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Jean-Christophe Spinosi : « Napoléon Bonaparte était un véritable passionné de musique »


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 4 Mai 2021 à 17:29

À l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, le chef d’orchestre et violoniste de talent Jean-Christophe Spinosi revient sur ses terres natales pour un concert hors du commun. Accompagné par l’Ensemble Matheus qu’il a crée en 1991, il se produira dans la chapelle impériale d’Ajaccio le mercredi 5 mai, autour de la crypte de la famille de l’empereur, lors d’un concert sans public, retransmis sur les réseaux sociaux de la ville d’Ajaccio à 20 heures 30.

Entre deux répétitions, Jean-Christophe Spinosi a confié à CNI l’honneur que représentait pour lui de jouer dans ce lieu empreint d’histoire pour commémorer les deux cents ans de la disparition d’un empereur épris de musique.



Jean-Christophe Spinosi, en pleine répétition dans la chapelle impériale d'Ajaccio. Crédits Photo : Michel Luccioni
Jean-Christophe Spinosi, en pleine répétition dans la chapelle impériale d'Ajaccio. Crédits Photo : Michel Luccioni
 - Vous qui traversez le monde avec l’ensemble Matheus, qu’est-ce que cela représente pour vous de revenir jouer en Corse, dans la chapelle impériale, pour le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte ?
 - C’est d’abord un honneur et un grand bonheur que de venir faire de la musique en Corse quelque soit l’occasion. Comme tous les corses éloignés de leur île je suis tel un amoureux transi, toujours dans l’attente du retour au pays. Ce concert-ci est une véritable chance tant sa portée historique est importante. Il faut savoir que Napoléon Bonaparte était passionné par la musique et il considérait qu’elle est un élément essentiel de la civilisation. Je note que dans tout ce qu’il a construit il mettait la musique au centre de son cœur et ce n’est pas propre à tous les chefs d’Etat. Ce concert, c’est aussi pour montrer que la Corse est le pays de la musique.

 - On vous retrouvera donc sur les réseaux sociaux pour une retransmission du concert dans la chapelle impériale d’Ajaccio. Pourquoi avoir choisi ce lieu ?

 - Au départ, il était prévu à la cathédrale d’Ajaccio, devant un public. Mais pour répondre aux obligations liées au contexte sanitaire nous avons dû nous adapter. Je remercie d’ailleurs la mairie d’Ajaccio qui s’est mise en quatre pour maintenir l’évènement. La chapelle impériale était au départ un choix par défaut mais au final, cela s’est révélé très intéressant. Nous avons adapté notre programme en fonction du lieu et des restrictions puisque de 40 musiciens nous sommes passés à 10.


 - Justement, la représentation qui s’intitulait au départ « 1809, Napoléon et la musique » a-t-elle subie des modifications ?
 - Oui. Nous avons opté pour une représentation plus intimiste pour coller au lieu avec une symbolique très forte. L’orchestre va former un cercle autour de la crypte où repose la famille Bonaparte, sur le modèle d’une veillée mortuaire corse. Les œuvres choisies ont été changées avec de la musique sacrée pour s’adapter à ce nouveau programme et à ce lieu. Cela a aussi une incidence sur la manière de jouer qui sera beaucoup plus intime. L’intitulé de la représentation n’est donc plus celui prévu à l’origine. Inventons-le maintenant. Pourquoi ne pas l’appeler « veillée musicale pour Napoléon » ? Pour l’occasion je porterai ma double casquette : chef d’orchestre et violoniste.


 - Quelles seront les œuvres jouées ?
 - À l’origine nous devions jouer des œuvres commandées par Napoléon en personne mais le programme a changé. Nous jouerons donc le Stabat Mater de Vivaldi, une œuvre de passion qui va avec le ton. Puis le Nisi Dominus, toujours de Vivaldi, dont les paroles sont très symboliques. C’est une œuvre sacrée qui va de pair avec l’homme de passion et d’esprit qu’était l’empereur. L’opéra aura aussi sa place avec le « Dormi o fulmine di guerra » d’Alessandro Scarlatti qui, une fois traduit, donne « dort au génie de la guerre ». C’est un clin d’œil aux conquêtes militaires de Napoléon Bonaparte. Puis nous finirons avec une œuvre qu’il a adorée. Il s’agit d’une transcription au clavecin de l’opéra Pimmalione dont nous jouerons l’ouverture. Cette œuvre du compositeur italien Luigi Cherubini était très importante aux yeux de Napoléon puisqu’il l’a commandé lui-même en 1809. L’histoire dit qu’en revenant de Vienne, l’empereur l’a écouté à l’opéra comique et qu’il en est ressorti en pleurs. C’était important de la jouer auprès de sa famille puisque c’est une œuvre qu’il a commandé, écouté et adoré.


 - Est-ce que ce genre de concerts sans public est une première pour vous ?
 - Non, nous en avons déjà fait mais jamais avec cette importante historique. La ville d’Ajaccio a su innover et a maintenu le cap.


 - Qu’est-ce que cela implique pour l’interprétation ?
 - Cela implique beaucoup de jouer sans public car il renvoie une forte énergie. Nous jouerons pour la famille Bonaparte reposant dans la crypte avec les conditions d’un vrai concert. C’est aussi un hommage rendu à cet empereur qui était un véritable passionné de musique. Il a commandé beaucoup d’œuvres à plusieurs compositeurs. Cette représentation intimiste c’est un peu comme si on jouait pour lui.

Info ++

 
Le concert de l’ensemble Matheus et de Jean-Christophe Spinosi sera proposé en configuration réduite et finalement retransmis en captation vidéo sur les réseaux sociaux de la Ville depuis la Chapelle Impériale à 20h30. 
Le concert sera visible sur les réseaux sociaux suivants : 
- YouTube CitadAiacciuTv 
- Facebook Ville et espace Diamant 
- Twitter Ville 
- LinkedIn Ville d'Ajaccio 
 
Le lendemain à 20h30 une rediffusion du concert sera proposé par Via Stella sur la page facebook de la chaîne