Jean-Martin Mondoloni, président du groupe de droite Per L’Avvene et conseiller municipal d’opposition bastiaise. Photo Michel Luccioni.
- Quel regard portez-vous sur cette année politique qui vient de s’écouler et sur celle qui a débuté ?
- Une année politique marquée par une crise sans précédent pour nos générations, qui a forcément mis – et c’est normal – entre parenthèses, voire sous cloche, le débat public. A chaque niveau de décision, nous avons dû faire des choix dans un contexte particulier. Pourtant, la démocratie, avec des moyens nouveaux, s’est exercée, les élus ont poursuivi leur travail quotidien. Attendant le monde d’après, nous avons l’impérieuse nécessité de sauver le monde d’aujourd’hui.
- Vous êtes le président du 1er groupe d’opposition à l’Assemblée de Corse et le plus virulent. Le climat s’est tendu. La perspective des élections territoriales durcit-elle les positions ?
- Nous exerçons le mandat pour lequel nous avons été élus. La virulence, que vous évoquez, est la conséquence du mépris qui nous est opposé par le Président de l’Exécutif, pas forcément du Président de l’Assemblée qui a trop connu les bancs minoritaires de l’hémicycle pour attenter aux droits de l’opposition. La perspective électorale tend toujours les rapports politiques, mais depuis le début de la mandature, nous assistons à l’exercice plein et entier d’une majorité absolue qui se suffit à elle-même, même si Gilles Simeoni ne cesse de s’en défendre en cherchant un consensus introuvable sur la plupart des sujets. La majorité a les moyens d’assumer, seule, ses choix puisqu’elle dispose de la majorité absolue, via un mode de scrutin modifié en 2009 qu’elle avait pourtant combattu. Qu’elle le fasse !
- C’est-à-dire ?
- Comment expliquer que lors d’une récente session, le tiers des rapports soit voté dans le cadre d’une procédure d’urgence suite à une transmission hors délais ? Que ce soit la presse qui informe l’opposition de l’avancée des négociations aux Eaux d’Orezza ? Que l’on attende ou repousse des rapports importants comme les ESA (Espaces stratégiques agricoles) pendant 1 an ou les déchets pendant 2 ou 3 sessions ! Ou encore que la majorité change le mode de désignation au seul syndicat de l’énergie de Corse du Sud pour s’assurer la présidence au nom du principe « qui paye commande ». Principe qui ne marche que dans ce sens puisque l’Exécutif le rejette lorsqu’il s’agit de l’Etat, ou des communes et EPCI. Que dire enfin de la maison de cristal lorsqu’on est confronté à une opacité inégalée dans le passé en termes de recrutements ou d’accès à des documents relevant des ressources humaines que nous avons mis 18 mois à obtenir et encore de façon partielle… Sans entrer dans le fond de dossiers cruciaux, vous avez là, sur des questions de forme, la tendance du mode d’action de cette majorité : beaucoup d’illusions et de communication.
- Une année politique marquée par une crise sans précédent pour nos générations, qui a forcément mis – et c’est normal – entre parenthèses, voire sous cloche, le débat public. A chaque niveau de décision, nous avons dû faire des choix dans un contexte particulier. Pourtant, la démocratie, avec des moyens nouveaux, s’est exercée, les élus ont poursuivi leur travail quotidien. Attendant le monde d’après, nous avons l’impérieuse nécessité de sauver le monde d’aujourd’hui.
- Vous êtes le président du 1er groupe d’opposition à l’Assemblée de Corse et le plus virulent. Le climat s’est tendu. La perspective des élections territoriales durcit-elle les positions ?
- Nous exerçons le mandat pour lequel nous avons été élus. La virulence, que vous évoquez, est la conséquence du mépris qui nous est opposé par le Président de l’Exécutif, pas forcément du Président de l’Assemblée qui a trop connu les bancs minoritaires de l’hémicycle pour attenter aux droits de l’opposition. La perspective électorale tend toujours les rapports politiques, mais depuis le début de la mandature, nous assistons à l’exercice plein et entier d’une majorité absolue qui se suffit à elle-même, même si Gilles Simeoni ne cesse de s’en défendre en cherchant un consensus introuvable sur la plupart des sujets. La majorité a les moyens d’assumer, seule, ses choix puisqu’elle dispose de la majorité absolue, via un mode de scrutin modifié en 2009 qu’elle avait pourtant combattu. Qu’elle le fasse !
- C’est-à-dire ?
- Comment expliquer que lors d’une récente session, le tiers des rapports soit voté dans le cadre d’une procédure d’urgence suite à une transmission hors délais ? Que ce soit la presse qui informe l’opposition de l’avancée des négociations aux Eaux d’Orezza ? Que l’on attende ou repousse des rapports importants comme les ESA (Espaces stratégiques agricoles) pendant 1 an ou les déchets pendant 2 ou 3 sessions ! Ou encore que la majorité change le mode de désignation au seul syndicat de l’énergie de Corse du Sud pour s’assurer la présidence au nom du principe « qui paye commande ». Principe qui ne marche que dans ce sens puisque l’Exécutif le rejette lorsqu’il s’agit de l’Etat, ou des communes et EPCI. Que dire enfin de la maison de cristal lorsqu’on est confronté à une opacité inégalée dans le passé en termes de recrutements ou d’accès à des documents relevant des ressources humaines que nous avons mis 18 mois à obtenir et encore de façon partielle… Sans entrer dans le fond de dossiers cruciaux, vous avez là, sur des questions de forme, la tendance du mode d’action de cette majorité : beaucoup d’illusions et de communication.
- Comment jugez-vous le bilan de l’équipe en place ? Quels sont les reproches majeurs ?
- Je déplore que sur les grands sujets qui nourrissent l’actualité politique insulaire, la majorité fomente des blocages institutionnels pour se départir de ses responsabilités. Ce sont pourtant des dossiers relevant tout de même de ses compétences, comme les transports maritimes, les déchets ou l’aménagement du territoire. Ce sont des prérogatives que le législateur nous a transférées de façon pleine et entière. L’Exécutif temporise, faisant perdre un temps précieux, tout en ciblant en permanence les majorités antérieures comme responsables de tous les maux. Une façon d’alimenter l’opinion sans agir ! Et après, lorsqu’on est acculé, on choisit un bouc émissaire pour se dédouaner : la droite, la gauche, les intercommunalités, l’Europe et bien sûr l’Etat. C’est tout simplement irresponsable. Les Corses ont élu des militants, alors que la Corse a besoin de gestionnaires. Le symbole peut accompagner l’action, mais ne peut pas la remplacer.
- Vous fustigez les critiques des Nationalistes contre l’Etat, mais la plupart des présidents de région sont vent debout contre le gouvernement. Pensez-vous que votre discours soit compris des Corses ?
- Il est compris par ceux qui craignent la dérive instillée habilement. Les Nationalistes ne contestent pas le gouvernement ou une politique publique en particulier, ils mettent en cause l’État, justifiant en toutes circonstances leur stratégie d’affrontement et de distanciation. Toutes les occasions sont bonnes pour que l’Etat soit discrédité à dessein. Lorsqu’il y a des erreurs commises, je suis le premier à les regretter, mais je conteste qu’elles servent de prétexte pour jeter le bébé avec l’eau du bain et remettre en cause les fondamentaux. Les présidents de région, que vous évoquez, savent habilement dépasser leur posture d’opposants pour privilégier les intérêts de leurs territoires. Clairement en Corse, si le bras de fer avec l’Etat était efficient, cela se verrait !
- Comment jugez-vous l’attitude de l’Etat dans la gestion de la crise ?
- Il y a plusieurs dimensions. Au niveau économique et social, l’engagement est réel et inédit, même si le mécanisme de perfusion salutaire mis en place ne pourra durer qu’un temps et est purement spéculatif. Néanmoins, le « Quoi qu’il en coûte » du Président Macron est, pour l’instant, effectif. Reste à savoir combien de temps, on pourra encore continuer à accompagner le monde économique. Sans compter que certaines professions peinent à mobiliser pleinement les aides d’État. Il faut s’attendre à une nette dégradation lorsque le fonds de solidarité ne s’appliquera plus, en espérant que l’activité redémarre réellement. Pour l’aspect sanitaire, le gouvernement a affiché un déficit évident de moyens logistiques en début de pandémie, que ce soit les masques, le gel… L’État providence n’a pas donné à la France l’avance qu’on aurait pu espérer d’un système de santé jugé en pointe.
- Je déplore que sur les grands sujets qui nourrissent l’actualité politique insulaire, la majorité fomente des blocages institutionnels pour se départir de ses responsabilités. Ce sont pourtant des dossiers relevant tout de même de ses compétences, comme les transports maritimes, les déchets ou l’aménagement du territoire. Ce sont des prérogatives que le législateur nous a transférées de façon pleine et entière. L’Exécutif temporise, faisant perdre un temps précieux, tout en ciblant en permanence les majorités antérieures comme responsables de tous les maux. Une façon d’alimenter l’opinion sans agir ! Et après, lorsqu’on est acculé, on choisit un bouc émissaire pour se dédouaner : la droite, la gauche, les intercommunalités, l’Europe et bien sûr l’Etat. C’est tout simplement irresponsable. Les Corses ont élu des militants, alors que la Corse a besoin de gestionnaires. Le symbole peut accompagner l’action, mais ne peut pas la remplacer.
- Vous fustigez les critiques des Nationalistes contre l’Etat, mais la plupart des présidents de région sont vent debout contre le gouvernement. Pensez-vous que votre discours soit compris des Corses ?
- Il est compris par ceux qui craignent la dérive instillée habilement. Les Nationalistes ne contestent pas le gouvernement ou une politique publique en particulier, ils mettent en cause l’État, justifiant en toutes circonstances leur stratégie d’affrontement et de distanciation. Toutes les occasions sont bonnes pour que l’Etat soit discrédité à dessein. Lorsqu’il y a des erreurs commises, je suis le premier à les regretter, mais je conteste qu’elles servent de prétexte pour jeter le bébé avec l’eau du bain et remettre en cause les fondamentaux. Les présidents de région, que vous évoquez, savent habilement dépasser leur posture d’opposants pour privilégier les intérêts de leurs territoires. Clairement en Corse, si le bras de fer avec l’Etat était efficient, cela se verrait !
- Comment jugez-vous l’attitude de l’Etat dans la gestion de la crise ?
- Il y a plusieurs dimensions. Au niveau économique et social, l’engagement est réel et inédit, même si le mécanisme de perfusion salutaire mis en place ne pourra durer qu’un temps et est purement spéculatif. Néanmoins, le « Quoi qu’il en coûte » du Président Macron est, pour l’instant, effectif. Reste à savoir combien de temps, on pourra encore continuer à accompagner le monde économique. Sans compter que certaines professions peinent à mobiliser pleinement les aides d’État. Il faut s’attendre à une nette dégradation lorsque le fonds de solidarité ne s’appliquera plus, en espérant que l’activité redémarre réellement. Pour l’aspect sanitaire, le gouvernement a affiché un déficit évident de moyens logistiques en début de pandémie, que ce soit les masques, le gel… L’État providence n’a pas donné à la France l’avance qu’on aurait pu espérer d’un système de santé jugé en pointe.
- Trois dossiers de frictions. Le premier est le plan Salvezza ? Où est le problème selon vous ?
- Le volet Salvezza est, d’abord et surtout, le travail des forces vives de notre île, celui de la Corse qui se lève tôt. L’Exécutif a, ensuite, fait l’agrégation de toutes ces propositions. L’intérêt était de se pencher rapidement après le vote sur la mise en œuvre de ce plan, puisque, seule, son opérationnalité compte. Encore une fois, les rapports de la majorité avec l’Etat sont de nature à ne pas concrétiser certaines mesures. Pour que nous puissions être entendus, il faut que la Collectivité accepte de bâtir un partenariat fécond avec l’Etat. Les derniers jours semblent montrer une inflexion et la raison semble gagner le Président de l’Exécutif. Que de temps perdu !
- Le plan Déchets sera examiné la session prochaine. Qu’en pensez-vous ? Vos positions ne sont-elles pas obsolètes au regard des directives nationales et européennes en matière de tri ?
- Aux antipodes de ce qui est avancé, ce sont nos propositions qui sont ambitieuses à tous les niveaux, à commencer par le tri et la mise en œuvre des plateformes de désemballage dans les supermarchés insulaires, mais aussi, en ne s’interdisant rien en termes de réflexion sur le traitement là où depuis des années, les Nationalistes sont les champions du tout enfouissement. La valorisation énergétique des déchets tombe sous le sens, à commencer par ceux organiques par voie de compostage ou de méthanisation. Notre position, loin d’être obsolète, semble rejointe par ceux qui prétendaient la combattre de façon caricaturale et zélée. Les directives européennes justement restreignent de plus en plus le recours à l’enfouissement pour des raisons évidentes. Le débat sur le plan déchets, pour autant qu’il existe un jour, sera l’occasion de confronter des points de vue déjà bien aiguisés. Concrètement, l’Exécutif ne fait pas de choix. On ignore ce que deviendront les déchets résiduels dans quelques mois, encore moins le coût que cela va représenter et qui paiera ? Ce dossier est définitivement marqué du sceau de l’amateurisme !
- Autre rapport en débat : les transports maritimes avec l’attribution de l’appel d’offres de la DSP pour 1 an. Vous aviez tiré à boulets rouges sur la stratégie de l’Exécutif. Quelle sera votre position lors du vote ?
- Je ne vais pas, à ce stade, anticiper sur le vote et la position de notre groupe. D’une façon générale, sur le dossier maritime, l’Exécutif fait preuve de désinvolture. On en est à la 7ème DSP de raccordement en 5 ans dans la perspective de constitution d’une SEMOP à dominante publique en guise de compagnie régionale maritime promise par la coalition au pouvoir, pourtant contraire aux intérêts de la Corse. Après l’abandon des deux SEMOP et la renonciation à l’outil naval, voilà que l’on ne cesse de reporter la création de la SEMOP désormais unique au nom de considérations fallacieuses, alors qu’il s’agit en fait d’un mode de gestion voué à l’échec auquel il faut tout simplement renoncer. Sans compter que les montants de compensation sollicités par les compagnies délégataires vont en augmentant, là où l’Exécutif nous promettait des économies substantielles. Encore des effets d’annonces et le triomphe du symbole au détriment d’une gestion pragmatique des affaires de la Corse !
- Le volet Salvezza est, d’abord et surtout, le travail des forces vives de notre île, celui de la Corse qui se lève tôt. L’Exécutif a, ensuite, fait l’agrégation de toutes ces propositions. L’intérêt était de se pencher rapidement après le vote sur la mise en œuvre de ce plan, puisque, seule, son opérationnalité compte. Encore une fois, les rapports de la majorité avec l’Etat sont de nature à ne pas concrétiser certaines mesures. Pour que nous puissions être entendus, il faut que la Collectivité accepte de bâtir un partenariat fécond avec l’Etat. Les derniers jours semblent montrer une inflexion et la raison semble gagner le Président de l’Exécutif. Que de temps perdu !
- Le plan Déchets sera examiné la session prochaine. Qu’en pensez-vous ? Vos positions ne sont-elles pas obsolètes au regard des directives nationales et européennes en matière de tri ?
- Aux antipodes de ce qui est avancé, ce sont nos propositions qui sont ambitieuses à tous les niveaux, à commencer par le tri et la mise en œuvre des plateformes de désemballage dans les supermarchés insulaires, mais aussi, en ne s’interdisant rien en termes de réflexion sur le traitement là où depuis des années, les Nationalistes sont les champions du tout enfouissement. La valorisation énergétique des déchets tombe sous le sens, à commencer par ceux organiques par voie de compostage ou de méthanisation. Notre position, loin d’être obsolète, semble rejointe par ceux qui prétendaient la combattre de façon caricaturale et zélée. Les directives européennes justement restreignent de plus en plus le recours à l’enfouissement pour des raisons évidentes. Le débat sur le plan déchets, pour autant qu’il existe un jour, sera l’occasion de confronter des points de vue déjà bien aiguisés. Concrètement, l’Exécutif ne fait pas de choix. On ignore ce que deviendront les déchets résiduels dans quelques mois, encore moins le coût que cela va représenter et qui paiera ? Ce dossier est définitivement marqué du sceau de l’amateurisme !
- Autre rapport en débat : les transports maritimes avec l’attribution de l’appel d’offres de la DSP pour 1 an. Vous aviez tiré à boulets rouges sur la stratégie de l’Exécutif. Quelle sera votre position lors du vote ?
- Je ne vais pas, à ce stade, anticiper sur le vote et la position de notre groupe. D’une façon générale, sur le dossier maritime, l’Exécutif fait preuve de désinvolture. On en est à la 7ème DSP de raccordement en 5 ans dans la perspective de constitution d’une SEMOP à dominante publique en guise de compagnie régionale maritime promise par la coalition au pouvoir, pourtant contraire aux intérêts de la Corse. Après l’abandon des deux SEMOP et la renonciation à l’outil naval, voilà que l’on ne cesse de reporter la création de la SEMOP désormais unique au nom de considérations fallacieuses, alors qu’il s’agit en fait d’un mode de gestion voué à l’échec auquel il faut tout simplement renoncer. Sans compter que les montants de compensation sollicités par les compagnies délégataires vont en augmentant, là où l’Exécutif nous promettait des économies substantielles. Encore des effets d’annonces et le triomphe du symbole au détriment d’une gestion pragmatique des affaires de la Corse !
- Comment envisagez-vous le scrutin des Territoriales, s’il se déroule en juin ? Porterez-vous votre propre liste ? Ou êtes-vous favorable à une liste d’union de la droite ?
- Le projet de loi adopté par le Parlement a assorti la fixation du vote aux 13 et 20 juin d’une clause de revoyure au 1er avril pour voir si la situation sanitaire permettra ou pas l’organisation du scrutin. C’est une situation particulière, mais, quoi qu’il en soit, il faut s’y préparer. Je pense que notre famille doit créer les conditions d’une liste de rassemblement au sein de laquelle chacun devra trouver sa juste place, au confluent de l’expérience et du renouveau, des compétences et des représentations territoriales.
- La candidature de Laurent Marcangeli change-t-elle la donne ? Y-a-t-il des négociations entre vous ?
- Nous échangeons régulièrement avec le maire d’Ajaccio et nous avons vocation à travailler ensemble, je l’ai déjà fait savoir. Il lui appartiendra de faire part à l’opinion de ses ambitions, le moment venu, et de proposer la plateforme d’alternance dont la Corse a besoin.
- Il n’y a pas d’union à l’Assemblée entre les deux groupes de droite. On dit que vos relations sont assez distantes. Qu’en est-il ?
- Il y a deux groupes de droite, mais ça ne signifie pas qu’il n’y a pas de connexion. Les relations avec Valérie Bozzi sont permanentes. Bien qu’il y ait parfois des divergences au moment des votes, la concertation et l’échange sont constants. Il y a deux groupes parce qu’il y avait deux listes, c’était plus cohérent de le traduire ainsi dans l’hémicycle. Il y a toujours eu plusieurs groupes à droite, à part de 2010 à 2017, pourtant nous étions dans la majorité. Rien ne s’oppose à travailler ensemble du moment que l’on partage l’essentiel.
- Envisagez-vous comme à Bastia une alliance avec la gauche, en l’occurrence avec Jean-Charles Orsucci ? Pensez-vous qu’elle a plus de chances de réussir ?
- A l’heure où sont publiées ces lignes, rien ne garantit que le premier tour ait lieu en juin. C’est presque indécent de parler de stratégies de second tour. Ce que je crois avant tout, si les élections se tiennent, c’est que les Corses doivent saisir une chance, celle du changement sur la base d’un projet clair, et sans faux semblants. La question sera finalement assez simple : Voulons-nous continuer à vivre ces problèmes que je viens d’évoquer sans les régler ou souhaitons-nous promouvoir un projet responsable, ambitieux, respectueux de notre identité et tourné vers l’avenir ?
- Le projet de loi adopté par le Parlement a assorti la fixation du vote aux 13 et 20 juin d’une clause de revoyure au 1er avril pour voir si la situation sanitaire permettra ou pas l’organisation du scrutin. C’est une situation particulière, mais, quoi qu’il en soit, il faut s’y préparer. Je pense que notre famille doit créer les conditions d’une liste de rassemblement au sein de laquelle chacun devra trouver sa juste place, au confluent de l’expérience et du renouveau, des compétences et des représentations territoriales.
- La candidature de Laurent Marcangeli change-t-elle la donne ? Y-a-t-il des négociations entre vous ?
- Nous échangeons régulièrement avec le maire d’Ajaccio et nous avons vocation à travailler ensemble, je l’ai déjà fait savoir. Il lui appartiendra de faire part à l’opinion de ses ambitions, le moment venu, et de proposer la plateforme d’alternance dont la Corse a besoin.
- Il n’y a pas d’union à l’Assemblée entre les deux groupes de droite. On dit que vos relations sont assez distantes. Qu’en est-il ?
- Il y a deux groupes de droite, mais ça ne signifie pas qu’il n’y a pas de connexion. Les relations avec Valérie Bozzi sont permanentes. Bien qu’il y ait parfois des divergences au moment des votes, la concertation et l’échange sont constants. Il y a deux groupes parce qu’il y avait deux listes, c’était plus cohérent de le traduire ainsi dans l’hémicycle. Il y a toujours eu plusieurs groupes à droite, à part de 2010 à 2017, pourtant nous étions dans la majorité. Rien ne s’oppose à travailler ensemble du moment que l’on partage l’essentiel.
- Envisagez-vous comme à Bastia une alliance avec la gauche, en l’occurrence avec Jean-Charles Orsucci ? Pensez-vous qu’elle a plus de chances de réussir ?
- A l’heure où sont publiées ces lignes, rien ne garantit que le premier tour ait lieu en juin. C’est presque indécent de parler de stratégies de second tour. Ce que je crois avant tout, si les élections se tiennent, c’est que les Corses doivent saisir une chance, celle du changement sur la base d’un projet clair, et sans faux semblants. La question sera finalement assez simple : Voulons-nous continuer à vivre ces problèmes que je viens d’évoquer sans les régler ou souhaitons-nous promouvoir un projet responsable, ambitieux, respectueux de notre identité et tourné vers l’avenir ?
Jean-Martin Mondoloni, Jean-Sebastien de Casalta et Jean Zuccarelli réunis dans une liste tripartite "Unione per Bastia" pour le second tour des élections municipales de Bastia en juin 2020.
- L’expérience municipale bastiaise vous a-t-elle desservi ?
- Je suis un sportif. La qualité d’un compétiteur est de savoir perdre au sens où il apprend de ses défaites. J’ai appris de cette expérience qui s’est soldée par un échec électoral, et j’assume certaines erreurs. En revanche, chacun conviendra que ce scrutin s’est déroulé dans un contexte très singulier et pas uniquement en raison du Covid qui a pesé sur la participation. Les conditions délétères du débat ont permis de mettre à jour le vrai visage de certaines personnes qui se dressent en parangons de vertu. Je retiens qu’en première instance, le tribunal administratif relève qu’il y a eu calomnie et usage de la puissance publique en des termes qui contreviennent au code électoral. Autant d’éléments qui m’ont amené à relativiser la portée réellement politique de ce scrutin.
- Ne craignez-vous pas de passer pour l’anti-Nationaliste de service ?
- On ne peut durer dans l’engagement public que sur un socle de convictions qui servent de rempart aux critiques. Les miennes se sont forgées au gré du temps sur la base de rencontres et de l’éducation que j’ai aussi bien reçue de mes parents que de l’école. Autour des principes d’exigence et de rigueur, du sens de l’effort et du mérite, de la solidarité que l’on doit aux plus faibles, j’ai construit mon propre idéal. Si l’ensemble de ces valeurs étaient incarnées par les Nationalistes, je serais sûrement devenu nationaliste. Aujourd’hui, ce vocable est usurpé par des hommes en quête de pouvoir qui, pour beaucoup, ont tourné le dos à leurs idéaux pour conserver leurs sièges. On le voit au gré des scrutins à l’occasion desquels ils déploient de vils instincts qui rappellent les pratiques clientélaires qu’ils ont passé leur temps à dénoncer. En revanche, je respecte très sincèrement ceux qui sont restés fidèles à leurs convictions. Pour le reste, ce qui compte aujourd’hui en Corse, c’est de donner le pouvoir à des hommes et des femmes qui sont soucieux de l’intérêt général de la Corse. Il y en a bien sûr dans le camp nationaliste, mais ils n’en ont pas l’exclusivité.
- Comment conciliez-vous votre métier et votre engagement public ?
- Je rappelle que je ne suis pas un professionnel de la politique et que mon métier a pour vertu première de m’aider à garder les pieds sur terre. Il m’installe, par ailleurs, sur un promontoire privilégié pour observer la jeunesse. Je la trouve à bien des égards sous emprise, prisonnière d’une pensée unique dont elle a du mal à s’affranchir pour penser par elle-même. Comme d’autres, je rêve d’une jeunesse émancipée de cette Corse mythifiée, devenue au fil du temps une prison mentale pour certains. Je rêve d’une jeunesse capable de réinventer une corsitude. C’est ce grand dessein, cette tâche exaltante à laquelle, nous, politiques, avons le devoir de répondre.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Je suis un sportif. La qualité d’un compétiteur est de savoir perdre au sens où il apprend de ses défaites. J’ai appris de cette expérience qui s’est soldée par un échec électoral, et j’assume certaines erreurs. En revanche, chacun conviendra que ce scrutin s’est déroulé dans un contexte très singulier et pas uniquement en raison du Covid qui a pesé sur la participation. Les conditions délétères du débat ont permis de mettre à jour le vrai visage de certaines personnes qui se dressent en parangons de vertu. Je retiens qu’en première instance, le tribunal administratif relève qu’il y a eu calomnie et usage de la puissance publique en des termes qui contreviennent au code électoral. Autant d’éléments qui m’ont amené à relativiser la portée réellement politique de ce scrutin.
- Ne craignez-vous pas de passer pour l’anti-Nationaliste de service ?
- On ne peut durer dans l’engagement public que sur un socle de convictions qui servent de rempart aux critiques. Les miennes se sont forgées au gré du temps sur la base de rencontres et de l’éducation que j’ai aussi bien reçue de mes parents que de l’école. Autour des principes d’exigence et de rigueur, du sens de l’effort et du mérite, de la solidarité que l’on doit aux plus faibles, j’ai construit mon propre idéal. Si l’ensemble de ces valeurs étaient incarnées par les Nationalistes, je serais sûrement devenu nationaliste. Aujourd’hui, ce vocable est usurpé par des hommes en quête de pouvoir qui, pour beaucoup, ont tourné le dos à leurs idéaux pour conserver leurs sièges. On le voit au gré des scrutins à l’occasion desquels ils déploient de vils instincts qui rappellent les pratiques clientélaires qu’ils ont passé leur temps à dénoncer. En revanche, je respecte très sincèrement ceux qui sont restés fidèles à leurs convictions. Pour le reste, ce qui compte aujourd’hui en Corse, c’est de donner le pouvoir à des hommes et des femmes qui sont soucieux de l’intérêt général de la Corse. Il y en a bien sûr dans le camp nationaliste, mais ils n’en ont pas l’exclusivité.
- Comment conciliez-vous votre métier et votre engagement public ?
- Je rappelle que je ne suis pas un professionnel de la politique et que mon métier a pour vertu première de m’aider à garder les pieds sur terre. Il m’installe, par ailleurs, sur un promontoire privilégié pour observer la jeunesse. Je la trouve à bien des égards sous emprise, prisonnière d’une pensée unique dont elle a du mal à s’affranchir pour penser par elle-même. Comme d’autres, je rêve d’une jeunesse émancipée de cette Corse mythifiée, devenue au fil du temps une prison mentale pour certains. Je rêve d’une jeunesse capable de réinventer une corsitude. C’est ce grand dessein, cette tâche exaltante à laquelle, nous, politiques, avons le devoir de répondre.
Propos recueillis par Nicole MARI.