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Marlène Schiappa : " Je viens en Corse pour faire le point sur les dispositifs de lutte contre les violences intrafamiliales"


M.V. le Mercredi 19 Janvier 2022 à 20:35

Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté, sera en Corse jeudi 20 et vendredi 21 janvier pour vérifier la mise en œuvre des dispositifs de lutte contre les violences intrafamiliales et échanger avec les acteurs de terrain. L’occasion, aussi, de rencontrer les élus insulaires à 80 jours du premier tour de l'élection présidentielle.



Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté. Photo Michel Luccioni
Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté. Photo Michel Luccioni
- Quelle est la raison de votre visite en Corse ?
- Je viens en Corse pour faire le point sur les dispositifs de lutte contre les violences intrafamiliales, mais aussi échanger avec 20 policiers arrivés récemment au commissariat de Bastia dont deux vont gérer spécifiquement les prises de plainte des victimes. Lors de mes rencontres de jeudi, je ferai aussi le point sur les besoins et le déploiement dans le département du "téléphone grand danger" et des bracelets anti-rapprochement. Vendredi, j’irais à Bonifacio remettre l’ordre national du Mérite au maire, Jean-Charles Orsucci. L'après-midi, je serai à Porto-Vecchio pour l'inauguration de la Maison de protection des familles, et ensuite à Sotta pour présenter la camionnette de la gendarmerie nationale qui servira à la prise de plainte hors les murs en ruralité. Ce bus mobile permet aux gendarmes de se déplacer jusqu'aux femmes pour qu’elles puissent déposer plainte.

- La lutte contre les violences faites aux femmes était une grande cause du quinquennat d'Emmanuel Macron. Quel bilan dressez-vous de l’action du gouvernement ?
- C’est la première fois sous son quinquennat que le sujet de la lutte contre les violences faites aux femmes s'est imposé dans le débat public et est devenu une priorité politique. Cela n’avait jamais été le cas auparavant. Avant, on pensait que cette question relevait un peu de la fatalité, Emmanuel Macron, en a fait une priorité. D'abord, le Grenelle des violences conjugales, que j’ai lancé et mis en place, a permis de travailler avec beaucoup d’acteurs, de professionnels de la santé, la justice, les forces de l’ordre et les associations pour améliorer la situation. Cela s'est traduit, ensuite, à travers des évolutions législatives importantes, notamment le bracelet anti-rapprochement, l’augmentation des ordonnances de protection, le téléphone grand danger, la saisie des armes lors de la plainte de la victime... Désormais, les policiers et les gendarmes sont formés, ce n’était pas le cas avant. On a élaboré des grands textes de loi qui peuvent être mis au bilan de l'action du gouvernement. La prise en charge d’une femme, qui signale une violence en 2022, s'est considérablement améliorée par rapport à 2017. Ce n’est évidemment pas suffisant parce qu'il y a encore trop de féminicides et de violences conjugales. Ces phénomènes existent depuis l’Antiquité, il nous faudra plus de cinq ans pour les éradiquer.

- La Haute-Corse est un territoire pilote pour le dépôt de plainte « hors les murs ». Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi ce département ?
- Je suis Corse et j’ai voulu faire en sorte que ce dispositif soit expérimenté sur l’ile, car on sait qu'un territoire insulaire a des particularités. C’est pour une femme plus difficile d’aller dans un commissariat ou une gendarmerie en Corse que sur le continent. Déjà, ce n’est pas dans la culture historique de faire appel aux forces de l’ordre, et puis tout le monde se connait, tout le monde vous voit y aller, vous demande pourquoi... La plainte hors les murs, expérimentée en Haute-Corse, permet aux victimes de violence de déposer plainte là où elles le souhaitent : par exemple, dans un cabinet d’avocat, chez un ami, au travail… C’est très important de les mettre en confiance. A Nice, le Président de la République a annoncé que cette expérimentation sera généralisée à toute la Corse. Le gouvernement veut tout faire pour que les femmes puissent déposer plainte. En Haute-Corse, le dispositif semble bien fonctionner.

- Qu'aimeriez-vous faire de plus pour défendre cette cause ?
La Corse est encore en deuil de Julie Douib, cette femme de L'Ile Rousse qui avait déposé 7 plaintes, dont aucune n'avait donné lieu à une transmission à la justice… Cette histoire me met encore hors de moi ! On s’est dit avec le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, que 100% des plaintes devaient désormais être prises, qualifiées et, toutes sans exception, transmises à la justice. 
 
- L'autre sujet d'actualité est l'élection présidentielle. En tant que ministre chargée de la Citoyenneté, comptez-vous mettre en place des actions pour lutter contre l’abstention ?
- Je pense qu'en Corse, ce problème ne se posera pas. Les Corses sont un peuple très politique avec une histoire forte. La Corse a eu la première Constitution écrite du monde, avant les Etats Unis… Elle a eu la première femme à siéger dans un Conseil municipal, Renée Périni-Pagès, la soeur de Danielle Casanova, à qui j'ai rendu récemment hommage au ministère en présence de nombreux élus insulaires. En Corse, on est très attaché à ce devoir de Citoyenneté, au fait de pouvoir s’occuper de la vie civile et du bien commun, j’aimerais que soit le cas partout. Le gouvernement travaille à une nouvelle carte électorale. Nous avons mis en place un dispositif pour faciliter la procuration sur le site www.maprocuration.fr et permettre aussi de de territorialiser la démarche. Par exemple, si j’habite à Solenzara et que mes enfants habitent à Nice ou à Marseille, je peux désormais leur donner ma procuration pour qu’ils votent aux présidentielles. 
 
- Profiterez-vous de ce voyage dans l'île pour inciter les Corses à soutenir la candidature d'Emmanuel Macron ?
- Je vais rencontrer des maires qui s’interrogent sur la possibilité de soutenir et de parrainer Emmanuel Macron. On sait que les élus corses sont des élus très libres qui accordent leur soutien à qui bon leur semble, pas par habitude, mais parce qu'ils ont été convaincus, je vais donc échanger avec eux… Je vais rencontrer le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, homme fort de la majorité présidentielle. Après, je suis respectueuse de la démocratie et des élus. J’ai aussi beaucoup échangé avec Gilles Simeoni qui a des divergences avec le gouvernement, mais qui défend avec force les intérêts de la Corse. Il a raison, car c’est son rôle. Il est aussi engagé au-delà des clivages pour la protection des femmes contre les violences. Je sais que c’est un sujet qui lui tient vraiment à coeur, on échange souvent tout au long de l’année pour voir comment protéger les femmes corses. 

- Personnellement, serez-vous candidate à Paris pour les élections législatives ?
- J’ai été candidate à Paris dans le XIVe pour les municipales de 2020, et tête de liste du parti présidentiel dans la section de Paris pour les élections régionales de 2021 en Ile-de-France … mais, pour l’instant, je ne me suis pas posée cette question. Je me concentre, d’abord, sur l'élection présidentielle. Ma priorité, c'est qu'en avril, le Président de la République soit réélu.

- Ce jeudi, une nouvelle action des députés demandera le rapprochement du commando Erignac.  Quelle est votre position sur le sujet ?
J’ai une position personnelle qui n’a pas changé avec mon entrée au gouvernement. Je pense que la sanction, qui est décidée par la justice, s’applique à la personne qui est condamnée, pas à sa famille. Comme je l’ai dit, je suis très attachée aux liens familiaux et je pense que c’est très important que les épouses, les parents, les enfants des détenus puissent leur rendre visite.

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