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PORTRAIT - François Martinetti, nouvelle tête pensante du militantisme 2.0 de Femu a Corsica


Pierre-Manuel Pescetti le Dimanche 19 Décembre 2021 à 17:30

François Martinetti est le nouveau secrétaire national du parti politique nationaliste Femu a Corsica. Enfant de Petrosu, ce professeur d’histoire-géographie de 31 ans symbolise la relève par la jeunesse du cœur militant du parti autonomiste de Gilles Simeoni.



François Martinetti, nouveau secrétaire national de Femu a Corsica veut toujours plus de militantisme. Crédits Photo : Femu a Corsica
François Martinetti, nouveau secrétaire national de Femu a Corsica veut toujours plus de militantisme. Crédits Photo : Femu a Corsica
En ce début d’après-midi hivernal, François Martinetti savoure son café autant que sa nouvelle élection politique. Attablé sur sa terrasse ensoleillée, le nouveau secrétaire national de Femu a Corsica profite du calme après la tempête dans son village de Petrosu. Plus exactement dans le hameau d’a Casa Pieraggi, où il a grandi et vit toujours.

À quelques mètres, l’eucalyptus à côté de la mairie annexe attire son attention. « Autrefois, les vieux du village se réunissaient autour de cet arbre. Je l’ai toujours connu ici, mes parents aussi », lâche-t-il. La famille, c’est en partie de là que lui vient son appétence pour la chose politique. Comme son père avant lui, François Martinetti est également premier adjoint du maire de Petrosu. Un même destin municipal marqué cependant par des idées différentes. « Mon père était un giaccobiste invétéré », confie-t-il. Lui, a choisi le nationalisme et Gilles Simeoni dès son adolescence.

Nationaliste de la première heure

D’abord scolarisé au village dans les années 90, François Martinetti entre au collège du Fium’Orbu au début du millénaire avant de poursuivre vers le lycée, toujours au même endroit. « C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me faire une culture militante », se souvient-il. Les albums des Chjami Aghjalesi, de Canta u populu corsu et des Muvrini tournent en boucle dans son poste radio. Les lectures sur le sujet s’enchaînent pour le jeune passionné de lettres et la chose politique s’immisce dans sa vie, presque de manière inconsciente. « J’ai été très marqué par le discours d’Edmond Simeoni en 2004 », rapporte François Martinetti. À 18 ans, il choisira finalement de suivre le fils de celui qui l’a tant marqué. Bac en poche, il démarre son cursus universitaire à Corte, en licence histoire, mais surtout, il s’engage dans la démarche Inseme de Gilles Simeoni. « Sa vision d’ouverture du nationalisme et de la Corse au monde m’a séduit », confie celui qui a maintenant une place de choix auprès du président du conseil exécutif de la Corse.

Un passage de flambeau à la lueur du renouveau

Master d’histoire et CAPES bilingue en poche, c’est le retour aux sources pour le jeune professeur d’histoire-géographie. Depuis 2012 il enseigne au lycée du Fium’Orbu. Profondément attaché à sa microrégion et à ses racines, François Martinetti symbolise doublement le nouveau slogan du parti : « arradicà et tramandà ». Après trois ans au poste de vice-secrétaire de Femu a Corsica, l’ancien secrétaire national, Jean-Félix Acquaviva lui passe le flambeau. « Tramandà. » Son engagement municipal dans une petite commune du rural en fait le vecteur parfait de la nouvelle politique militante du parti, vers la population, sur l’ensemble du territoire et à tous les niveaux politiques insulaires. « Arradicà. »

S’il s’inscrit « dans la continuité de Jean-Félix Acquaviva », le nouveau secrétaire national veut jouer la carte de « l’approfondissement » en allant toujours plus loin. « Nous devons réinventer le militantisme », martèle-t-il. Pour lui, hors de question d’oublier la base populaire du mouvement tout prenant en considération que « Femu est aussi aujourd’hui un parti de gouvernement mais nous devons à tout prix éviter de nous embourgeoiser ».

Rapports de force

Le nouveau militantisme serait un savant mélange entre pédagogie populaire, modernisme et actions concrètes sur le terrain, dans tous les domaines avec un objectif bien affiché : maintenir, puisque créer n’est plus approprié, le rapport de force avec l’Etat.
« Ces 40 dernières années, aucune avancée n’a été faite sans ce rapport de force démocratique et institutionnel », considère-t-il. Mais au-delà des rapports purement politico-politiques, François Martinetti a une mission d’importance : remobiliser, notamment la jeunesse, derrière la bannière de Femu a Corsica. Pas de repos malgré la large victoire de leur candidat Gilles Simeoni aux territoriales de 2021, « il faut convaincre jeunes et moins jeunes de revenir militer avec nous », avoue François Martinetti.
« Je n’ai pas d’ambition politique personnelle », François Martinetti

Le collectif. Au fil de la discussion, le mot revient souvent. François Martinetti prévient : le carriérisme, trop peu pour lui. L’homme du rural n’a « pas d’ambition politique personnelle ». Il n’était pas présent sur les listes lors des dernières territoriales. Accepterait-il un poste de conseiller exécutif si l’occasion se présentait ? « Non, assure-t-il, chacun a sa place dans les échelons de la politique territoriale. »

« Nous mènerons les combats avec les autres quand il le faudra »

Sur la situation particulière entre les anciens alliés politiques de Per a Corsica, pas de surprise, il suit la ligne du parti : « le fond patriotique nous rassemble et nous mènerons les combats avec les autres quand il le faudra ». Une main tendue vers le PNC et Corsica Libera ? « S’ils appellent au rassemblement sur des sujets où nous nous retrouvons nous irons », répond François Martinetti qui avoue ne pas avoir compris l’absence des deux partis nationalistes aux rassemblements de ce samedi 4 décembre.

Pour autant, il tient à marquer le pas : « on parle beaucoup de problèmes d’ego mais en réalité, c’est un problème de fond. Chacun veut une voie de développement différente pour la Corse ». Sûr de lui, sans concession, la voie qu’il a choisie lui semble être la meilleure. Il en est « convaincu », et ira prêcher auprès de ceux qui ne le sont pas ou ne le sont plus.