fleuves a déjà diminué de 20 à 30%. Ce déclin ne va pas s'arrêter. Face à ces réalités alarmantes nous ne sommes pas prêts à assister passivement au spectacle révoltant, au spectacle scandaleux de tribunaux qui donnent leur aval pour injecter dans le deuxième fleuve de Corse, c'est à dire dans le cordon ombilical  de notre terre, des milliers de  tonnes de déchets et poisons pendant 30 ans. Les juges qui ont pris cette décision à Bastia et à Marseille, les avocats qui ont argumenté ce choix, Me Vinilo le défenseur de ce projet sont-ils conscients du poids d'un tel jugement. Sont-ils conscients de leur responsabilité  face au générations d'aujourd'hui et de demain, face à cette catastrophe écologique programmée".


Le député Jean-Félix Acquaviva s'engage à interpeller la nouvelle ministre de l'Ecologie sur ce projet 

Léo Battesti fustigeait à son tour ceux qui cautionnent ce projet de Centre d'Enfouissement des déchets: "Le pire ce sont tous les dénis , ce sont tous les silences, tous ces gens qui regardent ailleurs, qui ne sont pas là aujourd'hui alors que ce devrait eux les premiers à se battre pour défendre les intérêts de notre jeunesse"
Jean-Félix Acquaviva député de la Corse se réjouissait çà son tour de voir le peuple présent, le peuple debout pour défendre cette cause.
Avec le changement de gouvernance au Syvadec, "Je pense et je souhaite que ce sera l'occasion radicale sur la gestion des déchets, sur l'économie circulaire et à fortiori sur le Centre de Ghjuncaghju pour que l'on puisse avoir un acteur franc, clair, aux côtés de ceux qui se mobilisent pour un nouveau modèle de société et contre ce projet" .
Et de conclure en faisant allusion au récent remaniement ministériel :" dès le discours de politique général du Premier ministre qui aura lieu mercredi prochain devant l'Assemblée Nationale, en tant que député ce sera de demander une rencontre et de pouvoir discuter avec Barbara Pompili, la nouvelle ministre de l'Ecologie sur son engagement  par rapport au fait d'être opposé au Centre de Ghjuncaghju. Je m'y engage".
Plusieurs intervenants se succédaient à la tribune improvisée et les échanges se poursuivaient.

Le communiqué du Collectif "Tavignanu Vivu"

"L’autorisation d’exploiter le CET a été confirmée par la Cour d’Appel de Marseille le 3 juillet 2020 malgré l’entrée de la CDC et d’U Levante dans la procédure.
Pour rappel, le projet de CET de Giuncaggiu a été refusé en novembre 2016 par le Préfet Alain Thirion qui estimait notamment que le dossier d’Oriente Environnement ne permettait pas de lever les doutes sur les risques présentés par les caractéristiques géologiques du site d’implantation du projet. Il a été également par la Ministre de l'Ecologie de l’époque. Par ailleurs, de nombreux avis très défavorables avaient été émis (https://www.tavignanuvivu.com/soutiens-avis)

A la stupeur générale, le Tribunal Administratif de Bastia a annulé ce refus le 3 octobre 2019.
Le collectif a fait appel de cette décision devant la Chambre Administrative d’appel de Marseille, rejoint dans cette démarche par la CDC et U Levante

Malgré l’abondance et la pertinence des arguments techniques exposés par les différents avocats, la CAA de Marseille a rendu un avis favorable au projet le 3/07/2020. Ayant pu constater que de nombreux éléments avancés par les différents experts n’avaient pas été pris en considération lors de cette procédure, le collectif a décidé de continuer devant le Conseil d’Etat.
Quel rôle joue l’Etat dans cette affaire ?
En refusant de faire appel, le Ministère de la transition écologique, a trahi la juste décision du Préfet Thirion et n'a pas assuré la continuité de l'Etat. Il a également trahi la population et les engagements qui avaient été pris par le Préfet Gavory lors de nos entretiens.
L’Etat nous ment, après nous avoir annoncé par courrier toute la transparence qu’il apporterait à ce dossier, nous avons constaté qu’un courrier du Ministère de la transition écologique a été envoyé à la CAA de Marseille le 25/05/2020 sans que l’on puisse en connaitre la teneur
En se désengageant de la procédure, l’Etat se désintéresse de notre sort et laisse un collectif de citoyens et des associations assurer seuls la défense de la protection sanitaire de la population et affronter les acteurs (qui ne manquent pas de moyens financiers et qui en veulent toujours plus) du bâtiment, des transports et des déchets.
Prétextant une pseudo crise des déchets, qui en réalité n’est qu’une bataille de compétences et de défiance politique entre l’Etat, la CDC, le Syvadec et les Intercommunalités, l’Etat fuit ses responsabilités et devient un partenaire déguisé de ce projet ahurissant.
Dans ce projet, il est prévu l’enfouissement de 102 000 t de terres amiantifères pendant 13 ans, ce qui va représenter la circulation de très nombreux camions sur l’axe très accidentogène Bastia Giuncaggiu via Aléria avec les risques liés à la dangerosité de l’amiante.
Des sites envisagés pour enfouir l’amiante situés à 45km de Bastia avaient été jugés trop éloignés des lieux de production, or, ce projet est à 95km donc de fait deux fois plus loin.
Dans le plan de gestion de déchets, la Corse a été découpée en 5 territoires qui devraient gérer leurs déchets. Il est donc inconcevable que la plaine orientale continue à accepter sans mot dire les déchets de presque toute la Corse.
Nous demandons à l’assemblée de corse de voter une motion qui mettrait en demeure ces 5 territoires de traiter leurs propres déchets.
La solution pour les déchets existe. La mise en application du plan n’est pas une utopie. L’exemple de Calvi-Balagne en est la preuve. La collecte séparée des biodéchets et la création d’unités de compostage feraient vite progresser le tri de 30% .
Tout le monde sait pourquoi le tri n’avance pas !!!! Nos déchets ménagers sont une manne financière pour certains et c’est le citoyen qui paye la note
 
Mais il ne s’agit là que du dernier épisode d’une télénovela qui n’a que trop duré pour les Corses. Dans le dossier de justice de Giuncaggiu, les services de l’Etat ont souvent brillé par leur grande “ABSENCE”.
Après maintes demandes, les préfets de Corse, Josiane Chevalier et Franck Robine ainsi que le Ministère de la transition écologique ne nous ont jamais reçus et nous ont renvoyés vers le préfet de Haute Corse, “renvoyant chacun aux compétences qui sont les siennes” et nous disant qu’il faut considérer ce dossier que dans le cadre global de la crise des déchets.
Même si ce projet est une folie, il le leur faut !!!!.
Ce terrain a été choisi par les porteurs de projets non pas pour son adaptation au projet mais bien plus parce que c’est un terrain de famille. La Justice soutient que cet endroit est propice, alors que les services de l’Etat eux-mêmes le désignent pour moitié dans une « zone d’interdictions règlementaires »  et pour moitié dans une « zone à enjeux environnementaux forts connus » sur des cartes établies spécialement par la Dreal pour le choix d’implantation de sites de centres d’enfouissement !!!!!!
NON, Messieurs les décideurs, le ralentissement dans la gestion des déchets en Corse n’est pas un laisser passer au tout enfouissement, et surtout n’importe où !!!!"
Pour le collectif, la prochaine étape est de saisir le Conseil d’Etat. Nous avons déjà entamé des démarches auprès de l’Europe, elles sont en bonne voie et soutenues par des députés européens. Mais ces procédures ne débuteront que lorsque tous les recours au niveau national seront épuisés.
Les soutiens au collectif sont de plus en plus nombreux car la protection de l’environnement est un enjeu majeur pour notre avenir et celui des générations futures.
Cette prise de conscience se traduit aussi au niveau national comme le montre la décision du 31/01/2020 du Conseil Constitutionnel
« La protection de l’environnement, patrimoine commun des êtres humains, constitue un objectif de valeur constitutionnelle ».