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L'Ajaccien Kevin Lameta sacré au "Festivi" du film Nikon


Marilyne SANTI le Jeudi 20 Février 2014 à 22:05

Kevin Lameta, 29 ans, comédien mais aussi réalisateur corse de talent fait partie de cette jeune génération qui garde un œil bien ouvert sur notre société. Dès son premier court métrage elle sera au cœur du sujet. Il dit lui-même « être touché par l’homme et aller plus facilement vers une personne en détresse ou chez celui ou elle ne se voit pas de prime abord.» Une affaire de cœur donc, d’émotions et de sentiments que l’on retrouvera dans chacun de ses courts métrages. Dès son baccalauréat en poche, Kevin passera directement d’une école de commerce et de distribution à l’Université de Corse où il suivra des cours d’arts du spectacle. Puis ce sera Paris et la Sorbonne pour une première année de Licence Art & Cinéma. Après une formation de théâtre au cours Florent il ne cessera ensuite de tourner et de s’initier à la réalisation tant sur la Corse que sur le continent. Aujoud’hui Kevin Lameta voit son travail récompensé par de nombreux prix. Corse Net Infos a voulu en savoir plus.



L'Ajaccien Kevin Lameta sacré au "Festivi" du film Nikon
- Vous venez de remporter le prix de la meilleure réalisation du 4ème Festival du film Nikon, devant plus de 870 inscrits, pouvez vous nous parlez de votre court métrage Je suis indélébile ?
- C'est une grande fierté de recevoir ce prix car il a fallu aller le chercher. Le festival Nikon est monté en puissance cette année et mon film représente une certaine école qui, je pensais, n'avais peut-être pas sa place ici... J'avais tort. Le Jury, présidé Charles Berling, pour qui j'ai énormément d'estime, a soulevé que le cinéma est, avant toute chose, de l'art, un regard et pas uniquement une prouesse technique. Recevoir le prix de la meilleure réalisation est un honneur car le film a été pensé, réfléchi et travaillé dans les moindres détails pour servir au mieux le sujet. Je voulais raconter une histoire forte avec peu de dialogues et peu de plans. On m'offre, en ce début d'année, un tremplin, une visibilité et une invitation à continuer ''des films plus longs'' comme me l'a suggéré Eric Wojcik, membre de la sélection Internationale du festival de Clermont-Ferrand. Je vais donc continuer à raconter des histoires parce que j'ai des choses à dire.
 
- 140 secondes, pour se remémorer de belles choses, les mémoires tristes ou heureuses, tel était le thème de ce festival, pourquoi ce choix ? 
- Et pourquoi pas ? Ce genre de festival est souvent propice à la comédie. Mais nous sommes loin de vivre dans le meilleur des mondes. Je ne voulais pas spécialement faire rire ou pleurer.... Je voulais glacer le spectateur, qu’il y ait une prise de conscience au moment où le souvenir surgit à travers le regard des personnages. J'ai choisi de traiter d'un sujet lourd, l'inceste, tout en évitant de tomber dans le pathos. C'est un sujet qui est peu traité en France et pourtant l’inceste, la pédophilie, sont des faits bien réels qui détruisent des familles entières. Pour beaucoup, elles vivent dans le déni et emportent le secret avec elles dans la tombe. Je pense qu’il faut en parler sans tabou mais avec subtilité.
 
- ''Je suis indélébile'' à fait partie des 10 films retenus par le Jury pour être projetés au festival international du court-métrage de Clermond-Ferrand, une consécration de plus?
- Absolument ! Une semaine avant la remise des prix, Nikon m'a contacté pour me préciser que le film avait retenu l'attention du Jury et serait projeté deux fois au festival de Clermont-Ferrand. J'étais ravi. J’ai fait le déplacement et j’ai passé quatre jours formidables à voir de bons films. On apprend beaucoup des autres. C’était un de mes principaux objectifs. Clermont-Ferrand est 'le' rendez-vous des résistants du court-métrage et aussi un bon thermomètre de la société. J'ai pu constater l’accueil du film par un public à l'œil averti. La salle était pleine à craquer et, à la fin du film, il y a eu un gros malaise : j’ai presque regretté d'avoir choisi ce sujet ! Je me cachais dans le fauteuil, même si j'étais là de façon anonyme. Les spectateurs ne savaient pas trop s'il fallait applaudir ou pas. C'est là que j'ai réalisé que le film faisait son effet. Le contrat était rempli.
  
- Un parcours sans faute pourrait-on dire, pour un ajaccien qui rêvait tout d’abord d’être acteur. Parlez-nous de vous et de votre passion
- J'ai quitté la Corse pour faire principalement de la mise en scène et le hasard m'a conduit à être acteur. Je crois qu'il est indispensable pour un metteur en scène de jouer à l'acteur pour ressentir et comprendre à quel point ce métier est déstabilisant. Et puis, souvent les comédiens sont rassurés de savoir que vous êtes ou avez été acteur. Il y a une sorte de confiance immédiate qui s'installe. Il faut vraiment être à l'écoute car chaque acteur est une personne unique. Le comprendre, c'est mieux se faire comprendre sur le tournage... C’est important pour les enjeux du personnage et pour tenir la note. Contrairement à ce que certains pensent ou ont envie de penser, je n'ai absolument pas mis ma carrière d'acteur entre parenthèse. L'un n'empêche pas l'autre, il est important de le rappeler. Je suis toujours là, si le projet m’intéresse. J'ai tenu des rôles principaux dont j'estime avoir tenu la note jusqu'au bout même s’il y a toujours des choses à revoir. J'ai fait de belles rencontre notamment avec Anne Deluze, Laurent Simonpoli, Gabrielle Le Bomin ou encore Eric Rochant. Mais la mise en scène restera néanmoins ma première passion car elle me permet de porter un projet personnel. Je n'ai jamais joué dans un de mes films, j'aime trop la réalisation pour ça.

- « Via Rupta » est votre premier film tourné en Corse à l’automne dernier. Deux être égarés qui apprennent à se rencontrer sur des kms de route à travers l’île, mais encore ?
- Vous le saurez bientôt ! Via Rupta, produit par Versus Film, est un film qui m'est cher car c'est mon premier film professionnel tourné en Corse. J’attends ce moment depuis quatre ans. J'ai eu le privilège d'être soutenu par la région Corse (Aide à la première œuvre) ainsi que par France 3 Via Stella. Sans eux, le projet aurait eu peu de chance de voir le jour, je leur dois beaucoup. Via Rupta c'est avant toute chose l'histoire d'une rencontre entre deux personnages. On y découvre Paul, la soixantaine, parcourant les routes Corse qu'il n'a pas vu depuis très longtemps. Il revient à la racine d'un traumatisme profond et erre parmi des décors fantomatiques, irréels par moment, avant de rencontrer Maria, un personnage fascinant. Il n'y a que deux personnages durant tout le film.
J'ai choisi le Road Movie car c'est un genre propice à l'imprévu, à la poésie et j'aime beaucoup l’idée de la fuite. C'est une découverte de l'autre, de soi et ce genre est très intéressant car il permet souvent une seconde lecture au film... J'ai souhaité tourner dans toute la Corse, dans des décors très cinématographiques qui me provoquent des émotions. Avec le chef Opérateur, nous avons décidé d'opter pour une image intemporelle, mélancolique afin de sublimer l'histoire de cette rencontre éphémère, sans qu'on ne sache forcément tout sur les protagonistes. C'est un film très personnel et que je dédierais à un acteur exceptionnel qui a rejoint les étoiles il y a peu: Daniel Duval. Il nous avait fait l'honneur d'accepter d’interpréter le personnage de Paul avant que la maladie ne l'emporte... Le tournage a été chaotique car, un road movie, en Corse, avec peu de moyen et une équipe réduite... c'est rock'n roll ! Cependant, si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seule seconde. C'est une expérience riche en émotion et j'ai eu la chance d'être entouré par une équipe incroyable.
               


- 30mn de tournage et un budget prévu insuffisant. Vous faites donc fait appel à la communauté des internautes via un site de Crowfonding afin de réunir la somme nécessaire pour terminer le film soit 3 525€. Comment cela fonctionne t-il et où en êtes-vous de cette participation des internautes?
- Comme je l'ai dit, le Road Movie est un genre propice à l'imprévu et...on en a eu beaucoup! Du coup, nous nous retournons vers les internautes pour nous aider à finir le film. Le but est très simple, les personnes souhaitant nous aider peuvent faire un don de 10€ à 1000€ jusqu'au 3 Avril 2014. Si nous n'arrivons pas aux 3 525€ souhaités, nous perdrons tout. Chacun fait avec ses moyens. C'est un mode de financement intéressant car il permet à monsieur tout le monde de mettre sa pierre à l’édifice. Pour le moment, nous sommes à 40%. Il nous reste 6 semaines pour y arriver donc...on vous attend! 
LE LIENS - http://fr.ulule.com/via-rupta-film  /
 
- Quand pourra t-on voir vos créations sur les écrans Corses ?
- Certainement à l'été 2014 pour Via Rupta. Et pour Je suis indélébile c'est un peu plus compliqué car le format du très court n'est pas facile à caser.

- Quels sont vos futurs projets ?
- Terminer le montage de Via Rupta et l'accompagner dans un maximum de festivals pour qu'il soit vu. C'est important de voir l’accueil du public et d'en parler après. Surtout que Via Rupta est un film Corse mais universel. Nous souhaitions, avec le producteur (Jean-Louis Graziani), toucher le plus grand nombre à l’extérieur. La Corse est une terre de cinéma, c'est indiscutable et je trouve qu'il n'y a pas assez de tournages internationaux. Il faut la montrer, c'est une fierté. Je compte aussi promouvoir également Je suis indélébile qui m'ouvre actuellement quelques portes. J'ai aussi des scénarios de courts-métrages à tourner. Notamment un que je développe actuellement et que j'aimerai tourner en Corses. Je développe également deux long-métrages dont un co-écrit avec mon acolyte Julien Pénanuel et me penche aussi vers le documentaire.
 
- Un conseil à donner à ceux qui rêveraient de devenir réalisateur ?
- Travailler, lire, aller au théâtre, se sensibiliser aux choses de la vie, aller au cinéma voir de bons films, éviter les mauvais, et ne pas remettre en cause son art et travailler, encore et encore. Il faut être un 'faiseur', un catalyseur d’énergie et ne pas avoir peur des coups. Si on aime le cinéma et qu'on a des choses à dire ou un combat à mener, alors il faut foncer dans le tas en n'écoutant personne d'autre que soi. A l'heure actuelle, on a tous des outils à notre disposition pour faire de la vidéo et pour pas trop chère. On a plus d'excuse. J'appartiens à la nouvelle génération qui ne demande qu'à exploser. A nous d'écrire la suite pour laisser une trace de notre passage dans l'histoire...

LIENS DU FILM: http://www.festivalnikon.fr
LIEN DU ULULE de Via Rupta http://fr.ulule.com/via-rupta-film/
LE COMEDIEN http://www.lademoducomedien.com/acteur/1168_lameta-kevin
 LIEN - Mon site web http://klameta.wix.com/cineaste#!cinema/c199t

santi.corsenetinfos@gmail.com