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L’Assemblée de Corse se préoccupe de l'accueil des réfugiés


le Jeudi 17 Septembre 2015 à 22:00

Il y a quelques jours, le conseiller exécutif François Tatti publiait un communiqué pour que la Corse prenne part à l’élan de solidarité européen envers les migrants. Un appel qu’il a souhaité réitérer ce jeudi matin devant l’Assemblée de Corse, à l’occasion d’une question orale. Bien que l’Assemblée n’ait pas compétence en la matière, Paul Giacobbi a toutefois convenu que la question ne pouvait pour autant être absente des débats, et a convié les présidents de groupe à une réunion afin de réfléchir sur le sujet



L’Assemblée de Corse se préoccupe de l'accueil des réfugiés
Jour de reprise à l’Assemblée de Corse. A l’occasion de la première séance de questions orales après la pause estivale, jeudi matin, le président de la CAB et conseiller territorial François Tatti, a souhaité réitérer, au sein de l’hémicycle, son appel à la solidarité envers les réfugiés, quelques jours après la publication d’un communiqué.  Cependant, « retenu à Bastia », c’est par la voix du président de l’Assemblée, Dominique Bucchini, que sa déclaration a été lue aux conseillers territoriaux. 
 
« Les conflits armés qui dévastent l’Afrique subsaharienne, le Proche et le Moyen-Orient, poussent les populations de ces territoires à fuir en traversant la Méditerranée, souvent sur des embarcations de fortune, au péril de leurs vies. Après de nombreux mois d’atermoiements qui ont laissé la place à bien des drames, l’Europe s’organise enfin pour accueillir ces réfugiés », a-t-il tout d’abord rappelé, tout en soulignant que l’élan de solidarité européen qui s’est fait jour, doit également trouver sa place en Corse.
 
Conscient de la polémique qui agite la société civile insulaire depuis la publication de son communiqué, il n’a également pas manqué de relever les arguments développés par ses détracteurs: « Cet élan de générosité soulève pourtant bien des questions légitimes au regard de nos propres difficultés sociales et économiques. […] Ces difficultés existent mais il n’est pas concevable de les instrumentaliser pour rejeter à la mer des familles qui fuient la guerre. Et je regrette d’ailleurs que ceux qui arguent aujourd’hui de la nécessité d’aider en priorité les sans domicile fixe ne soient pas les premiers à s’en préoccuper en temps ordinaire »,  a-t-il ainsi répliqué. « Chacun est bien conscient que notre effort collectif ne doit pas se faire sans discernement, ni en mésestimant les difficultés de tous ordres qu’il faudra surmonter mais chacun doit savoir que la venue de ces quelques dizaines de familles ne peut mettre à mal notre cohésion sociale », a-t-il poursuivi, avant d’interroger le président de l’Exécutif sur le rôle qu’entend jouer la CTC face à cette problématique.
 
Une réunion avec les présidents de groupe
Répondant que la collectivité territoriale n’a pas compétence en la matière, Paul Giacobbi a cependant tenu à insister sur le fait que la question ne pouvait pour autant être absente des débats :  « Notre institution ne peut demeurer sans réaction face à cette tragédie et je propose donc que les présidents des groupes politiques prennent quelques instants pour se réunir sous l’autorité du Président de l’Assemblée de Corse et pour réfléchir aux actions que nous pourrions mettre en place ou soutenir. Naturellement avec ma collègue, Maria Guidicelli, nous nous associerons à cette séance de travail. Notre collectivité doit s’impliquer pleinement dans les dispositifs susceptibles d’être mis en œuvre dans les prochains jours en faveur des réfugiés », a-t-il déclaré.
 
Quelques minutes plus tard, lors de son allocution d’ouverture des travaux, le président de l’Assemblée de Corse a également souhaité ajouter quelques mots sur le sujet à son tour: « Au-delà de l’émotion médiatique, un tel contexte est propice, surtout en période de crise, à l’exploitation des inquiétudes et des égoïsmes, qui parfois servent aussi d’alibi au racisme et à la peur de l’autre. Il convient, par conséquent, de bien réfléchir aux conditions raisonnables d’accueil et intégration de nouveaux arrivants, pour ne pas alimenter ces réactions de rejet », s’est-il exprimé avant de reprendre : « La Corse a su, toujours, se montrer accueillante envers ceux qui fuyaient une oppression barbare, un régime politique qui les combattait ou, plus simplement, venaient y chercher du travail et de quoi améliorer leur existence. Pourtant, le niveau de vie de sa population permanente n’était pas, loin s’en faut - et malgré la crise et les difficultés que nous connaissons -  celui aujourd’hui ! », a-t-il conclu se disant persuadé « que le peuple corse saura se monter, une nouvelle fois, fidèle à ses valeurs ancestrales d’hospitalité et entraide ». 

Manon PERELLI