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Les pêcheurs corses mis à mal par la hausse du prix du carburant


Pierre-Manuel Pescetti le Dimanche 20 Mars 2022 à 18:10

La hausse du prix du carburant touche également les professionnels corses de la pêche malgré un gasoil sous douane. Certains doivent réduire leurs sorties en mer. Le 16 mars, le gouvernement a annoncé une aide exceptionnelle de 35 centimes par litre pour les pêcheurs français sous la forme d'une réduction de charges patronales jusqu'au 31 juillet.



À Ajaccio, comme dans toute la Corse, les bateaux de pêche réduisent le nombre de leurs sorties. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
À Ajaccio, comme dans toute la Corse, les bateaux de pêche réduisent le nombre de leurs sorties. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti


« Les bateaux de pêche corses sont à quai et le but est qu’ils puissent sortir en mer le plus vite possible ». Gérard Romiti, ancien pêcheur bastiais et président du comité national des pêches maritimes et des élevages marins est inquiet. Depuis plusieurs semaines, sur le continent comme en Corse, les pêcheurs sont confrontés à la forte hausse du prix des carburants. « Il représente 45 % des frais d’exploitations contre 20 % auparavant », note Gérard Romiti.

Les professionnels de la pêche bénéficient d’un tarif préférentiel en France car leur carburant est détaxé. Pour un litre de gasoil, la facture s’élève aujourd’hui à 1,20 euros en Corse alors qu’il ne coutait que 30 centimes en octobre 2020 et 60 centimes fin 2021. « Un petit bateau de pêche consomme 400 à 500 litres de carburant par jour, sans parler des chalutiers. Faites le calcul », précise Gérard Romiti. Soit 3 000 euros pour cinq jours de pêche, plus du double pour un chalutier qui traine un filet. « Certains pêcheurs ont dû diviser par deux leurs sorties », s’inquiète Gérard Romiti.

Un coup dur pour le marché de la pêche corse qui représente « entre 16 et 17 millions d’euros par an » et les 172 pêcheurs de l’île. Mais alors quelles sont les solutions envisageables ? Augmenter le prix du poisson ? « Il est déjà très cher, on ne peut pas trop y toucher et le problème c’est que les frais augmentent en même temps que les prises baissent », avoue Gérard Romiti.

35 centimes d’aide par litre depuis ce 17 mars pour les pêcheurs

Une première solution temporaire a été dévoilée par le premier ministre Jean Castex le 16 mars. Une aide immédiate de 35 centimes par litre leur est apportée depuis le 17 mars et jusqu’au 31 juillet 2022. Ce nouveau coup de pouce ne s’appliquera pourtant pas à la pompe.

« Les 35 centimes sont une moyenne. En réalité, le dispositif comprend un allègement des charges sociales patronales annuelles de l’armement à hauteur de 70 % », complète Gérard Romiti. Pour en bénéficier, les armateurs doivent remplir le formulaire mis à disposition sur le site de l’ENIM et le renvoyer, avant le 30 avril 2022 au plus tard, accompagné d’un RIB, à l’adresse suivante : aideurgencepeche@enim.eu , en précisant dans l’objet du courriel : " Aide pêche + le numéro de SIRET de l’entreprise".

Le dispositif entre dans le cadre du plan de résilience présenté par le premier ministre le 16 mars. Il vient s’ajouter aux 15 centimes de réduction sur chaque litre de carburant acheté et s’applique à la pompe pour toute la population dès le premier avril.

Une aide supplémentaire basée sur le modèle du chèque Energie

Autre aide débloquée en urgence par l’association interprofessionnelle de la pêche maritime France Filière Pêche, un coup de pouce financier sur le modèle du chèque Energie. « L’association va verser 6 millions d’euros aux pêcheurs français pendant 4 mois pour venir en complément du plan de résilience », détaille Gérard Romiti. La somme sera répartie en fonction de la taille des bateaux. Elle pourrait représenter « 700 ou 800 euros sur 4 mois pour chaque pêcheur corse », précise Gérard Romiti.

Mais pour le président du comité des pêches, cette épreuve doit aussi servir de leçon : « Nous devons renouveler cette flotte énergivore grâce à des navires plus propres, plus sûrs, plus confortables et moins consommateurs de carburant pour l’avenir de la filière. Sinon cela revient à jeter du gasoil dans l’eau ».