Pour pénétrer dans les locaux, il faut passer par une petite porte, presque dissimulée, à une centaine de mètres de l’entrée de la gendarmerie. Et ce n’est pas dû au hasard. La nouvelle Maison de protection des familles, créée pour lutter contre les violences intra-familiales, s’organise autour d’une idée : proposer le service le plus adapté à la population. « On sait que certaines victimes ne vont pas porter plainte par peur d’être vues à la gendarmerie », explique le lieutenant-colonel Riethmuller. « Donc on a tout fait pour être détachés de ça. Les locaux sont dans l’enceinte de la gendarmerie, mais dans la partie résidentielle, un peu à l’écart. Ça libère certains d’un poids. »
Concrètement, la mission de cette unité de protection des familles repose sur deux axes : accueillir les victimes de violences intrafamiliales, puis les suivre sur le long terme dans leur combat. « Se faire auditionner c’est un premier pas, mais derrière, on sait que malheureusement, les victimes retournent souvent au domicile. Donc il faut les accompagner, en les mettant en relation avec des associations », complète Cendrine Delattre, la commandante de cette nouvelle unité. Violences sexuelles, physiques, psychologiques... rien ne doit être négligé.
Les femmes et les 18-25 ans : deux populations très touchées
Et alors que les derniers travaux sont en train se terminer dans les locaux de Bastia, afin de créer le lieu le plus accueillant possible, l'implication sur le terrain a déjà commencé. « On a fait plusieurs déplacements pour des auditions de mineurs dans des villages aux alentours », développe Cendrine Delattre. « Notre secteur, c’est toute la Haute-Corse, hormis Bastia. Et à terme, même quand on aura des locaux fonctionnels, on mettra l’accent sur le déplacement. L’idée, c’est vraiment d’aller chercher les victimes qui ne viendraient pas d’elles-mêmes. »
L’équipe composée de quatre personnes dispose donc d’un matériel mobile, permettant de prendre des dépositions à l’extérieur de la gendarmerie. « Ça peut être pour voir des personnes âgées en EHPAD par exemple. Et pour rassurer la personne, on peut se déplacer en civil si il faut. »
Afin de venir en aide aux personnes dans le besoin, l’unité met également en place des actions de prévention. « Parfois, après une séance d’explications dans un lycée, des jeunes viennent nous voir, car ils se rendent compte qu’ils sont victimes de violences. Et là, on est en mesure de les aider », explique le lieutenant-colonel Riethmuller. « D’autant que d’après les statistiques nationales, les 18-25 ans sont les populations les plus touchées par les violences intra-familiales. » À l’échelle du pays, sur le plan du genre, ce sont les femmes qui concentrent le plus de cas, puisqu’elles représentent 80 % des victimes.
Une unité dans chaque département
À partir de décembre 2022 -date de l’inauguration officielle des locaux de Bastia-, la Corse disposera donc de deux Maisons de protection des familles, puisqu’en 2021, la première de la région avait vu le jour à Porto-Vecchio. « Depuis 2019, le gouvernement impose la mise en place d’au moins une unité dans chaque département », explique Cendrine Delattre. « Il y en avait une en Corse-du-Sud, et c'est maintenant chose faite en Haute-Corse. On se sert d'ailleurs de l'expérience de l'unité de Porto-Vecchio. On travaille à partir de leurs retours. » Le chemin est encore long, mais les moyens sont là.
Le numéro de téléphone de la maison de protection des familles est le suivant : 04 95 54 50 44.
En cas d’urgence, composez le 17.
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