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Montescudaio : L’Hymne qui vient de Corse


Michela Vanti le Lundi 18 Janvier 2016 à 11:35

En écoutant souvent chanter le Dio Vi Salvi Regina pendant les fonctions religieuses de l’Abbaye de Montescudaio, commune toscane de deux mille habitants, le chercheur Aurelio Pellegrini, a décidé de découvrir d'où il venait ce chant et il a constaté que ...



Montescudaio, Pise
Montescudaio, Pise

« Qui pendant les messes à l’église de la Santissima Annunziata entonne le "Dio Vi Salvi Regina" chante, sans le savoir, un hymne de la révolution corse. ».
Voici ce qu'a découvert et raconté, pendant un colloque, à ses concitoyens l’historien Aurelio Pellegrini.
La nouvelle a étonné les pieuses femmes de la petite ville de Montescudaio car, depuis des décennies, voire des siècles,  le Salve Regina est chanté chaque dimanche.
Selon ce chercheur, l’hymne corse est aussi chanté dans d'autres endroits de la Toscane. Aurelio Pellegrini, historien et chercheur, est aussi l'ancien maire de la ville. Passionné d’histoire il a étudié les phénomènes migratoires entre Corse et Toscane au cours des derniers siècles et plus précisément durant le dix-huitième. Son hypothèse est que l’hymne corse serait arrivé jusqu’aux collines pisanes de Montecudaio par l'intermédiaire de la famille Cancellieri, propriétaires fonciers et notables de la région, qui s’étaient installés dans cette petite ville après avoir quitté la Corse.


Très probablement la famille de Benedetto Cancellieri, a ramené en Toscane ce chant italien écrit en 1675 par le père jésuite napolitain Saint Francesco De Geronimo, et adopté comme hymne national par la Corse le 30 janvier 1735 .
« Le nom Cancellieri est très répandu en Corse - explique l'historien. Les membres de cette famille qui s’installèrent à Montescudaio, arrivèrent certainement de Corse, même s'ils étaient sûrement originaires de Pistoia. Pendant le XVIIIème siècle les migrations ont été intenses, beaucoup des toscans, en hiver, quittaient l’Italie pour aller travailler en Corse comme agriculteurs ou charbonniers, puis ils retournaient à la maison l'été. Les Cancellieri, comme d'autres, ont dû décider de rester en Corse pour faire retour, bien plus tard, en Italie.».



Selon l’historien, outre le Dio vi Salve Regina, les Cancellieri auraient ramené de Corse deux splendides sculptures en terre cuite, une figurant la Vierge et l’autre l'Ange de l'Annonciation, aujourd’hui abritées dans l’église Santissima Annunziata de Montescudaio.
Selon le chercheur toscan, ces statues datent du XVIIe siècle mais pour en avoir la certitude la municipalité a envoyé à analyser des fragments des œuvres au CNR (Conseil national de recherches de Rome). La science permettra de dater les statues avec une probabilité d’erreur de 15%.
L’hypothèse qu’elles soient du dix-huitième siècle pourrait donner vie à une théorie suggestive : les Corses se rebellèrent contre Gênes qui, pour se venger, détruisit des monastères et le sanctuaire de l'Annonciation dans le village de Centuri, la seule église corse ravagée par les Génois.
Les Cancellieri récupérèrent ces statues et les transportèrent avec eux, jusqu'à la province de Pise, là où l'histoire de la Corse se croise souvent avec celle d'Italie…