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La droite corse en convalescence


Jacques RENUCCI le Lundi 4 Décembre 2017 à 20:12

Dans sa cure d'opposition, la droite insulaire doit se restructurer, dans l'hémicycle et en dehors...



Jean-Martin Mondoloni et Valérie Bozzi
Jean-Martin Mondoloni et Valérie Bozzi
La droite corse, du temps de sa toute puissance, a cultivé systématiquement le conflit interne. On peut presque dire qu'elle aimait ça, qu'elle tirait de ses crispations un certain dynamisme. Baggioni-Rossi, Santini-Rocca Serra et tant d'autres exemples... Ça chauffait, mais ça marchait.
Les tensions dans l'exercice des charges électives et le partage des responsabilités se répercuteront-ils aujourd'hui où les postes de pouvoir à occuper se sont restreints, avec une droite sur le déclin, qui s'érode à chaque consultation électorale ? Aux querelles des gagnants, les militants et sympathisants redoutent que se substituent les querelles des perdants. C'est pourquoi ils attendaient avec une certaine anxiété les résultats de la rencontre de Corte entre Jean-Martin Mondoloni et Valérie Bozzi, accompagnés de leurs états-majors, sur la fusion ou non de leurs listes. En fait, ils craignaient surtout un éventuel clash aux effets dévastateurs...

Dans de telles circonstances, de la raison au prétexte, il n'y a qu'un pas, que l'on franchit trop allègrement. L'air de la cité paoline ne favorise pas le consensus. En octobre 2009, c'est là qu'avait capoté la possible union de la gauche pour les territoriales. Pour la droite régionale, entre offre légitimiste et offre régionaliste, on n'en était plus là, après le dur réveil du premier tour. En effet, les nationalistes disposent d'une telle avance que, même en faisant masse, même en allant chercher les abstentionnistes porte par porte, même avec l'hypothétique apport d'En Marche, il aurait été impossible de refaire le retard enregistré au soir du 3 décembre.

Si certains avaient envie d'en découdre, sur la manière dont a été menée la campagne, sur les problèmes d'ego, sur la légitimité de tel ou tel à s'exprimer, on a ouvert devant les médias le robinet d'eau tiède et on est vite passé à autre chose. Car de part et d'autre, il est nécessaire de faire bonne figure avant le second tour pour sauver ce qui peut l'être, sachant que les places seront chères. La droite territoriale n'aura pas le temps de panser ses plaies ; il lui faudra rapidement se structurer, poser des jalons non seulement pour figurer en opposition responsable, mais aussi pour une reconstruction allant au-delà de l'hémicycle ; bref, elle devra montrer un visage uni, sans l'aigre-doux des échanges actuels. Il y a là en partie un problème d'image, pour un mouvement qui a eu trop tendance par le passé à prendre ses ordres du côté du pouvoir central, du RPR à LR en passant par l'UMP. Un pouvoir qui d'ailleurs a sciemment affaibli ses bastions en jouant à un moment, pour faire passer des réformes aléatoires, les libéraux contre l'immobilisme du clan.
 
Cette droite rajeunie, déringardisée, avec de nouveaux leaders et une approche dynamique des réalités de l'île, il serait opportun qu'elle ne fasse pas trop durer sa convalescence et retrouve de la vigueur. C'est le seul moyen d'apaiser en partie l'inquiétude des maires des grandes villes, qui voient de scrutin en scrutin les nationalistes envahir des espaces électoraux qui étaient jusque là réservés aux forces de la tradition.