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Jean Lassalle : « il faut que je retape la Corse avec les Corses et selon eux ! »

Le candidat à l'élection présidentielle a entamé ce mardi à Bastia une tournée de 3 jours sur l'île


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 14 Décembre 2021 à 20:03

Sa venue sur l'île est toujours un évènement. Le député de la 4e circonscription des Pyrénées- Atlantiques et candidat à l'élection présidentielle de 2022, Jean Lassalle a débuté son voyage corse par Bastia et la librairie Papi où il a dédicacé son dernier ouvrage et présenté ses ambitions politiques pour la Corse. Entre deux bains de foule et romans personnalisés griffés sur les livres de ses admirateurs, il a répondu aux questions de CNI sur ses projets pour la Corse et sa vision de son futur sous sa présidence.



Jean Lassalle était à Bastia, à la librairie Papi pour dédicacer son dernier ouvrage "Aurore ou crépuscule Résistons !" et présenter ses ambitions politiques pour la Corse. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Jean Lassalle était à Bastia, à la librairie Papi pour dédicacer son dernier ouvrage "Aurore ou crépuscule Résistons !" et présenter ses ambitions politiques pour la Corse. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti


 - Vous présentez aujourd’hui votre dernier livre « Aurore ou crépuscule Résistons ! ». Le titre sonne comme un dilemme digne d’une tragédie grecque et vous en profitez pour y dressez un constat morose de la société actuelle. Quel est-il ?

 - Je me demande comment nous avons pu en arriver là. En 30 ans nous sommes passés d’un modèle démocratique à l’image de celui de l’Athènes antique à un système du capital qui contraint l’Homme. Nous avons voulu calquer les Etats-Unis d’Amérique sur cette vieille Europe. J’ai beaucoup de respect pour le Massachusetts mais ce n’est quand même pas la Grèce ni la Rome antique si vous voyez ce que je veux dire !

 Aujourd’hui, nous sommes taraudés par l’anxiété et le monde est fait d’interrogations qui ne trouvent jamais de réponses. Nous n’avons pas de visibilité ni de futur. J’ai voulu apporter ma contribution à ce qu’il faudrait faire pour sortir de là.

 - On en vient à la deuxième partie du titre « Résistons ! ». Contre quoi ?

 - Contre tout ce qui nous emmerde déjà ! (Rires) Résistons contre un système qui s’est emparé de nous tout entier. Il a d’abord réduit à zéro la démocratie en enlevant la liberté de choisir. Il faut avoir plusieurs choix et nous n’en avons plus. Il n’y a plus comme autrefois, un projet à gauche plus social, un autre à droite plus libéral et un au centre qui lie les deux.

 - Ce système vous voulez le bousculer, d’où votre candidature à l’élection présidentielle de 2022 mais avant ça il vous faut des parrainages de maires. Qu’avez-vous à dire aux édiles corses pour les convaincre de vous donner leur signature ?

 - Je leur suggère de me donner un peu de leur force et de leur sagesse. Celle d’aimer passionnément la terre, le ciel, la mer, la montagne et la neige de leur si beau pays.

 - Ce si beau pays que vous décrivez avec tant de lyrisme, avez-vous un projet particulier pour lui si vous êtes élu président de la République ?

 - Oui, il faut que je retape la Corse, avec les corses et selon leurs aspirations et leurs rêves ! Je sais que de ce point de vue là, je ne serai jamais déçu car ils en ont beaucoup. Mais je dois aussi retaper la France qui est un vieux pays rabougri, de mauvais poil et rempli d’anxiété. Il faut relancer le savoir, la recherche et le vivre-ensemble mais j’ai besoin des maires corses pour me dire où est le cap !

 - Ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon disait être favorable à l’application de l’article 74 de la Constitution à la Corse si elle le demandait, lui donnant ainsi plus d’autonomie. Quelle est votre position sur le sujet ?

 - Plus d’autonomie c’est plus de responsabilités. L’autonomie c’est tout simplement mettre en Corse la politique qui convient au peuple corse et à ceux qu’il a mandaté mais ça ne veut pas dire que la Corse veut se séparer de la France. C’est une nouvelle forme de partenariat dans laquelle ce n’est pas toujours le même qui impose son point de vue à un autre qui doit le suivre.

 - Que pensez-vous de la co-officialité de la langue corse ?  Y serez-vous favorable ou répondrez vous la même chose que le gouvernement actuel et ceux l’ayant précédé : « il n’y a qu’une seule langue c’est celle de la République » ?

 - J’ai appris trois langues à l’âge de 6 ans et la dernière était le français, après le béarnais et l’espagnol. Il en est resté une trace indélébile c’est mon accent. Il faut apprendre toutes ces langues qui font partie de notre capital et qui ont apporté à la France ce caractère universel. Co-officialité bien entendu ! Sinon, cela ne sert à rien. Le président de la République doit faire des efforts pour se familiariser à toutes les langues de son pays car il en a l’obligation suprême ! C’est notre patrimoine à tous et il est indivisible et intouchable !

 - Vous président, vous parleriez béarnais, basque, breton, occitan, alsacien, corse et français ?

 - Je ne pense pas que j’y arriverai. Je n’ai pas reçu le don des langues, le Saint-Esprit mais ce n’est pas parce qu’on est porteur d’une idée qu’on est obligé de faire soi-même des miracles. Je suis un homme moyen qui considère que les forces de l’esprit constituent une puissance dont nous ne nous servons absolument pas aujourd’hui. Nous devons avoir un esprit de recherche, de conquête dans l’esprit. Il faut reconquérir le monde d’une autre manière en l’invitant à venir chez nous.

"Quand le Président et le Premier ministre viennent en Corse il faut qu'ils rencontrent les élus au lieu de les feinter"