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Paul-André Colombani chargé d’une mission pour faire baisser le prix des carburants en Corse


le Mardi 9 Décembre 2025 à 16:55

Nommé par le Premier ministre comme « parlementaire en mission sur l’évaluation du prix du carburant en Corse », le député de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud assure vouloir dépasser les diagnostics accumulés depuis 20 ans pour enfin agir concrétement sur le surcoût des carburants en Corse. Auditions, analyse des données, rapport final, il promet un travail concret pour comprendre les mécanismes qui renchérissent l’essence sur l’île et proposer, cette fois, des solutions réellement opérationnelles.



Paul-André Colombani chargé d’une mission pour faire baisser le prix des carburants en Corse
Vous avez été nommé par le ministre « parlementaire en mission sur l'évaluation du prix du carburant en Corse ». Quel va être l'objectif de cette mission ?
L'objectif, c'est de mettre à plat l'ensemble des problèmes qui sont liés au fait qu'on paie plus cher l'essence en Corse que sur le continent, voire même que dans les îles d'Outre-mer. Cette mission visera à comprendre les mécanismes, même si on a déjà une bonne idée de ce qui se passe. In fine, le but sera de proposer des solutions qui fassent baisser le prix de la pompe. Ce n'est pas un sujet facile, mais j'espère aboutir à des solutions concrètes pour les usagers. Cela peut être une belle opération pour les consommateurs corses, car quand, sur le continent, on dépense 700 euros par an pour le budget d'essence, on dépasse souvent les 1 000 euros en Corse. 
 
Quel va être votre rôle au sein de cette mission ? 
C'est une mission parlementaire un peu particulière. Il y a les missions parlementaires qui démarrent de l'Assemblée et il y a les missions parlementaires qui sont faites à la demande du gouvernement. Il s'agit ici de la deuxième catégorie. Dès que la mission sera publiée au Journal Officiel, un administrateur de l'État, un inspecteur des finances certainement, devrait m'accompagner. Nous mènerons le même travail qu'à l'Assemblée, c'est-à-dire qu'il faudra auditionner les différents acteurs, analyser les données et rendre un rapport.
 
Il est important d'avoir cet administrateur de l'État à vos côtés ? 
Oui, c’est très important parce qu'on va avoir des données de l'État qui sont beaucoup plus larges que ce qu'on peut avoir à l'Assemblée habituellement. 
 
Comment vont se dérouler vos travaux ?
Il y aura une première phase d'audition qui consistera à prendre la température. Moi, je veux réaliser ça dans la concertation, je veux regarder ce qui se passe devant, pas ce qui s'est passé les 20 dernières années. Bien sûr, on va s'en servir, mais je veux qu'on trouve maintenant une solution et que tous les Corses en profitent. Je ne veux pas donner encore de faux espoirs. Quand on parle de mission parlementaire, souvent le grand public a l’impression que c’est encore des prétextes pour enterrer le problème, or pas du tout. On va essayer d'avoir des solutions opérationnelles qui vont, j'espère, conduire à la baisse des carburants à la pompe. À condition, bien sûr, que le Gouvernement – il s’y est plus ou moins engagé - reprenne les conclusions de la mission parlementaire. 
 
Selon vous, la sanction inédite de l'Autorité de la concurrence et l’annonce du lancement de cette mission parlementaire marquent-elles enfin une avancée majeure sur le dossier du surcoût des carburants en Corse ?
Oui, certainement. Nous sommes partis de loin et il faut saluer d’ailleurs le travail de Frédéric Poletti et du collectif Agissons contre la cherté des carburants en Corse, avec qui j’ai travaillé de concert. Cette relation de confiance est en grande partie responsable du déclenchement de cette mission. Nous travaillons sur cette problématique depuis 2018 et j’ai depuis posé quasiment une dizaine de questions orales ou écrites au Gouvernement, en moyenne deux par an, et j’avais déposé également une proposition de loi qui allait dans ce sens. Celle-ci demandait au Gouvernement d'appliquer le décret Lurel qui permet de contrôler les prix en Outre-mer. Je ne suis pas contre la concurrence, mais il faut qu’elle puisse s'exercer librement. Quand il y a des concentrations et, malheureusement, des situations de contraintes de monopole, on ne peut pas laisser la libre concurrence s'exercer naturellement, donc il faut, comme en Outre-mer, contrôler les prix. 
 
Lors de la dernière question orale sur la régulation des prix des carburants que vous avez posée au Gouvernement il y a quelques jours, le ministre des PME, du commerce et de l'artisanat, Serge Papin, avait assuré que les services de l'État allaient regarder s'il existe des barrières à l'entrée de la Corse. Il avait aussi évoqué la possibilité d'étudier la faisabilité de la logistique et du transport de l'éthanol 10 en Corse. Est-ce une piste sur laquelle vous entrevoyez de travailler avec la mission parlementaire ?
Si cela peut faire baisser le prix à la pompe, c'est une piste. Après, il faut voir dans quel délai, dans quelle mesure, avec ou sans régulation… Pour ma part, je suis à peu près convaincu qu'il faut une régulation aujourd'hui. Mais nous allons étudier tous les chiffres.