Tumultueuse. C’est du moins l’image que l’on peut avoir de la desserte de service public de la Corse. Qu’il s’agisse du service postal, puis du service public d’intérêt général, puis enfin de la continuité territoriale.
Un tumulte qui est fait de faillites, trois avec Morelli, la Nantaise et la SNCM, des crises de la marine nationale et des contrecoups des guerres. Un tumulte alimenté par quelques naufrages célèbres, parfois dramatiques et souvent symboliques. Mais un tumulte aussi qui est fait de tergiversations et d’incapacités de s’entendre. Un tumulte enfin, tant les problématiques insulaires et et celles de l’Etat central sont non seulement différentes mais parfois antinomiques.
Et pourtant tout change. Des petits voiliers, aux temps de parcours aléatoires, emportant une dizaine de passagers aux lourds ferries de l’ère moderne, taillés pour en emporter 1000 et plus, de la manutention verticale dans des ports mal équipés, parfois dotés d’une protection très faible, petits, incommodes et peu profonds, aux ports d’aujourd’hui, d’ailleurs toujours questionnés quant à leur place, leur dimension, et leurs accès. D’une Corse qui perdit petit à petit toute auto-suffisance alimentaire, qui vécût un éphèmere âge industriel, qui entretint avec sa voisine italienne des liens denses, mais entrecoupés de périodes de crise essentiellement dues au nationalisme et au protectionnisme. D’une Corse qui eût à subir plus d’un siècle de folie douanière et qui avait donc peine à percevoir en quoi sa faible économie, si peu unifiée, aux infrastructures défaillantes ou absentes, devait se voir imposer des droits de douane.
Quand, à coup de crises ou de révoltes, mais aussi de statuts particuliers, la Corse conquiert la liberté de décider par elle-même, après avoir été autorisée à donner son avis, elle mettra le temps à assumer ses nouveaux pouvoirs et n’évita pas complètement le piège tendu par l’Etat. Et il faudra attendre finalement la disparition de la SNCM, et l’arrivée au pouvoir d’une majorité qualifiée de nationaliste corse au sein de la Collectivité Terrioiriale, pour qu’une ère nouvelle ne s’ouvre. Au moins décidera-t-on de manière autonome en respectant les règles européennes, et ouvrira-t-on la voie à une maîtrise corse de la desserte de service public de la Corse.
Mais est-ce pour autant une véritable révolution ? Il faudra s’en assurer dans cinq ou dix ans, quand l’expérience livrera son verdict.
Un tumulte qui est fait de faillites, trois avec Morelli, la Nantaise et la SNCM, des crises de la marine nationale et des contrecoups des guerres. Un tumulte alimenté par quelques naufrages célèbres, parfois dramatiques et souvent symboliques. Mais un tumulte aussi qui est fait de tergiversations et d’incapacités de s’entendre. Un tumulte enfin, tant les problématiques insulaires et et celles de l’Etat central sont non seulement différentes mais parfois antinomiques.
Et pourtant tout change. Des petits voiliers, aux temps de parcours aléatoires, emportant une dizaine de passagers aux lourds ferries de l’ère moderne, taillés pour en emporter 1000 et plus, de la manutention verticale dans des ports mal équipés, parfois dotés d’une protection très faible, petits, incommodes et peu profonds, aux ports d’aujourd’hui, d’ailleurs toujours questionnés quant à leur place, leur dimension, et leurs accès. D’une Corse qui perdit petit à petit toute auto-suffisance alimentaire, qui vécût un éphèmere âge industriel, qui entretint avec sa voisine italienne des liens denses, mais entrecoupés de périodes de crise essentiellement dues au nationalisme et au protectionnisme. D’une Corse qui eût à subir plus d’un siècle de folie douanière et qui avait donc peine à percevoir en quoi sa faible économie, si peu unifiée, aux infrastructures défaillantes ou absentes, devait se voir imposer des droits de douane.
Quand, à coup de crises ou de révoltes, mais aussi de statuts particuliers, la Corse conquiert la liberté de décider par elle-même, après avoir été autorisée à donner son avis, elle mettra le temps à assumer ses nouveaux pouvoirs et n’évita pas complètement le piège tendu par l’Etat. Et il faudra attendre finalement la disparition de la SNCM, et l’arrivée au pouvoir d’une majorité qualifiée de nationaliste corse au sein de la Collectivité Terrioiriale, pour qu’une ère nouvelle ne s’ouvre. Au moins décidera-t-on de manière autonome en respectant les règles européennes, et ouvrira-t-on la voie à une maîtrise corse de la desserte de service public de la Corse.
Mais est-ce pour autant une véritable révolution ? Il faudra s’en assurer dans cinq ou dix ans, quand l’expérience livrera son verdict.
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Patrice Salini est consultant indépendant, spécialisé dans le secteur des transports. Il est également dynamicien des systèmes, ancien membre du Conseil national des transports, ancien professeur (Paris 4 Sorbonne). Il fut aussi directeur de l'Observatoire économique et statistique des transports (O.E.S.T.), et directeur du cabinet du secrétaire d'Etat aux transports.