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Pierre-André Giovannini : « L’offre de la SNCM est la meilleure concevable »


Nicole Mari le Dimanche 9 Juin 2013 à 23:33

L’appel d’offres sur la future Délégation de service public (DSP) maritime a été déclaré infructueux en raison, notamment, du montant exigé par la SNCM, l’actuelle compagnie délégataire avec la CMN. L’Assemblée de Corse vient de voter la poursuite des négociations en direct, mais a plafonné les subventions versées. Le directeur de la SNCM pour la Corse, Pierre-André Giovannini, explique, à Corse Net Infos, que l’offre faite, lors du dernier round des négociations et refusée par la CTC, est la meilleure et que la SNCM ne pourra aller en-deçà.



Pierre-André Giovannini, Directeur de la SNCM pour la Corse.
Pierre-André Giovannini, Directeur de la SNCM pour la Corse.
- Le vote de la CTC autorisant la poursuite des négociations vous satisfait-il ?
- Ce qui peut être réjouissant, c’est que l’Assemblée de Corse s’est donné un délai supplémentaire, mais un délai assez court pour continuer la négociation. J’espère que l’on pourra se revoir très rapidement et arriver à un accord. C’est très positif.
 
- Y-a-t-il, dans la délibération votée, des éléments qui vous inquiètent ?
- Oui. Ce qui est inquiétant, c’est ce que j’ai entendu à travers la prise de parole de nombreux élus des différents groupes. C’est peut-être normal parce qu’ils n’assistent pas aux négociations qui ont eu lieu jusqu’à présent. J’ai entendu des chiffres qui sont, je le pense, à côté de la réalité.
 
- Quels chiffres ?
- Par exemple, il a été dit que, sur le plan du fret, on partait de 85 € le mètre linéaire, aller-retour, pour le faire tomber, par les subventions, à 75 €. Ce n’est pas vrai ! Actuellement, on part de 102 € le mètre linéaire dans l’objectif de le faire tomber à 75 €. Ce qui fait presque 25 % de réduction de prix sur le fret. On voit déjà l’importance de l’effort financier qu’il va falloir consentir. Ces réductions demandent davantage de subventions, de compensations puisque elles engendreront autant de recettes en moins pour les compagnies maritimes qui seraient attributaires. Il en est de même pour le tarif résident qui a été plafonné encore plus bas.
 
- L’enveloppe de continuité territoriale n’est-elle pas là pour profiter aux résidents corses ?
- Oui. C’est vrai. Mais, ce sera, là aussi, autant de recettes en moins pour les compagnies qu’il faudra surcompenser. C’est la même chose pour le nombre de places qui s’élèvent à 410 000 minimum dans le cahier des charges. Le groupement CMN/SNCM va en offrir bien davantage. C’est pour cela qu’on est très loin des 75 millions € dont certains élus ont parlé. Sur le volet du carburant, il y a aussi beaucoup de choses à dire. Entre le début en 2007 de l’actuelle convention et sa fin théorique en 2013, le prix du carburant est passé de 280 € la tonne à 550 € la tonne, c’est-à-dire qu’il a doublé. Au même moment, depuis 2008, l’enveloppe de continuité territoriale est figée. Comme elle n’est plus indexée sur le coût de la vie, l’effet ciseau est terrible pour le budget de la CTC. Nous voulons bien le comprendre.
 
- Certains élus prétendent que votre offre est exagérée. Que répondez-vous ?
- Non ! On ne vole personne. Notre offre est la meilleure que nous avons rendue au 3ème round des négociations qui était la dernière réunion. En deçà de cette somme, ce n’est plus concevable de répondre décemment à ce cahier des charges, ou alors, il faudra le modifier.
 
- Le vote de la CTC plafonne politiquement les subventions à un montant inférieur à votre offre. Que ferez-vous ?
- Ce n’est pas ce que j’ai compris ! Le dernier amendement n’inscrit plus de somme cible, ni 80, ni 90, ni 104 millions €. Le montant est laissé libre à la négociation dans l’intérêt de la Corse. Je ne doute pas que nous puissions arriver à trouver une solution sur le montant final.
 
- Cela signifie-t-il que vous ne baisserez pas votre montant final ?
- Si je vous dis que nous allons le baisser, cela reviendrait à dire que nous avons été des menteurs et des voleurs, que notre meilleure offre n’était pas le meilleur prix, le prix coûtant. Vous ne pouvez pas dire à une compagnie qui concourt pour une DSP, quelqu’elle soit, qu’elle doit assumer, seule, l’augmentation du carburant sur dix ans. C’est inconcevable ! Surtout dans le domaine maritime quand on connaît l’importance des volumes de carburant qui sont en jeu ! Il va falloir que, là-dessus, on avance d’une façon ou d’une autre.
 
- Vous restez donc ferme sur vos positions ?
- Nous allons discuter. Je m’en réjouis. Dans un délai visé assez court, si possible avant la fin juillet. C’est une bonne chose.
 
- Certains élus ont accusé la SNCM de prendre en otage l’Assemblée de Corse. Comment réagissez-vous ?
- Je ne vois personne pris en otage ! Il court un préavis de grève, mais il n’émane pas de la direction de la SNCM ! Interrogez les syndicats ! Le préavis ne concerne pas tant la Corse et la DSP que l’avenir de l’entreprise. Je peux comprendre une certaine anxiété et inquiétude des personnels au niveau de l’évolution de l’actionnariat et du plan industriel qui est proposé. La réalité des problèmes est là. C’est là qu’il faudra amener des réponses. Il reste trois semaines pour discuter et arriver à amener ces réponses. Je sais que des solutions existent.
Propos recueillis par Nicole MARI

A suivre : les interviews des syndicats de la SNCM.