Corse Net Infos - Pure player corse

Les traditions culinaires de la période pascale en Corse


J.C. le Mercredi 13 Avril 2022 à 16:36

En Corse, Pâques offre de nombreuses traditions culinaires. Pendant toute la Semaine sainte, chaque région de l'ile a sa façon de cuisiner et les aliments utilisés sont symboliques et rattachés aux rituels religieux.
Ghjasippina Giannesini, anthroplogue nous explique les repas traditionnels de la période pascale d'hier et d'aujourd'hui.



Photo blog Quelques Choses
Photo blog Quelques Choses


-  Si pendant les fêtes de Pâques les Corses se régalent de plats traditionnels, dans certaines régions de l'ile les jours qui précèdent le dimanche sont mariés par le jeûne et l'alimentation et une alimentation très pauvre. Pourquoi ?
- Globalement avant la seconde guerre mondiale, on traitait Pâques du moins jusqu'au jour de la résurrection comme un enterrement. Le Jeudi saint est selon les chrétiens la dernière nuit du Christ, pour les Corses u Ghjovi santu est considéré comme la veille d'un enterrement. Ce temps de deuil est marqué par une nourriture non seulement spirituelle, mais c'est aussi un moment pendant lequel on jeûne et l'alimentation que l'on s'autorise est très symbolique. A Santa-Lucia di-Tallano comme dans d'autres régions, on faisait u trapassu, pendant 3 jours du jeudi au samedi on jeûne et les repas sont composés de plats pauvres c'est à dire sans viande.
A Calvi, on trouve u cunfortu à a Vergine qui est une soupe à base de poireaux et de haricots, comme dans le Sud avec a suppa di a Madonna avec ces mêmes ingrédients, à laquelle on peut ajouter des pâtes. On n'utilisait pas la friture, car l'oliu canta pendant la cuisson et le fait de chanter confère la joie, or on procède comme pour un enterrement. Paradoxalement,dans toute la Corse, on fait pourtant des beignets amères pendant le carême, on les appelle les 'fritelle erbose' car elles sont faites à partir d'herbes légèrement amères. 

Pendant la Semaine sainte, les repas des confréries, le repas familial, du dimanche de Pâques , et la Merendella sont porteurs de sens. Dans la cuisine du Carême, il y a des aliments incontournables comme le poisson, a minestra di ceci, différentes herbes et des soupes ou des bouillons.
 

- Quelles traditions culinaires anciennes on retrouve aujourd'hui ?
- Aujourd'hui, nous avons conservé beaucoup de cette façon de manger. A Campile, on fait encore les 'fritelle amare' avec les 13 herbes qui symbolisent les apôtres, on y trouve entre autres  l'erba santa (achillée), u porru ( le poireau), u cuglione di prete (la cilène), on a un peu simplifié cette recette de nos jours, mais elle reste encore une manière de faire pénitence en mangeant des beignets moins agréables au goût car ils sont amères, mais ils restent malgré tout très bons. 
Le poisson a une signification religieuse, il est dans l'Evangile  synonyme d'abondance et surtout un signe reconnaissable pour les premiers chrétiens, en Corse, on cuisine la morue u baccalà pour le Vendredi saint car c'est le plus pauvre des poissons, la morue est typique d'une alimentation de misère, nous avons toujours une référence à la pénitence voulue par le Carême.


- Après le carême il y a Pâques, jour de fête . Quelles étaient et quelles sont les traditions culinaires corses pour ce jour ?
Pâques c'est aussi un moment de joie, et la cuisine s'adapte à ces moments plus légers. Partout, on mange des œufs et nos grand-mères nous ont laissé les traditionnels œufs mimosa dont la symbolique rejoint la résurrection du Christ et donc évoque le renouveau. Les légumineuses sont toujours très présentes, les pois chiches pour a minestra di ceci que beaucoup de Corses font encore pour à Cena Domini, le dernier repas du Christ, et les féves qui sont le premier légume de printemps et qui a une symbolique forte de renaissance, lorsqu'on enlève la peau de la fève on aperçoit la forme d'un fœtus qui représente la naissance ,ce fameux temps du carême qui marque le passage de la mort à celui de la vie, ce légume est sur toutes les tables pour Pâques.
Comment ne pas citer l'agneau pascal cuisiné sous toutes ses formes symbole chrétien par excellence, mais aussi les panzarotti avec du riz ou de la farine de pois chiche, qu'on appelle panizzi à Bunifaziu qu'on mange encore de nos jours le soir devant le cimetière à u Viscuvatu.
Et puis, chacun d'entre nous se rappelle avoir manger enfant u caccavellu ou le campanile, ce gâteau de Pâques qui est encore très présent avec une nouvelle fois la symbolique de l'oeuf, un par enfant du foyer et dont la forme est un anneau creux qui est la représentation d'un rite de passage, le rapport entre la mort et la vie comme celui évoqué par la semaine sainte.
 
 
 
 

La recette di a minestra di ceci

Photo : cinnamon and mulberries
Photo : cinnamon and mulberries
 
250 gr de pois chiches cuits
1 gousse d'ail
1 oignon
2 cuillères de concentré de tomate
2 cuillères d'huile d'olive
150 gr de lasagnette
sel- poivre
 
Faire frire l'oignon dans l'huile d'olive, rajouter le concentré de tomate, saler, poivrer. Rajouter les pois chiches et les couvrir d'eau, ajouter l'ail. Laisser mijoter une heure puis, en fin de cuisson ajouter les lasagnette.