C’est un vote essentiellement symbolique. Le 27 juin à Ajaccio, la majorité des groupes de l’Assemblée de Corse, à l'exception de la droite une motion reconnaissant « l’existence de l’État de Palestine », conformément aux résolutions antérieures de l’ONU.
Portée par la présidente de l’Assemblée Marie-Antoinette Maupertuis et cosignée par les groupes Core in Fronte, Fa Populu Inseme et les conseillers non-inscrits Josepha Giacometti-Piredda et Pierre Ghiongha, la motion s’appuie sur plusieurs résolutions des Nations unies et rappelle « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Elle affirme également « le soutien au peuple palestinien » et dénonce les violations du droit international dans la bande de Gaza. « C’est une urgence humanitaire, un devoir humaniste, un soutien à l’autodétermination », a déclaré la présidente de l’Assemblée.
Le document rappelle les chiffres les plus récents : plus de 54 000 morts palestiniens selon l’ONU, une famine aiguë, et une situation qualifiée de « sans précédent » par les agences humanitaires. « L’Assemblée de Corse reconnaît l’État de Palestine, dénonce les actes génocidaires perpétrés à l’encontre de la population palestinienne et refuse l’utilisation des bases militaires corses et sardes pour des interventions contraires aux droits humains universels », lit-on. Dans la même ligne, le texte demande au gouvernement français « de reconnaître sans délai l’État de Palestine » et « de suspendre toute livraison d’armes, de munitions ou de matériel militaire à l’État d’Israël ». Il exprime aussi une opposition claire à « l’utilisation des bases militaires corses et sardes pour des interventions contraires aux droits humains universels ».
Paul-Félix Benedetti, élu Core in Fronte, a salué une « motion de principe », dénonçant un « processus d’éradication » de la population palestinienne. « Ce qu’ils subissent n’a plus aucune justification. La seule issue, c’est la mise en œuvre des résolutions de l’ONU pour une solution à deux États, dans le respect des peuples et des religions », a-t-il déclaré.
Sans valeur juridique, ce vote s’inscrit toutefois dans un contexte diplomatique mouvant. En avril 2025, le président Emmanuel Macron avait évoqué la possibilité d’une reconnaissance par la France de l’État palestinien. L’Assemblée de Corse, pour sa part, vient de faire son choix.
Adoption de la motion que j’ai déposée avec @coreinfronte, @giajosepha, @PGHIONGA et @fapopuluAC relative au peuple palestinien et à la situation actuelle à Gaza.
— Marie-Antoinette Maupertuis (@Maupertuis_N) June 27, 2025
L’@AssembleeCorse reconnaît l’Etat de Palestine, dénonce les actes génocidaires perpétrés à l’encontre de la… pic.twitter.com/EuPPRvi9lG
L’initiative de l’Assemblée de Corse a été saluée dès samedi par plusieurs élus de La France insoumise sur les réseaux sociaux. « Reconnaissance de l’État de Palestine par la Corse : merci de réaliser ce que Macron est incapable de faire ! (Et fière de mes origines !) », a réagi sur X Manon Aubry, eurodéputée LFI, évoquant ses racines corses par son grand-père militant socialiste. D’autres figures du mouvement insoumis, comme Thomas Portes, Ugo Bernalicis, Éric Coquerel ou encore Manuel Bompard, ont relayé la motion adoptée à Ajaccio, saluant un geste politique fort.
Même en Corse, ce vote a trouvé un écho : Thomas Santoni, le président du collectif Corsica Palestina, a lui aussi salué "la reconnaissance symbolique exprimée par l’Assemblée."
À l’inverse, Nicolas Battini, président de Mossa Palatina a dénoncé ce vote. Il accuse les élus territoriaux d’avoir cédé à une vision idéologique du conflit. Dans une publication diffusée sur X, il ironise sur les priorités de la Collectivité de Corse, en évoquant « l’excellente santé financière » de l’institution. Lui-même se dit solidaire des civils victimes de la guerre, mais dénonce ce qu’il considère comme un biais politique : « Si beaucoup d’entre nous gardent leur liberté de critique et déplorent les morts civils dans la guerre que Tsahal mène contre le terrorisme islamique, des vérités s’imposent : des otages israéliens sont toujours détenus, la menace iranienne pèse, et Israël reste la seule démocratie du Moyen-Orient », écrit-il. Il fustige notamment l’emploi du mot « génocidaire » dans la motion, qu’il juge emprunté au « verbiage des Frères Musulmans et de Rima Hassan ». À ses yeux, cette résolution constitue « un énième acte de soumission à l’islamo-gauchisme ». Et de conclure : « Les Juifs de Corse et leurs nombreux amis n’oublieront jamais cette forfaiture. Viendra le temps de le faire savoir par la démocratie ».
L’Assemblée de Corse vient de reconnaître l’Etat de Palestine. L’opposition de centre-droit totalement silencieuse. Thomas Portes, député LFI du 93, salue ce vote. La présidente Maupertuis s’en félicite. Une priorité évidente au vu de l’excellente santé financière de la…
— Nicolas Battini (@BattiniNiculaiu) June 28, 2025
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