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Personnes handicapées : où en est l’accessibilité en Haute-Corse ?


Léana Serve le Jeudi 8 Mai 2025 à 18:46

Améliorer l’accès aux bâtiments et aux transports pour les personnes en situation de handicap : c’est l’un des axes prioritaires évoqués lors de la réunion annuelle de la CCDSA à Bastia. Si la préfecture de Haute-Corse souligne une amélioration des dossiers, les associations demandent davantage d’engagement concret.



La CCDSA s'est déroulée ce mercredi à Bastia
La CCDSA s'est déroulée ce mercredi à Bastia

Réunis ce mercredi à Bastia, les membres de la commission consultative départementale de sécurité et d’accessibilité (CCDSA) de Haute-Corse ont dressé le bilan des actions menées en 2024, avant de tracer les perspectives pour l’année à venir. Parmi les dossiers prioritaires : l’accessibilité des établissements recevant du public et des transports pour les personnes à mobilité réduite.

Autour de la table, représentants de la préfecture, architectes, sapeurs-pompiers et associations de personnes handicapées. La CCDSA se décline en six sous-commissions, traitant de thématiques variées comme la sécurité incendie, les infrastructures de transport, ou encore l’accessibilité — un axe central de la réunion. “L'accessibilité est un sujet majeur depuis un certain nombre d'années, notamment depuis la loi de 2005. C'est un sujet qu'on suit depuis des années, avec quelques difficultés dans les premières années. En 2015, on a travaillé sur des agendas d'accessibilité programmée, avec un calendrier. Le Covid est passé par là, et il y a eu une certaine stagnation. Aujourd’hui, on reprend le travail sur l'accessibilité. On a eu douze réunions de la sous-commission accessibilité l’année dernière, soit une par mois, et un peu plus de 200 dossiers qui ont été étudiés”, explique Magali Chapey, directrice de cabinet du préfet de Haute-Corse.

Pour assurer l’accessibilité, notamment lors de la construction d’établissements recevant du public, la préfecture indique jouer un rôle à la fois de conseil et de contrôle. “Quand les propriétaires ou les collectivités construisent un bâtiment, ils ont des architectes qui maîtrisent les normes. On fait aussi des études sur des dossiers pour pouvoir, avant la construction du bâtiment, pointer les problématiques et les choses à revoir. Aujourd’hui, les architectes et les collectivités qui travaillent sont de plus en plus à même de connaître la loi, et on l'a constaté cette année. On voit que les dossiers sont de mieux en mieux faits et qu'on a de moins en moins de problèmes sur ces dossiers-là”, précise Magali Chapey.


Des obstacles sur le terrain

Malgré les avancées constatées, certaines associations restent peu convaincues de leur efficacité sur le terrain. “Le bilan n'est pas négatif, mais on ne peut pas dire qu'il soit positif non plus. Par exemple, pour l'accessibilité des transports, même si la plupart des bus sont adaptés, parfois les trottoirs ou les pentes ne le sont pas. Dans le handicap, ce qui est important, c'est la continuité. Si la chaîne se casse, peu importe où, la personne reste sur le carreau”, déplore Dominique Lazzoni, délégué départemental de l’APF France Handicap.
 

Il regrette aussi le manque d’accessibilité dans les établissements recevant du public. “Les établissements, au niveau administratif, sont plus ou moins équipés pour que des gens handicapés puissent avoir un accès correct. Bien sûr, on ne peut pas détruire des murs maîtres pour faire une accessibilité quelle qu'elle soit. Il y a beaucoup d'endroits où ce n'est pas trop compliqué à faire, mais les choses ne se font pas. Pourtant, il existe des fonds, les derniers qui ont pu en profiter, ce sont les communes qui entouraient les Jeux paralympiques. Je pense qu’il ne doit pas rester grand chose au niveau de la région pour aider les gens qui pourraient l'être.”

Selon lui, il est nécessaire de faire prendre conscience aux personnes valides les difficultés d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Pour cela, il propose “de mettre des personnes valides dans des fauteuils et de leur faire faire des parcours”. Face à ces constats, la préfecture mise sur une nouvelle phase de sensibilisation. “Nos interlocuteurs directs, ce sont les mairies. On va refaire de la communication auprès des mairies, parce que ce sont elles qui seront les plus à même de connaître leurs commerçants, et d'aller vers eux pour pouvoir leur rappeler aussi la réglementation, s’ils souhaitent rénover leur commerce, afin qu’ils ajoutent un espace accessible aux personnes handicapées.”