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L'immense soutien des Corses à Yvan Colonna


Philippe Peraut le Dimanche 6 Mars 2022 à 21:05

Près de 15000 personnes selon les organisateurs, 4200 selon les services de la Préfecture ont défilé dans les rues de Corte cet après-midi entonnant des chants « patriotiques » et déployant des banderoles « Statu Francese Assassinu » et « Ghjustizia per Yvan ».
Parmi la foule, de nombreux élus et pas seulement nationalistes, des militants ou sympathisants politiques, des personnalités issues du monde associatif et culturel et des citoyens, tous venus pour une même motivation : apporter leur soutien à Yvan Colonna et sa famille et demander à l’État de revoir sa copie vis-à-vis de la Corse.



La manifestation sur le cours Paoli, photo Michel Luccioni
La manifestation sur le cours Paoli, photo Michel Luccioni
​« Je n’ai jamais vu autant de monde ici depuis l’affaire d’Aleriac’est un signe très fort. » lance Stefanu, un Cortenais qui participe à la manifestation de soutien à Yvan Colonna qui a réuni ce 6 mars à Corte plusieurs milliers de manifestants. « On dirait qu'on est revenu aux années soixante-dix, quatre-vingt cet après-midi. ».

Comme lui, près de 15000 personnes d’après les organisateurs, deux tiers de moins selon les services de la Préfecture, rangée dans une file interminable de plus d’un kilomètre qui va depuis le rond-point de la gare jusqu’au cours Paoli, défilent au rythme des chants patriotiques tels que « A Palatina », « Sunate lu Cornu ».
 
Citoyens, élus, culturels, associatifs, ils sont venus de toute la Corse : Ajaccio, Bastia, Balagna, Fium’Orbu, Bonifacio, Cap Corse.
Tous sont là pour une même motivation : apporter un soutien, en ces heures douloureuses, à la famille Colonna mais également demander des comptes à l’État sur l’agression dont a été victime Yvan mercredi matin et, d’une manière générale faire entendre leur voix par rapport à la politique de l’État en Corse.  « On est tous touchés par ces récents événements, explique Fred venu d’Ajaccio avec de nombreux amis, je suis là pour manifester une certaine colère à l’égard des conditions de l’agression dont a été victime Yvan Colonna. Il est aussi question de la politique de l’État en Corse ces derniers mois... »
Un peu plus loin, au moment où quelques étudiants entonnent « Sunate lu Cornu », Jérôme, venu lui en famille, livre la même analyse. « Je suis là pour dire Basta ! Au lieu d’écouter nos revendications qui sont, je le rappelle, pacifiques, l’État favorise une situation de tension qui a débouché sur ce que l’on a vu aujourd’hui. Il y avait, des femmes, des enfants, des personnes âgées, le mot d’ordre était dignité, respect. On a vu la réponse... »
Josiane, elle, a le ton encore plus virulent. « On est venu apporter notre soutien à Yvan Colonna et sa famille, précise-t-elle, pour autant, la réponse est la même depuis quarante ans : la répression et elle ne fait qu’empirer... »

Comment, un tel acte a t-il pu se passer dans une prison hautement sécurisée ?

Du côté politique, si le ton se fait plus modéré, le contenu reste identique. « Ce soutien est indispensable pour Yvan Colonna et sa famille, rappelle le député Michel Castellani, il s’agit également de poser un problème politique majeur. Comment, un tel acte a t-il pu se passer dans une prison hautement sécurisée et durant de longues minutes sans qu’aucun surveillant n’intervienne ? Et cela fait, en outre, des années que nous demandons l’application de la loi et le rapprochement des prisonniers corses. Nous ne sommes pas entendus... »

Un tournant pour la Corse

Au-delà de l’hommage rendu à Yvan Colonna, Jean-Christophe Angelini voit dans ce rassemblement, un tournant pour la Corse. « Cette manifestation peut permettre de montrer à Paris et au-delà, qu’il y a d’abord le drame d’une famille injustement frappée et ensuite une question politique de fond, celle de rapprochements qui n’ont jamais eu lieu, de conditions d’incarcération et de libération qui n’ont jamais été posées et un problème politique qui en dépit de l’accession des nationalistes aux responsabilités en 2015 et 2017 demeure. »
 

Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni