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Les élèves du lycée agricole de Borgo formés à la lutte contre les ravageurs des agrumes


Christophe Giudicelli le Jeudi 9 Octobre 2025 à 14:53

À l’approche de la récolte des clémentines, le lycée agricole de Borgo organise une formation auprès de ses élèves pour les sensibiliser aux maladies et ravageurs des agrumes. En partenariat avec le CIRAD de Montpellier, ces journées visent à informer les futurs techniciens et exploitants agricoles sur les menaces qui pèsent sur la filière insulaire, du Mal Secco au redouté Huanglongbing.



Les élèves du lycée agricole de Borgo formés à la lutte contre les ravageurs des agrumes
Les élèves du lycée agricole de Borgo formés à la lutte contre les ravageurs des agrumes
Mal Secco, gommose du tronc, Huanglongbing, pucerons, cochenilles et larves de papillon… Certains de ces noms ne vous disent peut-être rien, mais ces bactéries et ravageurs sont les bêtes noires des agrumiculteurs insulaires. En cette fin de semaine, le lycée agricole de Borgo organise avec le CIRAD de Montpellier (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), deux journées de sensibilisation pour les élèves, futurs techniciens agricoles ou chefs d’exploitation, aux différents risques. À quelques jours de la récolte des clémentines, Oumaima Moubset, chercheuse au CIRAD qui surveille les maladies émergentes des agrumes, dresse un état des lieux des menaces qui pèsent sur l’agrumiculture insulaire : « En Corse, on retrouve principalement le Mal Secco, qui est un champignon, mais aussi des infestations par le pou rouge de Californie ou encore des papillons. »

Le Huanglongbing : la maladie du « dragon jaune »une menace pour l’agrumiculture corse ?

Ce qui préoccupe particulièrement la chercheuse du CIRAD, c’est le Huanglongbing. La maladie du « dragon jaune » n’est pas encore présente en Méditerranée, mais elle a déjà fait des ravages en Asie et sur le continent américain. Cette maladie est propagée par deux petits insectes : « Une seule piqûre d’insecte sur un arbre le rend malade, et si derrière un autre insecte pique cet arbre, cela suffit pour qu’il acquière la bactérie. La maladie va ainsi se propager d’arbre en arbre assez rapidement. Il suffit d’une vingtaine de jours pour tuer l’arbre. Aujourd’hui, cette maladie est incurable. L’arrachage est indispensable pour bloquer la propagation. » Et les dégâts sont considérables, explique Oumaima Moubset : « En Floride, il y a eu plus de 10 milliards de dollars de pertes sur les oranges. À São Paulo, au Brésil, on parle de pertes de plus de 90 % de la production dans certains vergers. »

Une surveillance chez les producteurs et les particuliers

La clé reste donc la vigilance, à la fois dans les exploitations agricoles, notamment par la FREDON, mais aussi dans les vergers des particuliers : « On insiste aussi pour une surveillance dans les jardins privés. Principalement, les maladies arrivent par l’introduction de plants infectés ou de l’insecte porteur de la maladie. Cela peut se produire quand une personne ramène un plant d’un voyage à l’étranger. Très souvent, les maladies sont asymptomatiques : on ne voit pas les symptômes. Il y a donc un risque de propagation rapide. »

L’importance de la formation

Et comme nous ne sommes pas tous biologistes, la chercheuse du CIRAD insiste : « Quand on a un doute, on peut faire appel aux autorités. On a aussi des applications pour envoyer des photos, ou on peut envoyer des échantillons. »
Dans ce contexte de maladies et de risques présents ou émergents : « La formation est indispensable. Il faut énormément de surveillance. »

« Il faut vraiment être un professionnel formé à la lutte contre les ravageurs. Il faut savoir quels insecticides, quels fongicides, ou encore quels lâchers d’auxiliaires utiliser contre telle maladie ou tel insecte. Chaque cas est différent. On ne peut pas faire n’importe quoi si l’on veut respecter les réglementations. » commente Oumaima Moubset.

Pour Fabrizio Guglieri, enseignant en sciences et techniques agricoles pour le BTS Métiers du végétal au lycée agricole de Borgo, il est important d’organiser ces rencontres entre chercheurs et élèves : « Ce sont des élèves qui vont être capables de conseiller les professionnels, mais aussi les particuliers. Certains vont également reprendre des exploitations. »

Des thématiques de plus en plus abordées avec les étudiants : « On en parle davantage dans les écoles. La première chose, c’est la prévention, pour éviter les épidémies et les désastres économiques. L’objectif est d’anticiper les changements et surtout de s’adapter. Car lutter, on ne pourra pas forcément. »