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Plus de 150 personnes rassemblées à Ajaccio suite à l’interpellation de militants nationalistes


Naël Makhzoum le Jeudi 1 Décembre 2022 à 19:48

En réponse à une vague d'interpellations survenue dans la matinée du jeudi 1er décembre, plus d'une centaine de personnes se sont réunies, à partir de 19 heures, devant le commissariat de police d'Ajaccio pour demander la libération des militants nationalistes.



Près de 150 personnes rassemblées
Près de 150 personnes rassemblées
Le rassemblement est pacifique mais rappelle de mauvais souvenirs. Camions de CRS, policiers et mur anti-émeute postés devant les entrées du commissariat de police. En face, environ 150 personnes réunies suite à l'appel lancé par Corsica Libera, l'associu Sulidarità et le collectif Patriotti.

La manifestation a été prévue aujourd'hui, pour faire suite aux trois arrestations qui ont eu lieu très tôt dans la matinée de jeudi. "On a eu la désagréable surprise en se réveillant d'apprendre que notre ami et frère Pierre Paoli a été interpellé à six heures du matin pour des raisons que l'on ignore aujourd'hui", s'indigne Thierry Casolasco, président de l'associu Sulidarità et militant Corsica Libera. 

Trois personnes, toutes des militants nationalistes, ont été interpellées et placées en garde à vue jeudi 1er décembre parmi lesquelles Pierre Paoli, un des piliers de Corsica Libera. Les interpellations ont eu lieu dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Paris et confiée à un juge antiterroriste pour "association de malfaiteurs terroristes". Les gardes à vue peuvent donc durer jusqu'à 96 heures. "Nous renouons avec des pratiques qui n'avaient plus lieu depuis un certain temps, mais qui semblent revenir à l'ordre du jour, regrette Josepha Giacometti, conseillère territoriale et porte-parole de Corsica Libera devant les grilles policières du commissariat. C'est le retour de le Sdat (Sous-direction anti-terroriste) avec ses méthodes et ce, après de nouvelles problématiques autour du Fijait (Fichier des auteurs d'infractions terroristes) ces derniers jours."

"Signaux contre-productifs"

Ancien prisonnier politique, Sampieru Andreani avait en effet été interpellé début novembre, avant que Thierry Casolasco ne soit sanctionné d'une amende de 500€ à l'issue de son récent procès. "Dans ces conditions, je ne pense pas qu'il puisse y avoir un semblant d'une quelconque réussite de paix concernant le problème politique corse, déplore l'intéressé, à une semaine de la visite prévue du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin sur l'île. On a l'impression au travers de ces arrestations qu'ils donnent le la, on s'attend donc à d'autres arrestations dans les jours à venir. Nous sommes méfiants car c'est bien rodé, l'État français a l'habitude de faire ce genre de choses qu'on a connu dans les années 1990, 2000... Nous sommes les premiers à vouloir un processus de paix, mais on ne nous tend pas cette main pour discuter."

"Alors que certains parlent d'un processus engagé avec le gouvernement, je crois qu'aujourd'hui, les premiers signaux ne sont pas positifs, renchérit Josepha Giacometti. Des actes forts sont attendus mais au lieu de ça, nous avons des interpellations de militants et ce n'est pas de bon augure."

De nombreuses réactions
Les réactions ne se sont pas faites attendre, notamment du parti Femu a Corsica. La présidente de l'Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis s'"interroge", au travers d'un tweet posté en début d'après-midi : "Alors que nous devons tous travailler à l'apaisement, je déplore ces signaux contre-productifs eu égard au processus en cours."

De son côté, le Partitu di a Nazione Corsa a communiqué "son soutien aux militants nationalistes interpellés ce jour, alors même que la Corse aspire à un règlement pacifique et négocié de la situation. La répression ne saurait être une solution d'autant que la Mouvement national et au-delà, de larges franges du peuple corse, s'inscrivent résolument dans une perspective de dialogue et de construction. Nous en appelons donc à leur libération immédiate ainsi qu'à un apaisement réel et durable."

Pour l'heure, ni le nombre exact de personnes interpellées, ni le motif de ces arrestations ne sont connus.
Un rassemblement qui a duré près de deux heures
Un rassemblement qui a duré près de deux heures