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Intervieweur des « people », Laurent Castelli-Argelier met aussi à nu les politiques


le Dimanche 10 Août 2025 à 15:30

Depuis une vingtaine d’années, il s’était spécialisé dans les interviews confidences de personnalités de la télé, d’acteurs ou de chanteurs. En janvier, changement de cible : Laurent Castelli-Argelier a tendu son micro aux politiques, pour révéler leur humanité, toujours dans la bienveillance de style qui le caractérise. S’il a grandi à Lyon, celui qui se définit comme « un artisan du buzz, mais pas du bad buzz » revendique avec tendresse ses origines corses, qu’il doit à sa maman, originaire de Francardo.



Originaire d'Omessa, le village de sa mère, Laurent Castelli-Argelier passe aussi régulièrement ses vacances à Porto-Vecchio, chez son frère Christophe qui travaille dans un glacier sur le port.
Originaire d'Omessa, le village de sa mère, Laurent Castelli-Argelier passe aussi régulièrement ses vacances à Porto-Vecchio, chez son frère Christophe qui travaille dans un glacier sur le port.
A la pointe de Webedia, grand groupe de médias en ligne français, il signe son nom d’un « LA » qui veut dire « Laurent Argelier ». C’est sous ce nom-là, celui du papa, qu’il s’est fait connaître dans les médias, depuis l’époque M Radio. Coiffé de sa casquette siglée des deux lettres, et qu’il porte tel un éternel adolescent, Laurent Argelier a pu interviewer Patrick Bruel, Anne Roumanoff, Samy Naceri, Clara Morgane ou encore Julien Lepers. Des interviews ensuite reprises par la presse people et qui, à l’ère d’Internet, génèrent quantité de vues.

Mais en ce lundi d’été à Porto-Vecchio, l’homme que nous avons devant nous tombe le masque médiatique, si ce n’est la casquette : « Vous voyez, c’est bien Laurent Castelli ! », jubile-t-il, dégainant sa carte d’identité. En vacances chez son frère Christophe, l’intervieweur est interviewé par Corse Net Infos pour évoquer son actualité, LA Parole, ce format d’interview de femmes et d’hommes politiques qu’il est heureux d’avoir lancé cette année.

"L'île de ma mère"
Avant cela, il convient de planter le décor - corse - de ses origines. Césarine, sa maman, est une Castelli originaire de Francardo, au nord d’Omessa, qui a quitté son île natale à l’âge de dix ans. C’est à Lyon que le petit Laurent grandit mais chaque année en vacances, il revient au pays. « La Corse, c’est l’île de ma mère et j’y suis très attaché », se confie-t-il. Césarine Castelli, décédée il y a deux ans, repose aujourd’hui parmi les siens, à Omessa. « Elle était toujours à dire "on ne fait pas d’histoire, on ne se fait pas remarquer, on ne fait pas de bruit". C’est un peu paradoxal avec le milieu dans lequel je suis ! »

Vraiment ? Ces valeurs de respect que lui a inculquées sa mère, Laurent Castelli-Argelier s’en est servi pour bâtir son style d’interview, « dont les mots-clés sont la bienveillance et l’empathie. Je n’agresse pas, j’essaie d’être connecté aux personnes, sans les gêner. Ce qui m’intéresse, c’est d’aller chercher le meilleur d’elles-mêmes. » Depuis le temps où il réveillait les stars à 7 h 45 sur M Radio, dans la très explicite émission Le Réveil des stars, Laurent Castelli-Argelier s’est rapproché de ce milieu du showbiz, jusqu’à se constituer un carnet d’adresses « de près de 500 numéros de téléphone de personnalités publiques ». Un réseau qu’il chouchoute au quotidien : « L’anniversaire, c’est la clé pour entretenir une bonne relation avec une personnalité. Il faut cibler le bon message qui va faire plaisir. » Et en interview, « il faut bien garder en tête que le centre d’intérêt, c’est eux ! » 

"Le buzz, ce n'est pas la polémique"
Depuis ses débuts à France 3 Rhône-Alpes, celui qui se définit comme « un artisan du buzz » aura conduit plus de 2 000 interviews de personnalités. Artisan du buzz ? Il précise : « Le buzz, ce n’est pas le bad buzz, ni la polémique. C’est l’information que les autres n’ont pas. Le scoop, quoi. » Pour autant, il ne se voit pas du tout comme un journaliste : « Non, journaliste, c’est un vrai métier. Moi, je suis un intervieweur, un animateur. Mon père avait des établissements de karaoké. J’étais pas encore majeur que j’animais des karaokés. Je suis donc un animateur de karaoké qui, aujourd’hui, interviewe les plus grandes personnalités. » Dans un rituel toujours très pro : « Avant d’interviewer quelqu’un, je jette 150 idées de question sur le papier en une demi-journée, puis je les ramène à 70, et ainsi de suite. Si mon invité est là pour promouvoir un bouquin, je vais ouvrir son bouquin et le lire. Tout n’est pas toujours très intéressant, mais il y a toujours quelque chose d’intéressant à aller chercher, c’est pour ça qu’il faut bien le lire. » Cette période de préparation, « ça me prend un jour et demi à deux jours. Ce qui fait que, même si une question va paraître futile, en réalité elle est extrêmement ciblée ». 

Son interview de François Hollande, qu’il a réalisée pour Pure People dans le cadre de son nouveau format LA Parole, est sous-titrée « François Hollande, révélations intimes sur sa jeunesse, ses amours et sa passion pour la cuisine ». A la suite de sa diffusion, la presse people et des influenceurs n’auront pas manqué d’en faire leurs choux gras, apprenant que s’il était un dessert, l’ancien président de la République serait une mousse au chocolat (et non un Flanby, comme le sobriquet moqueur dont il avait été affublé aurait pu laisser croire…). Et ses petits-enfants, comment l’appellent-ils ? « Pépère », répondra François Hollande. Laurent Castelli-Argelier explique comment il met ses invités en confiance : « Je joue sur le fait que derrière chaque femme et homme politique, il y a une personne. On a tendance à dire qu’ils sont comme nous. Non. Ils font des choses comme nous, oui, mais ils n’ont pas les mêmes vies que les nôtres. D’autant plus en politique, où il y a énormément de pression. » 

"Faire ressortir le meilleur dans chaque individu"

Ce format vidéo LA Parole, consacré aux personnalités politiques, c’est l’idée d’Antoine Meunier, le directeur adjoint de Webedia. « J’étais venu pour lui vendre mon podcast LA Série, avec mes interviews de peoples, mais l’idée de rendre plus humains des hommes et femmes politiques, ça m’a plu. » En plus de François Hollande, Prisca Thévenot, Marlène Schiappa, Roselyne Bachelot et Sandrine Rousseau ont accepté de se mettre à nu pour LA Parole. « J’espère aussi, bientôt, Rachida Dati, Anne Hidalgo et Gérald Darmanin », glisse Laurent Castelli-Argelier. Des vidéos qui sont reprises par d’autres médias, mais également sous forme de capsules pour les réseaux sociaux : soit de courts extraits ciblés sur une ou deux punchline et qui en s’additionnant, génèrent un grand nombre de vues : « Pour Roselyne Bachelot et François Hollande, on a dépassé les deux millions de vues », assure-t-il, ravi : « C’est un carton, et j’en suis le premier surpris. »

Parmi les politiques, il y en a néanmoins qu’il ne souhaite pas interviewer, à l’extrême-droite comme à l’extrême-gauche de l’échiquier : « Je ne veux pas qu’on me manipule et quand je vois que certains responsables politiques vivent à travers les polémiques, je suis plus réservé. Ca ne veut pas dire que je n’irai pas les interviewer un jour, mais j’attends de voir. J’observe. » Et en Corse ? « Oh oui, j’adorerais, s’enthousiasme-t-il. Pas seulement des politiques, mais aussi des personnes qui ont eu des parcours de vie cabossées, pour montrer qu’en Corse aussi, on peut faire ressortir le meilleur dans chaque individu. »