Manifestement nos propositions ont fait leur chemin : depuis des années notre association met en avant le principe de la tarification incitative. Partout où elle est mise en œuvre, celle-ci se révèle un stimulant efficace du geste de tri et un puissant levier pour réduire les coûts et les quantités de déchets. L’intervention des élus de Vendée, dont celui de la Communauté de communes Terres de Montaigu, référence nationale en la matière, était particulièrement intéressante et inspirante.
La présence à Ajaccio du président et du directeur** du Trivalis pose toutefois question, pour deux raisons :
. 1) Le Trivalis fait partie des syndicats de traitement des déchets qui ont opté pour la construction d’installations industrielles de TMB* (tri mécano-biologique) et par conséquent tourné le dos à la collecte et au traitement séparé des biodéchets***.
A l’expérience, le tri à la source des déchets alimentaires est le seul moyen rentable de produire un compost de qualité valorisable. C’est un levier incontournable pour maîtriser les coûts de transport et de traitement.
. 2) Le choix stratégique du TMB par le Trivalis qui date d’une dizaine d’années est aujourd'hui dépassé. En effet depuis le 17 août 2015 la Loi de transition Energétique pour la croissance verte (LTECV) fait obligation aux collectivités de généraliser d’ici à 2025 les solutions de tri à la source des biodéchets pour tous les habitants, notamment là où le compostage individuel ne peut être déployé.
Au moment où les décideurs de la CAPA sont en négociation avec l’ADEME**** et la Collectivité Territoriale de Corse, sur le projet de construction d’un TMB, la venue d’une délégation du Trivalis et du président national de l’ADEME peut apparaître comme une tentative d’anticiper le contournement de la LTECV. Investir dans un TMB empêcherait le développement indispensable du tri à la source et de la valorisation « matière ». Imposer aux populations une telle installation mobiliserait des financements sur un projet qui ne serait pas opérationnel avant 4 ou 5 ans minimum, voire davantage. Ce n’est assurément pas la solution pour résoudre l’urgence de la crise actuelle !
ZERU FRAZU reste mobilisé pour dénoncer de tels projets coûteux et inutiles, allant à l’encontre de la méthode qui a fait ses preuves partout où elle est en place à travers le monde : 1- tri et collecte séparée des différentes catégories de déchets recyclables et en particulier des biodéchets (ménages, cantines, restaurants, etc.), 2- traitement des biodéchets par compostage (éventuellement par méthanisation), 3- tarification incitative. C’est la base d’une gestion inspirée de la démarche Zero Waste, Zéro Déchet, Zéro Gaspillage.
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* TMB : Le tri mécano-biologique est une technique générique regroupant une chaîne de procédés industriels destinés à traiter les déchets ménagers et assimilés bruts, avec des taux très faibles de valorisation matière et la production de compost pollué qui finit à l’enfouissement. L’ADEME a cessé de le financer. Une nouvelle génération, appelée TVME (tri valorisation matières et énergies), produit des CSR (combustibles solides de récupération : mélange hétérogène de plastiques, cartons, tissus, bois, broyés, envoyés dans des cimenteries moyennant une charge financière ou dans des chaudières, avec une pollution indéniable, mal contrôlable). La LTECV, qui renforce la prévention et le tri des déchets à la source, rend non pertinente la création de nouvelles unités de TMB/TVME, surdimensionnées pour des questions de rentabilité, utilisant ces procédés complexes coûteux et régulièrement sujets à incidents ou incendies.
* * non intervenant à la session de formation
*** http://www.loveyourwaste.com/biodechets-petites-actions-grands-benefices-societe/
**** L’ADEME conditionne les aides aux collectivités corses désireuses de mettre en place la tarification incitative à la participation au voyage d’étude organisé les 17 et 18 mai 2017 en Vendée par l’ADEME et le Trivalis. En matière de tarification incitative l’expérience de Montaigu figure parmi les pionnières. Par ailleurs le Trivalis dispose pour une population d’environ 665 000 habitants, de deux TMB, exploités respectivement par Veolia et Urbaser. Il est aussi porteur d’un projet d’unité de préparation de combustibles solides de récupération...