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Paul-Jo Caitucoli : "Réduire la fracture sociale, territoriale et numérique"


le Mercredi 11 Mars 2015 à 14:36

Conseiller général du Taravu, Paul-Jo Caitucoli défendra sa conviction politique et son projet de territoire aux prochaines Départementales. Des constantes. Et qu’importe si le territoire a changé... En plusieurs décennies d'engagement, lui n’a pas dévié et mise sur un intérêt général qui s'élargit sans problème aux cantons voisins désormais réunis. Une communauté de destin symbolisée par son binôme, Muriel Segondy, d'Albitreccia. Une personnalité d'ouverture venue du monde associatif et arrivée en Corse en 1985. Et une équipe autour du nouveau maire d'Argisuta-Moriccio, qui couvre l'ensemble des anciens cantons nouvellement fusionnés.



Paul-Jo Caitucoli : "Réduire la fracture sociale, territoriale et numérique"

Premier nationaliste élu lors d'une élection uninominale, Paul-Jo CAITUCOLI sera aussi de fait le dernier conseiller général de Petreto. Mais il souhaite être aussi le premier à impulser cette communauté de destin construite sur le Riacquistu. Montrer que la ligne qu'il a toujours suivie, celle de fédérer au-delà des intérêts partisans, n'est pas une utopie. Que lors de sa mandature les mots d'hier sont devenus des actes, des réalisations... À essaimer et à transférer à l'ensemble du nouveau territoire. Un territoire où chacun et chaque commune sera pris en compte. Pour enrayer cette fracture sociale et territoriale. Pour éviter de continuer à citer l'ouvrage de Rinatu Coti, u cimeteriu di l'elefanti, comparant le Corse qui revient sur son île à l'éléphant qui va mourir où il est né.


- Comment vous positionnez-vous sur ce nouvel échiquier politique ?
- Je suis nationaliste de cœur, sans étiquette pour ce scrutin et je prône cette indispensable ouverture à-même de permettre ce projet de Territoire. J'en appelle ainsi depuis 1989, sans dévier, à ce sursaut collectif pour porter, développer et amplifier la démarche positive mise en marche dans le Taravo. Des réponses aux inquiétudes du monde rural que je connais bien. J'ai été, ces dernières années, rapporteur de la commission dédiée. Je connais les enjeux. Le rural est un socle. S'il meurt tout s'écroule. C'est pour cela que j'invite chacun et tous à franchir le pas et à venir construire un véritable projet de développement avec nous.


- Vous n'hésitez pas, vous, à sortir des cadres ?
- Jamais. J'aime l'innovation et l'impulsion. J'ai d'ailleurs voulu inscrire cette démarche cantonale au-delà du carcan de conseiller général, porter des idées et des projets qui allaient souvent au-delà des compétences du simple département. Moi qui aie toujours milité pour qu'à terme, le Département se mue en une nouvelle institution avec l'intercommunalité, sous la forme d'une assemblée des territoires. Mon élection de 2008 a d'ailleurs été le fruit d'une union politique, tous unis autour d’un contrat de mandature, écrit en toute transparence avec le peuple. J'ai fait le choix de l'union et de l'ouverture aux autres tendances politiques pour obtenir la victoire du peuple avant tout.


- Quel bilan tirez-vous justement de cette mandature ?
- Tout n'est pas parfait. Mais des démarches utopiques ou idéalistes se transforment parfois en démarches soutenables. J'ai défendu et je défends toujours un projet optimiste et ambitieux, avec un parfum d'économie sociale et solidaire et de fortes valeurs de rassemblement. L'Utopie s'est transformée en la création d'un GAL, d'un P@M, d'un projet de relance du pastoralisme prêt à être mis en oeuvre et d'un pôle santé en devenir, du pôle territorial de coopération économique. L'étude pour l'appel à projet européen a été lancée, projet inscrit dans le programme de l'ADEC 2015-2020. Un ensemble de projets menés et portés par la FRESC, pilier des engagements de campagne et outil principal de défense des concepts de démocratie participative, de l'ESS, d'actions en faveur de la langue et la culture corse etc.
Afin de préserver cet outil, une charte éthique sera proposée aux élus, aux socioprofessionnels et aux citoyens. Une réponse à la crise morale que traverse la Corse depuis quelques années, y compris dans les territoires ruraux.

Quelles sont les réalisations marquantes de votre mandature ?
- En dehors de celles déjà citées, le jardin solidaire, le ciné rural itinérant, le festival du Taravu, les séminaires et débats menés et organisés participent de cette recherche de revitalisation de l'intérieur.
Stricto sensu, dans mes compétences, on peut parler du réseau routier avec une volonté de désenclavement de la vallée vers les zones littorales à poursuivre. L'amélioration de l'offre de transports avec l'expérimentation concluante de navettes inter-villages, la protection du foncier qui a fait l'objet d’une motion de ma part et de propositions dont l'ensemble a été repris dans le PADDUC. 
Au niveau sanitaire et social encore, les sapeurs-pompiers ont été maintenus et une école de cadets doit être créée à Pila-Canale. Une étude est également lancée pour l'installation de la télémédecine. La crèche mobile, elle n'a malheureusement pas pu voir le jour.
En termes d'agriculture et d’environnement, des actions de maintien, de préservation et de développement ont été menées, ZAP, coopérative, prévention incendies ou mise en place de la filière bois.
L'éducation enfin a évidemment une place importante. Pierre-Jo Filipputti et Dea MondoloniI, deux
enseignants, sont d'ailleurs nos suppléants. Il était indispensable de maintenir écoles et collège sur le territoire. Tout comme je milite pour une université rurale permanente, lieu d'échanges entre savoir savant et savoir d'expérience. Les différents séminaires organisés durant la mandature en sont le socle. Elle pourrait se tourner vers un développement numérique dans les années à venir.
Enfin l'enseignement et la promotion de la langue corse, une seconde nature chez moi, est une question primordiale.La langue est un outil d'intégration, un outil de développement territorial...


- Il y a aussi eu des loupés ?
- Mon mandat ne s'est pas déroulé tout à fait comme je l'aurais souhaité. C'est une explication à la non réalisation de certains engagements de campagne. Le calendrier électoral qui réduit l'action politique au service du développement avec un immobilisme pré et post électoral est une raison. Mes déboires et le licenciement politique orchestré par l'ODARC une autre. En voulant tirer un trait sur 25 ans de travail, ils ont provoqué une interruption de mon activité politique. Je remercie d'ailleurs les 2000 personnes qui ont signé la pétition en ma faveur.
Au titre des loupés, il y a effectivement l'échec de la présidence tournante de la FRESC, que je souhaitais voir dévolue à des jeunes pour transmettre ce projet participatif et en assurer la pérennité. Mais rien n'est fini. A « Casa di a memoria è di a leia » est elle aussi restée au stade d'esquisse... Tout comme le développement des énergies alternatives dans le canton. Au point mort à ce jour. Ou l'attractivité du territoire. Malgré toutes nos actions, nous avons perdu des habitants. Mais des solutions innovantes peuvent voir le jour. Il ne faut pas perdre espoir, le combat n'est pas perdu.


- Justement quelles seront les grands axes de vos propositions ?
- Dans la continuité toujours. Avec les idées maîtresses qui le guident depuis 30 ans. Compte tenu de la direction prise par la réforme territoriale, cette mandature devra mettre l'accent sur le domaine médicosocial, l'ESS, les NTIC, et le réseau routier, afin de lutter contre la fracture sociale, territoriale et numérique.
Comme la lutte contre la précarité et la pauvreté, qui doivent rester au coeur du dispositif.
Il faut cesser d'opposer rural et littoral, mais au contraire les associer. Nous tenterons donc d'opérer un rééquilibrage entre ces deux mondes si éloignés aujourd'hui.


- Et pour ce nouveau territoire d'action ?
- L'Idée que je défends est d'aller encore plus loin et de repousser les frontières politiques. Il faut s'inspirer du modèle expérimenté dans le canton de Petreto, l'exporter, faire un territoire laboratoire, ce afin d'agréger toujours plus de personnes au sein de la dynamique. Etre un territoire pilote pour la Corse, à l'instar de la Balagne qui montre ces dernières années la voie en termes de développement et de projet territorial. Ce projet devra se concevoir au-delà des clivages politiques, au-dessus de toute démarche partisane. Ce travail peut constituer les fondations de la Maison Taravu-Ornanu-Cavru-Eccica-Suarella...Construisons-le ensemble.


- Un dernier message aux électeurs
- Qu'ils se rappellent que l'isoloir est le seul enclos au monde qui procure une liberté totale. Valider ou pas ce projet est une vraie responsabilité. J'ai confiance en leur maturité et leur prise de conscience ; en ce déclic salutaire qui assurera un vrai développement. Nous, comme les intercommunalités, sommes des porteurs d'eau. Leur destin est entre leurs mains. Le calendrier sera raccourci, mais le potentiel est là, énorme, et il ne faut pas se limiter pour des raisons partisanes.