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Le rendez-vous de Saint Antoine : Pèlerinage de la foi et de l’amitié à Ajaccio


José Fanchi le Jeudi 17 Janvier 2019 à 18:23

Malgré la pluie, il y avait foule une fois encore. Les pèlerins et les autres. Ceux qui pour rien au monde ne manqueraient ce rendez-vous incontournable des Ajacciens le 17 janvier. Sant’Antone di u monte ou di u porcu qu’importe, la foi les rassemble. Il y a ceux qui montent à pied (ils sont encore fort nombreux) et qui se rendent au petit oratoire avec la foi. Et les autres, les retrouvailles d’une journée qui marque. C’est la fête, tout simplement. Une authentique communion



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
C’est dire si la ferveur est respectée à « Sant Antone di u Monte » tous les ans au mois de janvier. On prépare l’événement des semaines durant et qu’il vente, neige ou bruine, les fidèles grimpent vers la petite chapelle pour y passer la journée. La première messe du jour est très courue, mais les retardataires peuvent assister à d’autres offices tout au long de la journée et défiler vers la petite sacristie dans laquelle sont distribués les petits pains bénis que l’on conserve avec vénération. Ces petits porte-bonheur qui font la curiosité des visiteurs.
 
Babecue et canzoni…
Ce jeudi, le temps était couvert, il faisait un tantinet frisquet mais sans plus. Le temps était certes menaçant mais on sait résister à quelques gouttes de pluie. La foi prend aussitôt le dessus. Un petit vent frisquet venu de Capo di Feno obligeait les pèlerins à se serrer les uns contre les autres dans la petit chapelle ou dehors, près des installations ou se consument les bougies et plus tard autour des barbecues aux effluves de viandes grillées dans la pure tradition de Saint Antoine. Figatelli, agneaux entiers, fasgioli à l’Aiaccina, fritelle et couronne des Rois, il ne manquait rien  à la fête, bien au contraire.
Le tout, dans une ambiance bien sympathique, force est de le constater. Autour de l’oratoire et sur plusieurs centaines de mètres carrés, chacun a déployé des trésors d’imagination pour installer sa tente et son barbecue. La fumée s’élève partout autour du mont et les odeurs envahissent la vallée jusque sur les hauteurs du mont que l’on peut facilement comparer à un petit village de toile installé le temps d’une journée. La perspective est agréable et à partir de 12 h 30, l’ambiance change totalement autour des groupes, chacun occupant exactement la même place depuis des décennies. Les Marchini, d’Orazio, Paoli, plus loin I Pescadori in Festa et leur immense tente, les politiques qui font la tournée des popotes. Dès lors, la fête bat son plein, les stands déversent  kilos de fritelle, frappe, canestre et petits pains bénis, bien entendu des bougies qui vont alimenter la fosse voisine. Saint Antoine c’est la fête dans toute sa splendeur, chère au cœur des Ajacciens qui apprécient ces agapes en plein air, même quand celui-ci est plutôt frais ! La ferveur décuple, la magie opère. Et on ne s’en lasse pas, bien au contraire ! 
 
Le marcheur solitaire
Il faut savoir affronter le petit matin frisquet. Les Ajacciens, et il en reste, font souvent la route à pied. C’est une tradition, un vœu, une façon de mettre sa foi en exergue, Ils sont encore quelques-uns à satisfaire à cette tradition.
Parmi les fidèles, Sébastien est un habitué de cette fameuse tradition pour rejoindre l’oratoire à pied. Il est parti tôt le matin. Depuis la vieille ville, il a franchi la première rampe du Vitulo et le long plat qui mène au croisement du Salario. Le reste n’est que montée, jusqu’au col, mais Sébastien est jeune, plein de fougue et de foi et a franchi les dernières difficultés sans problème pour rejoindre les siens, juste devant la petite église ou avait lieu la bénédiction.  
« Tous les ans je renouvelle ce pèlerinage que faisaient mes parents et grands parents depuis des décennies. Je continuerai de le faire tant que ma santé me le permettra. »
Messe, procession, distribution de petits pains et chacun a retrouvé son coin dans la nature pour un spuntinu bien mérité.  
 J. F.

(Photos Michel Luccioni)