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"On croit parfois qu'ils vont se crasher" : à Solenzara, les avions se préparent aux meetings aériens et fascinent des collégiens


le Jeudi 10 Avril 2025 à 09:17

Depuis lundi et jusqu’au vendredi 11 avril, l’Armée de l’air s’adonne à la voltige, au-dessus de la plage derrière la base aérienne de Ventiseri-Solenzara. Comme tous les ans, ses pilotes y trouvent les conditions propices à leur entraînement, en vue des meetings aériens au programme de l’été. Et mardi, une classe de 4e du collège de Biguglia a pu y assister.



Les collégiens de Biguglia saluent l'arrivée de l'Airbus A400M.
Les collégiens de Biguglia saluent l'arrivée de l'Airbus A400M.
« Avant de venir, je pensais que ce n’était pas trop amusant, l’armée. Qu’on était dans le « strict ». Mais en fait, c’est plutôt cool », sourit Camil. Ce collégien de Biguglia n’ira pas jusqu’à s’engager, mais la journée qu’il a passée dans la base militaire de Solenzara a quelque peu modifié la perception qu’il avait de l’armée... qui n’est pas non plus un camp de vacances, entendons-nous bien ! Simplement, en se confrontant à la réalité, Camil a pu voir plus loin que la caricature qui colle à la peau de la Grande Muette. 

"On a des élèves qui se révèlent"
Et ça, il le doit à sa professeure d’histoire-géo Valérie Leccia, qui a initié un partenariat avec la base militaire. Valérie Leccia n’était pas présente mardi à Solenzara, mais deux de ses collègues, oui, convaincues elles aussi des bienfaits de « Delta », le nom de code de ce projet pédagogique peu banal. Cette classe, « on la voit comme une classe de valeurs d’engagements et d’entraide », souligne la prof d’anglais Nathalie Macchi. On a vraiment des élèves qui se révèlent et sortent de leur timidité. On les voit prendre confiance en eux. Par exemple, certains se sont portés volontaires pour organiser des ateliers au collège. » 

Mardi, c’était la troisième fois que des collégiens de Biguglia se rendaient dans la base militaire. Ils ont pu y pratiquer des activités sportives - le parcours du combattant, bien sûr, mais aussi du base-ball. Et surtout découvrir les métiers de l’armée : « On veut leur faire connaître l’étendue des métiers sur la base aérienne, indique le capitaine Pascal, qui est au bout de l’autre maillon de ce partenariat. Et ils nous disent qu’ils sont surpris d’en voir autant. » Mardi matin, ils ont pu visiter un Airbus A400M, ce mastodonte du transport militaire aérien dont la masse à vide avoisine les 80 tonnes. Et pourtant, malgré son poids, il participe à des meetings aériens, grâce à ses quatre réacteurs qui envoient 11 000 CV chacun.

Sur la plage, un pilote de sécurité en liaison avec les pilotes dans le ciel
Il est 14 h 30, et l’Airbus A400M surgit au-dessus de la pinède, qui sépare la plage de la base militaire. Pendant près d’une heure, il répétera ses figures sous le regard avisé des militaires au sol, et sous celui, plus ébahi, des collégiens. Un peu plus tôt, ces derniers ont pu assister à l’entraînement de voltige synchronisée de trois Extra 330, ces monoplaces conçus spécifiquement pour la haute voltige. Ils ont enchainé les vrilles, les percussions (quand les avions se croisent à quelques dizaines de mètres) ou encore les éclatements (quand chacun part de son coté, dessinant un panache de fumée dans le ciel). Le capitaine Geoffrey Denis a l’habitude de piloter ces engins, mais cette fois, il est resté sur la plage, où il communique par radio avec les trois pilotes du jour. « 
Il faut toujours un pilote au sol, avec une équipe pour filmer en cas de problème, explique-t-il. C’est ce qu’on appelle le pilote de sécurité et ça tourne entre nous. Le pilote de sécurité va avoir la radio pour annoncer l’entrée éventuelle d’un autre avion dans le volume d’entraînement, ou alerter sur la présence d’oiseaux, qui est un danger permanent pour tous les avions. » 

Au sol, le capitaine Geoffrey Denis et le photographe sergent-chef Jean-Baptiste Pasquet veillent au bon déroulement de l'entraînement.
Au sol, le capitaine Geoffrey Denis et le photographe sergent-chef Jean-Baptiste Pasquet veillent au bon déroulement de l'entraînement.
Le capitaine Denis n’est pas sans savoir que, il y a à peine deux semaines, deux avions de la Patrouille de France sont entrés en collision lors d’un entraînement en Haute-Marne. « La sécurité, ça fait partie des choses fondamentales quand on fait ce métier. Dès le briefing, on s’y prépare. Mais avec l’entraînement qu’on suit et le professionnalisme qui est le nôtre tout au long de notre formation, on garde ça dans un coin de notre tête, et toutes les choses sont mises en œuvre pour que ça se passe bien. » Une fois la session d’entraînement terminée, l’équipe dérushe les vidéos pour corriger ce qui a lieu de l’être : « Et après la priorité liée à la sécurité, « on fait de l’affinage esthétique, pour avoir le plus beau rendu possible pour le public ».

Ces avions conçus pour la haute voltige sont des Extra 330.
Ces avions conçus pour la haute voltige sont des Extra 330.
Ces meetings aériens proposés par l’Armée de l’air et de l’espace ne passeront pas par la Corse cet été. Mais chaque année, en avril, leurs pilotes viennent sur la base militaire de Solenzara-Ventiseri, où ils trouvent les conditions propices à leur entraînement maritime. « Comme on est basé à Salon-de-Provence, il n’y a que la Méditerranée à traverser », remarque le capitaine Denis. Il évoque les spécificités d’un stage maritime : « Au-dessus de la terre, on a des repères fixes. En mer, il y a ce que l’on appelle l’effet miroir, soit du plat, ce qui fait qu’on peut avoir du mal à appréhender les distances verticales. »

 

Les collégiens de Biguglia participent cette année à un projet pédagogique, en étroite collaboration avec la base aérienne de Solenzara.
Les collégiens de Biguglia participent cette année à un projet pédagogique, en étroite collaboration avec la base aérienne de Solenzara.
Sur la plage, les collégiens de Biguglia ont apprécié le spectacle, comme Mathis : « Ils ont fait de super belles figures. Quand on regarde d’en bas, on croit parfois qu’ils vont se crasher, mais on voit qu’ils sont expérimentés et que tout est coordonné. » Alizée se dit impressionnée : « Quand on pilote un avion de meeting aérien, il faut faire confiance en ses compétences, mais aussi en celles de ses collègues, car ils ont le fil de votre vie entre leurs mains. » L’ambition pédagogique du projet Delta ne pouvait pas trouver meilleure illustration.