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Interdiction d'accès aux pontons du port Toga : des premières solutions bientôt en place

Bastia


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 23 Mai 2022 à 16:43

Depuis ce vendredi 20 mai, les cinq pontons du port Toga sont fermés aux piétons pour six mois, et aucun navire ne doit s’y amarrer pendant un mois. En raison de faiblesses dans leur structure, ils devront être remplacés. Ces interdictions impactent tout un écosystème maritime et économique. Des solutions à court terme vont être mises en place pour les plaisanciers contraints de quitter le navire.



Jusqu'au 20 juin, tous les navires doivent quitter leur emplacement sur les pontons du Port Toga. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Jusqu'au 20 juin, tous les navires doivent quitter leur emplacement sur les pontons du Port Toga. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti

À la capitainerie du port Toga, à Bastia, le téléphone sonne en boucle. Les près de 300 plaisanciers à y avoir un navire amarré cherchent des informations sur le devenir de leur embarcation. Depuis ce vendredi 20 mai, les cinq pontons du port de plaisance sont frappés d’une interdiction de passage piéton pour une durée de six mois et aucun navire ne doit y être amarré jusqu’au 20 juin inclus.

La raison ? Les structures datant des années 1990 menacent de s’effondrer selon un rapport d’expertise réalisé par la société Sofid, remis vendredi aux deux communes concernées, à savoir Bastia et Ville di Pietrabugno, qui se partagent le territoire du port Toga. Dans la foulée, les deux maires avaient pris les arrêtés jugés nécessaires pour la sécurité des usagers. « On ne sait pas quand, comment, ni si les pontons vont s’effondrer. Dans le doute, le principe de précaution prévaut », prévient Pierre-Jacques de Bernardi, capitaine du port.

Trouver un nouveau port d’attache

Sur le quai de la capitainerie, certains plaisanciers viennent à la pêche aux informations. « Je ne sais pas comment on va faire. Moi ça va, j’ai un terrain sur lequel je peux entreposer mon bateau le temps des travaux mais les autres ? », s’inquiète l’un d’entre eux. Derrière, un autre propriétaire tend l’oreille puis intervient : « Le mien est au chantier naval pour réparation mais je devrai le récupérer d’ici dix jours. Il va falloir que je leur demande de le garder ».

Entre deux coups de téléphone, le capitaine du port les rassure : « Des solutions vont êtres mises en place et tout va bien se passer ». La première d’entre elles fait appel à la solidarité entre marins. Plusieurs ports de Haute-Corse pourront accueillir les embarcations. « Il y a quatre ou cinq places sur le Vieux-Port de Bastia, quelques-unes à Macinaghju et j’enchaîne les appels avec les autres », rassure Pierre-Jacques de Bernardi. Insuffisant toutefois, pour les près de 200 bateaux amarrés sur les pontons de Toga, ceux stationnées sur les quais n’étant pas touchés par l’interdiction.

Quelques semaines d’attente avant de revenir s’amarrer

Malgré l'interdiction, certains navires sont encore amarrés aux pontons. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Malgré l'interdiction, certains navires sont encore amarrés aux pontons. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Sur le fronton des cinq pontons, des panneaux ‘’amarrage interdit’’ ont été apposés, conformément aux arrêtés municipaux pris vendredi. L’interdiction ne devrait durer que quelques semaines, un mois tout au plus, le temps de mettre en place une solution alternative. « Nous allons utiliser les piliers de soutien des pontons, appelés les chevêtres, qui eux ne sont pas fragilisés. Grâce à un système de chaînes tendues entre eux, nous allons y attacher des bouées avec des anneaux sur lesquels pourront s’amarrer les navires », détaille Pierre-Jacques de Bernardi.

Cette solution, employée dans d’autres ports du sud de la France soumis aux mêmes problèmes permettra de garder intacte la capacité d’accueil du port. Elle devrait être mise en place rapidement et progressivement. « D’ici à deux semaines, les premiers bateaux pourront revenir s’y amarrer et dans un mois, tous les pontons devraient être équipés », rassure le capitaine du port. Seul bémol, l’accès piéton aux pontons étant interdit, comment les plaisanciers vont-ils se rendre à bord de leur embarcation ?

La solution se trouve en partie auprès de la capitainerie. « Un système de navette entre la capitainerie et les navires va être mis en place entre 8h et 20h. Nous attendons juste les autorisations des assurances et des pouvoirs publics pour pouvoir transporter tout le monde », détaille Pierre-Jacques de Bernardi. Pour ceux disposant d’une annexe, ils pourront les amarrer sur les quais et les utiliser quand bon leur semble. « Pour le reste nous nous tenons à la disposition des usagers et s’il faut embaucher des gens et des moyens supplémentaires pour la saison, nous le ferons », affirme le capitaine du port.

Sans domicile fixe

Une des embarcations qui va servir de navette entre la capitainerie et les navires de nouveau amarrés aux pontons. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Une des embarcations qui va servir de navette entre la capitainerie et les navires de nouveau amarrés aux pontons. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Hasard du calendrier ou non, la période est presque propice malgré les beaux jours. « C’est le bon moment car les bateaux sont souvent dans les chantiers navals pour entretien avant la saison », explique Pierre-Jacques de Bernardi.

Mais pour certains, cette interdiction s’avère plus handicapante. C’est notamment le cas des quatre familles vivant à l’année à bord de leur navire. « Ils sont notre priorité. Certains ont été déplacés sur les quais, d’autres vont bénéficier d’une place temporaire au Vieux-Port de Bastia », déclare le capitaine du port.  

Le calme avant de changer les pontons

Si la question de l’amarrage devrait être résolue rapidement, reste que les pontons devront être remplacés. Le chantier devrait débuter au mois de septembre. « Le temps que le maître d’œuvre sache quels travaux effectuer et de lancer toutes les procédures administratives », précise le capitaine du port Toga. Ils dureront plusieurs mois et devraient s’achever au printemps 2023. Cependant, ils devraient être effectués par tranches pour éviter, encore une fois, de vider le port.

Le risque d’un port fantôme

S’il reste toujours des bateaux amarrés aux quais en béton, la fréquentation du port chutera de fait. Dans quelle mesure ? Personne ne le sait encore. La station d’avitaillement jouxtant la capitainerie et nouvellement rénovée pourrait en souffrir. De même que les commerces liés aux activités maritimes.

Le port en lui-même ne sera pas épargné. « J’ai déjà annulé la venue de navires qui devaient rester un mois ou deux. Pour nous aussi, c’est une perte d’exploitation mais que voulez-vous ? Nous sommes tous dans le même bateau », conclut Pierre-Jacques de Bernardi.