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Michel Stefani : « Portu Novu ou comment passer du baccalà à la morue »


Nicole Mari le Samedi 20 Avril 2019 à 07:43

Le débat sur le projet du port de la Carbonite alimente, depuis plusieurs années, la même polémique entre ses partisans – en l’occurrence l’ancienne municipalité de Bastia, la Chambre de commerce et d’industrie de Haute-Corse et l’actuelle opposition municipale et territoriale – et ses détracteurs : la majorité nationaliste, le maire de Bastia, et les défenseurs de l’environnement. Le secrétaire régional du Parti communiste, Michel Stefani, accuse, dans un communiqué, les Nationalistes de « rétropédalage » et de ressusciter sous un autre nom "Portu Novu" le projet tant décrié.



L'actuel port de commerce de Bastia.
L'actuel port de commerce de Bastia.
Voici le communiqué :

« Les élus nationalistes sont coutumiers du fait. Depuis qu’ils ont renversé la « citadelle bastiaise » après une alliance contre nature, ils changent les intitulés des projets, portés par la mandature précédente, pour en définitive revenir à peu de choses prés à ce qu’ils dénonçaient du temps où ils étaient dans l’opposition.
Nous sommes quelques uns présents, lors du « Place Publique » consacré au futur port de Bastia, à avoir pu le vérifier. On ne dira plus le « port de la Carbonite » mais « Portu Novu » et pour bien signifier l’importance du changement, l’implantation serait corrigée de quelques dizaines de mètres en remontant au nord « afin de préserver la plage de l’Arinella ».
Sachant que les études préparatoires ne sont pas les études pré-opérationnelles destinées à éclairer le détail, l’argument est louable sans faire la démonstration convaincante que l’existence de la plage de l’Arinella était plus menacée dans le projet initial. Celui-ci avait été validé par le Conseil général de l’environnement et du développement durable à la suite du débat public conduit sous l’autorité de la Commission nationale en 2007.
Les études complémentaires de courantologie commandées par la CTC à la demande des élus nationalistes après une délibération votée en 2014 n’ont donc rien précisé de plus que les précédentes mais elles ont, nous dit-on, rassuré ceux qui les voulaient à l’époque.
En définitive, il aura fallu 5 années pour passer du baccalà à la morue.
La question n’est pas l’inertie supposée des uns ou des autres comme nous l’avons entendu les autres étant plus soupçonnables que les uns mais plutôt d’identifier d’où viennent les blocages et de les lever. En ce sens, il est question de volonté politique et de vision d’aménagement qui permette de se projeter dans le siècle. Si le bassin Saint Nicolas à plus de 100 ans, celui qui lui succédera devrait s’inscrire dans une phase temporelle identique.
Alors oui, il s’agit de réaliser un investissement majeur qui permette à Bastia de sortir de l’asphyxie au bénéfice d’une infrastructure portuaire moderne et multimodale, sécurisée et équipée de système antipollution. Sur ce plan, du temps a bien été perdu puisque le port fonctionne sous dérogation depuis plus de 20 ans. Les premiers à le vivre sont les usagers quotidiens : armateurs, lamaneurs, dockers, transporteurs, officiers de port en charge de l’accostage des navires dans des conditions périlleuses pas seulement les jours de grand vent. La population du grand Bastia elle le subit avec les embouteillages et la pollution.

Michel Stefani, secrétaire régional du PCF.
Michel Stefani, secrétaire régional du PCF.
Comment ne pas s’interroger, tout autant, sur les risques encourus en cas de sinistre grave pour accéder au port, sinon par la mer, avec des moyens de secours aux personnes quand les terre-pleins du port sont encombrés par des centaines de véhicules à peine débarqués et ceux pas moins nombreux dans le sens opposé pour embarquer. La congestion s’opère des lors et en s’élargissant elle gagne l’ensemble du réseau routier jusqu’à la paralysie totale.
Par conséquent, il ne suffit pas de croiser les doigts. « Gouverner c’est prévoir » et ici anticiper étant entendu que le niveau de saturation est déjà très élevé. Gageons qu’il n’y aura pas (ou plus) de temps perdu. La méthode sera celle de l’action en « temps masqué ». La formule est connue mais au-delà de la clause de style la question qui se pose aux bastiais porte désormais sur l’exercice des responsabilités et surtout sur la capacité à les exercer par la majorité municipale nationaliste.
Le maire de Bastia récemment expliquait qu’il était possible d’envisager l’aménagement de la ville sans connaitre l’implantation du port mais aussi surprenant que cela puisse paraître il affirmait avant cela n’être « ni pour ni contre » le projet. Dans cette interview à Corse net info (23/08/2016), il dévoilait sa pensée : « Le jour où Bastia tissera de vrais liens économiques avec la Toscane, l’Italie et l’Europe, un seul bateau pourra toucher trois fois Livourne dans la journée. Dans ce cas-là, le grand port, quelle serait sa raison d’être ?... ».
Les annonces faites par le président de l’Exécutif si elles montrent un rétropédalage indiscutable ne lèvent pas ainsi le doute sur la volonté politique de la majorité municipale comme de la majorité régionale d’autant plus que l’Assemblée de Corse n’en pas été saisie. Dans le calendrier les municipales viendront le 22 mars 2020 soit bien avant que les deux institutions directement concernée n’aient pris position. Au jeu de la montre les bastiaises et les bastiais auront la possibilité de siffler la fin de la partie en choisissant une équipe municipale qui, sans raconter des balivernes, se battra clairement pour la réalisation de ce nouveau port d’intérêt régional à la Carbonite et par la même pour Bastia. »