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La LDH dresse un bilan sur le dialogue engagé avec le gouvernement


Pierre BERETTI le Dimanche 21 Janvier 2018 à 00:04

Prisonniers politiques, questions environnementales, sociétales mais également institutionnelles étaient au programme d’une conférence de presse donnée par la LDH. L’occasion de rappeler qu’à travers les dernières élections, la voix des citoyens insulaires devait être entendue et respectée par le Gouvernement afin que les Corses puissent bénéficier de : « plus de droit, plus de responsabilité, plus de reconnaissance et plus de maîtrise de leur destin »



La Ligue des Droits de l’Homme a tenu une conférence de presse afin de réagir sur la situation de la Corse et notamment sur la question des prisonniers politiques à la suite  de l’incident à la prison de Borgo.
Les membres présents autour d’André Paccou se sont exprimés en ce sens : « La question des prisonniers politiques constitue un des enjeux de ce dialogue attendu par les Corses. A terme, il doit signifier l’autodissolution des organisations clandestines et la fin de la répression politique. Dans l’immédiat, du côté de l’Etat et conformément à la loi, il doit se concrétiser par le rapprochement de tous les prisonniers politiques. La question de l’inscription au FIJAIT doit être aussi examinée attentivement. Les conséquences de cette inscription suscitent des protestations légitimes et provoquent de nouvelles tensions.

Les évènements de Borgo ne doivent pas être un prétexte pour ajourner une fois de plus les rapprochements. La LDH apporte son soutien aux fonctionnaires agressés et blessés. Le ou les coupables doivent être punis. Mais comment ne pas constater une gestion paradoxale de l’administration pénitentiaire. D’une part, en qualifiant de détenus particulièrement surveillés certains prisonniers politiques, cette administration entrave leur rapprochement tout en leur reconnaissant un comportement sans problème voire exemplaire depuis leur incarcération. D’autre part, elle n’informe pas ses personnels de l’incarcération de détenus particulièrement dangereux comme c’est le cas aujourd’hui à Borgo ».

Par ailleurs la LDH est revenue sur les divers points d’avancement de la situation plus générale, de la spécificité de la Corse et de la position du gouvernement quant à l’avenir de l’île.
« Lors de son récent déplacement en Corse, Madame Gourault a fait plusieurs annonces qui permettent enfin d’envisager un dialogue. Elle a notamment annoncé la possibilité d’une inscription de la Corse dans la Constitution. La constitutionnalisation de la Corse est la suite logique des évolutions institutionnelles que connaît la Corse depuis plusieurs décennies. Elle garantirait une reconnaissance de la singularité corse au plus haut niveau législatif. Cette annonce doit désormais être confirmée au plus vite pour entrer pleinement dans un calendrier de travail.

La possibilité d’une plus grande maîtrise de notre destin via un droit à la différenciation législative constitue aussi une perspective intéressante. Elle donnerait plus de pouvoirs de décision aux élus. Par voie de conséquence, elle doit donner plus de droit politique aux citoyens, notamment celui de voter ou d’être élu quels que soit sa filiation ou son lieu de naissance.
Pour illustrer ce que pourrait être une mise en œuvre du droit à la différenciation, Madame Gourault a établi un lien entre ce nouveau droit et la loi Littoral, suscitant des protestations légitimes. L’Etat a rectifié ce propos. Toutefois, celui-ci est révélateur d’une empreinte forte de la désanctuatisation sur le modèle de développement de la Corse envisagé par l’Etat et revendiqué par certains élus et acteurs économiques. L’entreprise, l’accumulation capitalistique, la déréglementation sont au cœur de ce modèle. Le creusement des inégalités sociales et territoriales en sont les conséquences. L’abstention lors de la dernière élection territoriale est l’expression de la mise à l’écart de plus en plus de citoyens de ce projet de société déjà à l’œuvre.
 
Le développement de la Corse ne saurait être projeté sans une responsabilité sociale et environnementale que partagent l’Etat et les élus, mais les citoyens au travers notamment des syndicats et des associations. Le conseil économique social culturel environnemental constitue un interlocuteur. Au-delà, c’est l’ensemble des associations et des citoyens qui doivent être parties prenantes des discussions entre l’Etat et la Corse. Le dialogue attendu est aussi celui d’une autre démocratie ».