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Loi Duplomb : les médecins libéraux de Corse alertent sur les risques sanitaires et environnementaux


VL le Lundi 4 Août 2025 à 18:19

Alors que la pétition contre la loi Duplomb a franchi les deux millions de signatures et que le Conseil national de l’ordre des médecins s’y oppose publiquement. Sur l'ile, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Médecins libéraux de Corse dénonce à son tour une remise en cause du principe de précaution et du lien entre santé humaine et environnementale.



Photo d'illustration des manifestants brandissent des pancartes lors d’un rassemblement contre la loi Duplomb, près de l’Assemblée nationale, à Paris, le 27 mai 2025. CRÉDIT PHOTO AFP
Photo d'illustration des manifestants brandissent des pancartes lors d’un rassemblement contre la loi Duplomb, près de l’Assemblée nationale, à Paris, le 27 mai 2025. CRÉDIT PHOTO AFP

La contestation contre la loi Duplomb, adoptée définitivement le 8 juillet dernier, ne cesse de prendre de l’ampleur. Portant notamment sur la réintroduction encadrée de l’acétamipride, un insecticide interdit en France depuis 2018, la loi fait l’objet de critiques croissantes dans le monde médical. Ce lundi, la pétition déposée sur le site de l’Assemblée nationale a franchi les deux millions de signatures, et le Conseil national de l’ordre des médecins a pris position mercredi 30 juillet. Dans un communiqué, il estime que « les alertes ne peuvent être ignorées » et déplore « l’écart persistant entre les connaissances scientifiques disponibles et les décisions réglementaires », y voyant une atteinte au principe constitutionnel de précaution. Le Conseil rappelle que ce décalage « compromet l’application effective du principe constitutionnel de précaution », et fait écho aux mises en garde formulées notamment par la Ligue contre le cancer, qui évoque des risques sanitaires graves associés à cette substance.

En Corse, la voix du corps médical s’est également élevée. Dans un communiqué publié ce lundin 4 aout par l’URPS Médecins libéraux de Corse, son président, le docteur Laurent Carlini, alerte sur les dangers de cette décision. L’acétamipride, comme les autres néonicotinoïdes interdits en France depuis 2018, est désigné comme nocif pour les abeilles et plus largement pour l’équilibre écologique.  Mais au-delà de l’impact sur les pollinisateurs, les médecins corses pointent les risques pour la santé humaine, s’appuyant sur les rapports de l’Inserm de 2013 et 2021, qui ont établi une forte présomption de lien entre l’exposition aux pesticides et de nombreuses pathologies, notamment certains cancers pédiatriques, les leucémies ou encore des maladies neurodégénératives.

Le communiqué souligne que la loi Duplomb remet en cause un fondement essentiel de la santé publique contemporaine : le principe de « One Health » (une seule santé). Ce concept, développé au début des années 2000, repose sur l’idée que la santé de l’homme, des animaux et de l’environnement sont interdépendantes. « La santé animale, végétale, la santé de l’environnement et celle des humains sont intimement liées », rappelle l’URPS de Corse. Selon l'instance, cette approche doit continuer à guider les décisions publiques : « Le principe de précaution impose une réflexion exigeante à la hauteur des enjeux sanitaires, environnementaux et agricoles ». Et d’ajouter : « Il ne peut y avoir de place pour le doute ou le hasard ».

Dans un contexte où les effets des pesticides sur les écosystèmes et la santé sont de plus en plus documentés, les médecins libéraux de Corse s’inquiètent d’un retour en arrière réglementaire, contraire aux efforts menés depuis plus d’une décennie pour restreindre l’usage des substances chimiques les plus controversées. Leur position s’inscrit dans une contestation désormais partagée à l’échelle nationale, par des associations, des professionnels de santé, des chercheurs et des citoyens.

Le débat autour de la loi Duplomb pourrait se prolonger, d’autant que la pétition populaire continue de recueillir des soutiens et que plusieurs organisations appellent à un moratoire ou à une abrogation partielle du texte.