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L'édito de Jacques Renucci : Le vaccin de la méfiance


Jacques RENUCCI le Mardi 10 Octobre 2017 à 19:21

Alors que l'épidémie 2016-2017 a été particulièrement meurtrière, le vaccin contre la grippe ne fait pas l'unanimité, aussi bien chez les personnes à risque.... que chez les professionnels de santé



L'édito de Jacques Renucci : Le vaccin de la méfiance
On ne le sait peut-être pas, mais l'épidémie de grippe de la saison 2016-2017 a enregistré son plus fort taux de mortalité depuis 2006. Et sept hospitalisations sur dix concernaient des malades de plus de 65 ans, âge à partir duquel le système immunitaire réagit moins vigoureusement.




Pourquoi cette hécatombe, alors que tout est fait pour que le plus grand nombre – souvent gratuitement – ait accès au traitement ? Pour une raison simple : la confiance en l'efficacité du vaccin est limitée. A ces doutes sur le bien fondé de la mesure s'ajoute un élément aggravant : pour beaucoup, le vaccin, non seulement n'atteindrait pas son objectif, mais de plus serait dangereux pour la santé. 




En somme, le vaccin permettrait de mourir bien portant... Résultat : moins de la moitié des seniors ont recours à la vaccination. A l'appui de leur désistement, ils avancent le fait que le vaccin ne serait pas efficace du fait que, lors de son élaboration, on a utilisé les souches du moment. Or, à l'apparition de l'épidémie, les souches en circulation ne correspondent pas toujours à celles contenues dans le vaccin, mutation rendant celui-ci moins efficace. Quant aux effets secondaires de la vaccination, présentés parfois comme à risque par un senior sur deux, ils seraient presque toujours bénins, comme le souligne l'Organisation Mondiale de la Santé.




Directement ou indirectement, la grippe occasionne plus de 20 000 décès par an. Il suffirait que 75% de la population soit vaccinée pour économiser 3 000 vies sur ce total.




Dans le catalogue des affections saisonnières, elle occupe une place de choix. Il ne suffit pas de bien se couvrir pour y échapper. En période de pointe épidémique, elle est partout, elle se transmet par voie aérienne, avec la toux par exemple, ou par contact. C'est l'infection respiratoire d'origine virale la plus fortement contagieuse, c'est aussi la maladie dont le vaccin est le plus travaillé – et en même temps le plus déprécié.




Face à ce constat de carence, comment réagissent les pouvoirs publics ? En expérimentant dans quelques départements la vaccination en pharmacie, ce qui déplaît unanimement aux pharmaciens et aux autres professions de santé concernées.Ainsi, le président des infirmiers libéraux a dit qu'une limite avait été franchie par les officines, celle de « la barrière cutanée ». 




En désespoir de cause, la ministre de la Santé, Agnès Byzyn, envisagerait même à long terme de rendre la vaccination contre la grippe obligatoire. Elle ferait bien de commencer par ses propres troupes. Lors du lancement de la campagne actuelle,  elle a appelé les professionnels de santé à payer de leur personne, alors que trois sur quatre refusent le vaccin. Un exemple pas très positif. Si celui qui en principe sait tout et est en première ligne évite l'épreuve, comment se sentir rassuré ?
C'est comme lorsque l'on entre chez un buraliste qui ne fume pas ou chez un restaurateur trop maigre... Méfiance.

© Dmitry Lobanov - Fotolia.com
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