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Les vrais chiffres de l’impact de la crise sanitaire sur le tourisme corse


MV le Mercredi 20 Janvier 2021 à 08:22

Durement touché par l’épidémie de la Covid-19, le secteur du tourisme enregistre une année noire en Corse. Pour preuve, selon les derniers chiffres de l’Insee, les nuitées en hôtel ont été plus que divisées par deux entre avril et septembre 2020, par rapport à l’année passée. Durant le premier confinement, les réservations étaient logiquement quasi nulles. Mais le déconfinement et la levée des limitations de déplacements, cumulés aux vacances scolaires ont permis au secteur de l’hôtellerie de redémarrer l'été.
Tous les chiffres



La crise sanitaire a balayé l’avant-saison touristique : - 98 % en avril

Après les deux premiers mois de l’année, où la fréquentation hôtelière est sensiblement la même qu’en 2019, l’activité s’effondre, avec le confinement et les interdictions de déplacements, le nombre de passagers maritimes et aériens à l’avant-saison baisse dès le mois de mars pour être quasi-nul en avril et mai (- 98 et - 95 %).

Quatre hôtels sur cinq fermés au printemps
Ainsi de nombreux hébergements sont contraints de ne pas ouvrir au printemps ou de fermer en raison de l’absence de clientèle. En avril comme en mai 2020, parmi les 400 hôtels du parc insulaire, quatre hôtels sur cinq sont fermés.
Pour ceux restés ouverts, le taux d’occupation des chambres est très faible, la Corse est d’ailleurs la région où les taux d’ouverture des établissements (18 %) et les taux d’occupation des établissements ouverts (7 %) sont les plus bas de France en mai. Ainsi, les mesures sanitaires ont entraîné une chute brutale du nombre de nuitées. La perte est de - 98 % en avril, par rapport au même mois en 2019. Cette tendance se prolonge le mois suivant (- 99 % des nuitées).


Chute de recettes
Cette chute de la fréquentation se traduit dans les recettes des hôtels. En janvier et février, le chiffre d’affaires des hôtels se maintient puis se réduit fortement en mars (- 65 %) . En avril et mai, il accuse respectivement une baisse de 84 % puis de 94 % par rapport à 2019.

Même bilan pour la restauration
La restauration connaît au premier semestre une situation très similaire. En début d’année, l’activité surpasse celle de l’année précédente (+ 8 %). Cependant, cette tendance s’inverse avec les mesures sanitaires et l’arrêté du 15 mars 2020 qui acte la fermeture des bars et des restaurants à l’exception de leurs activités de livraison et de vente à emporter. Dès cette période, le chiffre d’affaires est inférieur de 60 % au même mois de 2019 puis il chute de 96 % en avril et de 93 % en mai.

500 emplois détruits
Par ailleurs, les déclarations préalables à l’embauche (DPAE) chutent drastiquement dès avril (-84 %). Le secteur touristique étant à l’arrêt avec la mise en place du confinement, les entreprises ne recrutent pas, notamment les saisonniers.
Ainsi, dès le premier trimestre, l’emploi salarié se dégrade dans l’hébergement-restauration (-5,2 %) avec plus de 500 emplois détruits. Au second trimestre, l’emploi se contracte fortement (-31,5 %), quatre fois plus qu’en moyenne nationale (-7,6 %).

Un été presque normal

En juin
Malgré la levée du confinement, en juin, le nombre de passagers reste toujours très en deçà de son niveau de référence. Les transports ne reprennent réellement que mi-juin après la suppression de l’attestation obligatoire de déplacement pour arriver sur l'île. La perte atteint encore 80 % pour les passagers aériens et 68 % pour les passagers maritimes.
Le nombre de nuitées enregistré dans les hôtels corses augmente passant de 4 500 en mai à 81 000 en juin mais reste toutefois très faible avec 17 % de son niveau de 2019.
 

Août, le mois le plus proche de la normale

Avec l’arrivée des vacances scolaires, la reprise se confirme. La baisse du nombre de voyageurs dans les transports se limite à 31 % en juillet et à 19 % en août. Le retour des touristes influe sur les taux d’occupation des hôtels qui augmentent à nouveau : la moitié des chambres offertes sont occupées en juillet et plus des trois quarts en août. En termes de nuitées, la fréquentation hôtelière insulaire reste très en deçà de son niveau de 2019 en juillet (- 35 %) mais s’en rapproche le mois suivant (- 15 %).
Au cœur de la saison, les hôtels classés de 3 à 5 étoiles semblent moins pénalisés que les autres. La baisse des nuitées s’établit à 12,8 % pour les hôtels les plus étoilés, soit moitié moins que les autres catégories (- 21,0 %). Le déclin de fréquentation est essentiellement dû à la clientèle en provenance de l’étranger qui n’a pas souhaité ou pu accéder à l’île, en raison des restrictions des déplacements internationaux. En effet, sa fréquentation diminue de trois quarts. En revanche, le nombre de nuitées françaises recule de 16 % en juillet et augmente même de 4,7 % en août par rapport à 2019. Les hôtels de Corse bénéficient ainsi dans ce contexte sanitaire mondial difficile, de l’arbitrage de la clientèle nationale pour des vacances en France plutôt qu’à l’étranger.
Dans les autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT), les nuitées baissent de 30 % en juillet et 21 % en août. Dans ces hébergements, c’est également la clientèle étrangère qui fait le plus défaut.

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Une embellie de courte durée avec l’arrivée de la seconde vague

Le mois de septembre qui aurait pu lancer une arrière-saison dynamique se termine par le passage brutal de l’île en zone rouge sur la carte de vigilance sanitaire. Cela freine les arrivées sur l’île : le transport maritime de passagers baisse de 33 % et le trafic aérien de 20 %.
Dans l’hôtellerie, même si la situation se dégrade légèrement à la fin du mois, septembre affiche un meilleur bilan que juillet : le taux d’occupation est de 62 % et le nombre de nuitées est inférieur de 24 % à son niveau de 2019 ; la perte atteint seulement 3,7 % de la clientèle française. Dans les AHCT, la situation reste aussi dégradée en septembre qu’en août (- 21 % de nuitées par rapport à 2019).
Le repli du chiffre d’affaires s’accroit légèrement dans l’hôtellerie (- 17 %) mais se contracte dans la restauration (- 6 %).
Le recours au chômage partiel concerne également la même proportion d’établissements qu’en août (21 % des établissements) même si la part des salariés impliqués dans ce dispositif augmente légèrement (+ 2 points). Les DPAE se réorientent à la baisse dans le même temps (- 9 % par rapport à 2019).
Les heures de travail rémunérées dans l’hébergement-restauration confirment cette inflexion de tendance. Elles diminuent d’un cinquième en septembre. Par rapport au 3e trimestre 2019, l’emploi dans le secteur baisse globalement de 20,2 %.
En octobre, les DPAE préfigurent un second ralentissement de l’activité insulaire avec une chute de 18 % des déclarations dans l’hébergement et restauration. En outre, le transport de voyageurs se réduit encore avec - 23 % du trafic de 2019.
Depuis le vendredi 30 octobre 2020, le pays est entré dans un second confinement, laissant l’île à nouveau tournée sur elle-même. En novembre, le transport de voyageurs affiche des pertes de 69 % de passagers dans l’aérien comme dans le maritime en Corse.  Les restaurants et bars sont à nouveau fermés.