(Photo : Archives Michel Luccioni)
« On ne nous donne pas les moyens de lutter contre la criminalité organisée ». C’est le message que Pierre Azéma, le secrétaire départemental Un1té de Corse-du-Sud, a tenu à faire passer au directeur général de la police nationale (DGPN), Louis Laugier, lors de sa visite à Ajaccio la semaine dernière. « Nous avons axé notre intervention sur la gestion de la criminalité organisée dans l’île. Nous avons expliqué que nous ne pouvons pas gérer actuellement les dossiers en Corse comme cela est fait sur le continent », explique Pierre Azéma en déroulant : « Ici quand on travaille sur un dossier d’assassinat, de racket ou autre, on peut tomber sur le monde politique, sur le monde économique, ou encore sur des personnes qui sont plus ou moins dans le système mafieux. Nous avons expliqué que cette complexité fait que les enquêtes sont longues, demandent beaucoup d’investissement et qu’actuellement les personnels en charge des différents dossiers criminels sur Ajaccio notamment ne sont pas assez nombreux ».
En parallèle, le secrétaire départemental d’Un1té rappelle qu’au niveau national, la police attend depuis le mois d’avril le « plan investigation » qui vise à relancer la filière, à une époque où les syndicats n’ont de cesse que d’alerter sur le manque de moyens. « Pour moi, c’est vraiment un plan de sauvetage car il faut aujourd’hui sauver l’investigation qui a commencé à tomber dans le gouffre », insiste Pierre Azéma en notant qu’il avait été annoncé que près de 100 mesures financées par une enveloppe de près de 140 millions d’euros doivent constituer ce « plan investigation ». « Or, depuis avril nous n’avons aucune nouvelle de ce plan. On va de report en report du fait des changements de gouvernement », regrette-t-il en s’alarmant du vote incertain du budget par les parlementaires qui « conditionne beaucoup de choses ».
« Nous ne comprenons pas pourquoi nous en sommes là »
« S’il n’y a pas de budget, on ne peut pas sortir le plan investigation. Cela veut dire que la situation va encore s’aggraver, qu’on va mettre encore plus à mal nos collègues et les victimes », poursuit Pierre Azéma, qui décrit un service en tension permanente. « On a beaucoup de collègues qui s’en vont de l’investigation, qui quittent parce qu’ils n’en peuvent plus. Ils préfèrent revenir en police secours, alors qu’aller en investigation, c’était le Graal. Maintenant, ils ont du mal à recruter ». Des départs qui fragilisent encore davantage une filière déjà saturée. « Nous ne comprenons pas pourquoi nous en sommes là. En face, les truands eux n’ont pas toutes ces problématiques et ont des moyens financiers qui dépassent largement les nôtres. Si nous n’avons pas les moyens nécessaires, même avec la meilleure volonté du monde, c’est compliqué de travailler correctement », pose le syndicaliste avant de fustiger : « On nous dit qu’il n’y a plus d’argent. Pendant ce temps on a dépensé plus de 250 millions d’euros pour un logiciel de procédure qui ne marche pas. La pilule est donc dure à avaler ».
En parallèle, Pierre Azéma décrit des enquêteurs dont « le volume d’horaire est incroyable » et qui « bossent avec les moyens du bord ». « Nous avons environ une grosse trentaine d’enquêteurs. Il en manque au moins une douzaine », dévoile-t-il ainsi en précisant que la situation est en particulier tendue pour le traitement de la délinquance du quotidien. « Il y a plus de 5000 procédures en cours sur Ajaccio, pour lesquelles nous avons un maximum de 25 enquêteurs qui peuvent travailler dessus. Nous avons des dossiers qui datent d’il y a plusieurs années car nous n’arrivons pas à les traiter, car il faut aussi gérer le tout-venant, tout ce qui est flagrant délit. Cela devient complètement ingérable », souffle-t-il en confiant qu’une dizaine d’effectifs ont été perdus sur le territoire ces cinq dernières années et n’ont pas été compensés. « Cette année on a vu les ministres Gérald Darmanin et Bruno Retailleau venir en Corse. Ils nous promettent des renforts d’effectifs en enquêteurs. Or nous n’avons toujours pas cela ».
« On ne peut pas considérer la Corse comme un département du continent »
Il regrette ainsi que « au-delà des effets d’annonce, les budgets soient régis avec une logique parisienne ». « Quand on renforce au maximum les circonscriptions où il y a énormément de criminalité, beaucoup de délinquance de voie publique, cela est logique. Mais d’un autre côté, il faut aussi prendre en compte la spécificité des territoires. Comme je l’ai dit au DGPN, on ne peut pas considérer la Corse comme un département du continent. C’est pour tout cela que nous sommes vraiment en colère », lance-t-il. La reconnaissance du manque d’effectifs par le DGPN ne suffit ainsi pas à rassurer. « Nous ne doutons pas de sa volonté sur le fait de vouloir nous renforcer. Mais par contre on doute de celle des politiques », grince Pierre Azéma, qui convient toutefois de l’engagement du nouveau ministre de l’Intérieur qui « connait bien les dossiers », même s’il est lui aussi soumis au budget.
Dans le même temps, le secrétaire départemental d’Un1té rappelle que si la lutte contre la grande criminalité a été érigée en priorité nationale, la situation est aujourd’hui sensible : « Il y a quelques temps des magistrats mexicains sont venus en France et ont dit qu’on était sur le point de bascule qu’ils ont connu et n’ont pas su gérer. Pendant ce temps-là, les gouvernements successifs font des effets d’annonce sans que rien ne bouge derrière ».
En parallèle, le secrétaire départemental d’Un1té rappelle qu’au niveau national, la police attend depuis le mois d’avril le « plan investigation » qui vise à relancer la filière, à une époque où les syndicats n’ont de cesse que d’alerter sur le manque de moyens. « Pour moi, c’est vraiment un plan de sauvetage car il faut aujourd’hui sauver l’investigation qui a commencé à tomber dans le gouffre », insiste Pierre Azéma en notant qu’il avait été annoncé que près de 100 mesures financées par une enveloppe de près de 140 millions d’euros doivent constituer ce « plan investigation ». « Or, depuis avril nous n’avons aucune nouvelle de ce plan. On va de report en report du fait des changements de gouvernement », regrette-t-il en s’alarmant du vote incertain du budget par les parlementaires qui « conditionne beaucoup de choses ».
« Nous ne comprenons pas pourquoi nous en sommes là »
« S’il n’y a pas de budget, on ne peut pas sortir le plan investigation. Cela veut dire que la situation va encore s’aggraver, qu’on va mettre encore plus à mal nos collègues et les victimes », poursuit Pierre Azéma, qui décrit un service en tension permanente. « On a beaucoup de collègues qui s’en vont de l’investigation, qui quittent parce qu’ils n’en peuvent plus. Ils préfèrent revenir en police secours, alors qu’aller en investigation, c’était le Graal. Maintenant, ils ont du mal à recruter ». Des départs qui fragilisent encore davantage une filière déjà saturée. « Nous ne comprenons pas pourquoi nous en sommes là. En face, les truands eux n’ont pas toutes ces problématiques et ont des moyens financiers qui dépassent largement les nôtres. Si nous n’avons pas les moyens nécessaires, même avec la meilleure volonté du monde, c’est compliqué de travailler correctement », pose le syndicaliste avant de fustiger : « On nous dit qu’il n’y a plus d’argent. Pendant ce temps on a dépensé plus de 250 millions d’euros pour un logiciel de procédure qui ne marche pas. La pilule est donc dure à avaler ».
En parallèle, Pierre Azéma décrit des enquêteurs dont « le volume d’horaire est incroyable » et qui « bossent avec les moyens du bord ». « Nous avons environ une grosse trentaine d’enquêteurs. Il en manque au moins une douzaine », dévoile-t-il ainsi en précisant que la situation est en particulier tendue pour le traitement de la délinquance du quotidien. « Il y a plus de 5000 procédures en cours sur Ajaccio, pour lesquelles nous avons un maximum de 25 enquêteurs qui peuvent travailler dessus. Nous avons des dossiers qui datent d’il y a plusieurs années car nous n’arrivons pas à les traiter, car il faut aussi gérer le tout-venant, tout ce qui est flagrant délit. Cela devient complètement ingérable », souffle-t-il en confiant qu’une dizaine d’effectifs ont été perdus sur le territoire ces cinq dernières années et n’ont pas été compensés. « Cette année on a vu les ministres Gérald Darmanin et Bruno Retailleau venir en Corse. Ils nous promettent des renforts d’effectifs en enquêteurs. Or nous n’avons toujours pas cela ».
« On ne peut pas considérer la Corse comme un département du continent »
Il regrette ainsi que « au-delà des effets d’annonce, les budgets soient régis avec une logique parisienne ». « Quand on renforce au maximum les circonscriptions où il y a énormément de criminalité, beaucoup de délinquance de voie publique, cela est logique. Mais d’un autre côté, il faut aussi prendre en compte la spécificité des territoires. Comme je l’ai dit au DGPN, on ne peut pas considérer la Corse comme un département du continent. C’est pour tout cela que nous sommes vraiment en colère », lance-t-il. La reconnaissance du manque d’effectifs par le DGPN ne suffit ainsi pas à rassurer. « Nous ne doutons pas de sa volonté sur le fait de vouloir nous renforcer. Mais par contre on doute de celle des politiques », grince Pierre Azéma, qui convient toutefois de l’engagement du nouveau ministre de l’Intérieur qui « connait bien les dossiers », même s’il est lui aussi soumis au budget.
Dans le même temps, le secrétaire départemental d’Un1té rappelle que si la lutte contre la grande criminalité a été érigée en priorité nationale, la situation est aujourd’hui sensible : « Il y a quelques temps des magistrats mexicains sont venus en France et ont dit qu’on était sur le point de bascule qu’ils ont connu et n’ont pas su gérer. Pendant ce temps-là, les gouvernements successifs font des effets d’annonce sans que rien ne bouge derrière ».
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