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"Nous ne tomberons pas dans le piège de Paris." À Bastia, Corsica Libera vent debout contre le Gouvernement


Thibaud KEREBEL le Mardi 13 Décembre 2022 à 17:27

Après l'interpellation de sept militants la semaine dernière, puis l'incarcération vendredi de son ancien cadre Charles Pieri pour "association de malfaiteurs terroristes", Corsica Libera a tenu une conférence de presse à Bastia, ce mardi 13 décembre. L'objectif du parti est clair : tenir face aux pressions, et garder un mouvement national uni.



Corsica Libera à son siège de Lupino :
Corsica Libera à son siège de Lupino :
Symboliquement installés dans leurs locaux de Lupino, perquisitionnés lundi 5 décembre dans le cadre d’une enquête du parquet national antiterroriste de Paris, les principaux représentants de Corsica Libera ont donné une conférence de presse ce mardi 13 décembre, à Bastia, pour marquer une nouvelle fois leur contestation à l’égard du gouvernement français. « Politique coloniale », « république bananière », les qualificatifs n’ont pas manqué pour décrire la position tenue par l’État à l’égard de la Corse, depuis la vague d’interpellations survenue dans le milieu nationaliste. « Il y a une volonté de museler et de criminaliser l’expression politique de Corsica Libera, nous le dénoncions déjà la semaine passée. Et tous les éléments qui ressortent des gardes à vue le confirment », s’est indigné Petru-Antone Tomasi, porte-parole du parti.

Car vendredi dernier, six militants de Corsica Libera, dont trois membres de l’exécutif, ont été mis en examen puis laissés libres sous contrôle judiciaire. « Toutes les auditions, sur une commission dite antiterroriste, ont tourné autour de leurs convictions politiques, de l’organisation et du fonctionnement du parti », relate le porte-parole. Une vaste action qui, à en croire l’ensemble des représentants présents lors de la conférence de presse, a pour but, en réalité, de « mettre à mal la crédibilité et la franchise » de Corsica Libera. Donc par extension, de l’ensemble du mouvement nationaliste. « Nous ne tomberons pas dans le piège de Paris, qui est celui de la division. Nous souhaitons que le mouvement national reste uni », a complété Josepha Giacometti-Piredda, représentante à l’assemblée territoriale.

« Il va y avoir des demandes de mise en liberté concernant Charles Pieri »

Outre cette volonté de dénoncer une « police des idées » et un « délit d’opinion » de la part de l’État, Corsica Libera a également mis en lumière la condition de Charles Pieri qui, contrairement aux six militants libérés, a quant à lui été placé en détention à l’issue de sa garde à vue. L’ancien cadre du parti, ex-leader présumé du FLNC, est incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis depuis vendredi soir, « l’une des plus sinistres prisons françaises », dixit Petru Antone Tomasi, malgré ses « graves problèmes de santé ». Âgé de 72 ans, sa situation comporterait « des risques évidents d’accidents mettant en jeu sa vie », a affirmé son médecin, présent à la conférence de presse. « Il va y avoir des demandes de mise en liberté concernant Charles Pieri », a précisé, de son côté, Marc-Antoine Luca, l'avocat en charge du dossier.

Également interrogé sur la position de Femu a Corsica dans toute cette affaire, Petru-Antone Tomasi n’a pas attisé les flammes, invitant plutôt à la responsabilité personnelle. « Aujourd’hui, le gouvernement entre dans une phase de répression active. Et en même temps qu’il renvoie des militants en prison, il distribue des bons points à d’autres, pour être clair, à la majorité territoriale actuelle. Mais chacun prend ses responsabilités, nous n’avons pas à dire ce que doivent faire Femu a Corsica et Gilles Simeoni. » En toile de fond, un appel à l’union, afin de contrecarrer la « stratégie de division du mouvement national » menée par le gouvernement, visant à « réduire au silence toute démarche de résistance face à la disparition programmée de notre peuple ».