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Mois sans tabac : " en Corse, le cancer du poumon entraîne une surmortalité par rapport au continent"


le Mercredi 2 Novembre 2022 à 19:33

Novembre marque comme chaque année l’entrée dans le « Mois sans tabac ». Un évènement qui a pour intérêt de démontrer qu’il est toujours possible de stopper le tabac, surtout quand on en connait ses effets. Le plaidoyer du docteur Franck Le Duff, directeur du Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers (CRCDC) de Corse.



(Photo Pixabay.com)
(Photo Pixabay.com)
30 jours pour arrêter de fumer. Le défi est lancé chaque année en novembre à l’occasion du « Mois sans tabac ». Une opération qui a en premier lieu pour objectif de démontrer que stopper la cigarette est toujours possible, peu importe à quel point on est accro.  
« Des études montrent que si on s’arrête de fumer pendant un mois, on a plus de 20% de chance d’arrêter la consommation de tabac à l’issue de celui-ci », pose le Dr Franck Le Duff, directeur du Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers (CRCDC).
Afin de ne pas craquer, pour passer ce premier cap mieux vaut parfois se faire aider. « Un fumeur peut solliciter son médecin généraliste, ou un professionnel tabacologue qui pourra l’accompagner dans sa démarche. Les pneumologues, même s’ils sont très sollicités, peuvent aussi aider à comprendre comment on arrête », indique le docteur Le Duff.  Pour mettre toutes les chances de son côté, Tabac Info Service propose également un kit d’arrêt sur son site Internet, du e-coaching à travers son application mobile ou encore un suivi téléphonique avec un tabacologue au 39 89.
 
Mais au-delà des nombreux accompagnements proposés à cette occasion, le Mois sans tabac vise aussi à faire prendre conscience que fumer est loin d’être un acte anodin. « Nous connaissons l’impact du tabac », explique ainsi le Dr Le Duff en détaillant : « C’est le premier facteur de risque du cancer du poumon et de la vessie. Mais il est aussi responsable d’autres pathologies comme le cancer du sein, du colon et même du pancréas. Il est aussi impliqué dans les artériopathies, et toutes les pathologies vasculaires comme les AVC, ou encore les infarctus du myocarde. C’est donc vraiment un très gros facteur de risque ».
 
En Corse, la surconsommation de tabac est à ce titre un problème majeur. « Les méfaits du tabac sont bien connus ici car les prix y sont moins chers et donc les gens en consomment plus, c’est un fait. On fume beaucoup en Corse, en particulier les femmes. Cela a un impact au niveau des cancers des poumons pour lesquels nous avons une sur incidence par rapport au continent », souligne le directeur du CRCDC. « Santé Publique France a d’ailleurs fait une étude épidémiologique très précise sur le cancer du poumon sur le territoire corse. On y voit bien que l’on a une surmortalité par rapport au continent, et encore plus chez la femme que chez l’homme », appuie-t-il. Une situation inquiétante qui a conduit récemment au développement du projet de dépistage ACAPULCO, comprendre Agir contre le CAncer PULmonaire en Corse.
 
Aujourd’hui encore, le cancer du poumon reste la première cause de mortalité par cancer dans le monde, avec un sombre pronostic d’un taux de survie de 15% à 5 ans. « Le cancer du poumon tue. C’est un cancer qui n’est pas facile à soigner. Donc il y a tout intérêt à arrêter de fumer, et à se faire dépister le plus tôt possible car les chances de guérison seront meilleures », martèle le Dr Le Duff en installant encore : « Même si on fume depuis très longtemps, il y a toujours un intérêt à arrêter.  On réduit en effet rapidement son risque d’avoir un cancer du poumon, quel que soit l’âge auquel on arrête le tabac. L’arrêt du tabac est bénéfique à tous les âges ».