Photo archives CNI.
- Qu’est-ce qui a déclenché votre mécontentement ?
- Dès que le feu a démarré à Linguizzetta samedi après-midi, nous savions qu’il était inaccessible, et que nous allions être en difficulté. On sait que lorsqu’un feu de forêt est inaccessible, c’est l’action combinée des moyens terrestres et aériens qui vient à bout du sinistre. Donc, le commandant des opérations de secours a demandé l’engagement de moyens aériens. Cela nous a, d’abord, été refusé, puis ça a tardé. Ils ont tergiversé, ils ont même envoyé un avion de reconnaissance pour voir si on disait la vérité. Quand on a le temps de faire décoller un avion de reconnaissance, on peut faire décoller des canadairs, et surtout on nous prend au sérieux ! Nous étions en difficulté, nous avons engagé beaucoup de moyens dans des conditions météorologiques extrêmes avec des températures de 41°C et un feu inaccessible. Il a fallu tirer des centaines de mètres de tuyaux. Si nous avions eu les moyens aériens tout de suite, premièrement, il n’y aurait pas eu 80 hectares de brûlés - même si on ne peut pas toujours parer un feu avec des moyens aériens -, mais surtout, nous n’aurions pas pris les risques qu’on a pris avec des moyens considérables, des sapeurs-pompiers épuisés, du matériel et des hommes en difficulté.
- Qui pointez-vous du doigt ? Le Préfet ?
- Non ! Le préfet, au contraire, a demandé, comme nous, l’engagement des moyens aériens. Ce n’est pas du tout une décision préfectorale, mais une décision au niveau zonal, voir au niveau national parisien. L’état-major de la zone Sud décide généralement, mais quelques fois, la demande remonte jusqu’à Paris. Je m’interroge sur la raison pour laquelle les moyens aériens n’ont pas été engagés dès le matin, malgré les demandes incessantes du commandant des opérations de secours. Je ne veux pas polémiquer parce qu’on a toujours eu ce qu’on demandait, mais là, cela fait deux fois en 15 jours qu’il y a des tergiversations, qu’on attend, qu’on traîne, et que nous devons déployer des moyens considérables. Il y avait déjà eu l’alerte à Solaro où les sapeurs-pompiers ont passé 10 jours sur le feu jusqu’à mobiliser 150 personnes. Aujourd’hui on se retrouve dans la même situation à Linguizzetta, alors qu’on avait déjà l’expérience de Solaro. Sans vouloir m’immiscer dans le fonctionnement opérationnel, je ne comprends pas les choix, les arbitrages, les délais et les modalités d’engagement des moyens aériens en Corse. On peut penser que la Corse ne bénéficie pas du même traitement dans le cadre de la mise à disposition rapide des moyens aériens les plus adaptés aux sinistres. Pour les personnels du SIS 2B, c’est un traitement défavorable et irrespectueux. C’est incompréhensible ! Il faut que tout le monde revienne à la raison.
- Dès que le feu a démarré à Linguizzetta samedi après-midi, nous savions qu’il était inaccessible, et que nous allions être en difficulté. On sait que lorsqu’un feu de forêt est inaccessible, c’est l’action combinée des moyens terrestres et aériens qui vient à bout du sinistre. Donc, le commandant des opérations de secours a demandé l’engagement de moyens aériens. Cela nous a, d’abord, été refusé, puis ça a tardé. Ils ont tergiversé, ils ont même envoyé un avion de reconnaissance pour voir si on disait la vérité. Quand on a le temps de faire décoller un avion de reconnaissance, on peut faire décoller des canadairs, et surtout on nous prend au sérieux ! Nous étions en difficulté, nous avons engagé beaucoup de moyens dans des conditions météorologiques extrêmes avec des températures de 41°C et un feu inaccessible. Il a fallu tirer des centaines de mètres de tuyaux. Si nous avions eu les moyens aériens tout de suite, premièrement, il n’y aurait pas eu 80 hectares de brûlés - même si on ne peut pas toujours parer un feu avec des moyens aériens -, mais surtout, nous n’aurions pas pris les risques qu’on a pris avec des moyens considérables, des sapeurs-pompiers épuisés, du matériel et des hommes en difficulté.
- Qui pointez-vous du doigt ? Le Préfet ?
- Non ! Le préfet, au contraire, a demandé, comme nous, l’engagement des moyens aériens. Ce n’est pas du tout une décision préfectorale, mais une décision au niveau zonal, voir au niveau national parisien. L’état-major de la zone Sud décide généralement, mais quelques fois, la demande remonte jusqu’à Paris. Je m’interroge sur la raison pour laquelle les moyens aériens n’ont pas été engagés dès le matin, malgré les demandes incessantes du commandant des opérations de secours. Je ne veux pas polémiquer parce qu’on a toujours eu ce qu’on demandait, mais là, cela fait deux fois en 15 jours qu’il y a des tergiversations, qu’on attend, qu’on traîne, et que nous devons déployer des moyens considérables. Il y avait déjà eu l’alerte à Solaro où les sapeurs-pompiers ont passé 10 jours sur le feu jusqu’à mobiliser 150 personnes. Aujourd’hui on se retrouve dans la même situation à Linguizzetta, alors qu’on avait déjà l’expérience de Solaro. Sans vouloir m’immiscer dans le fonctionnement opérationnel, je ne comprends pas les choix, les arbitrages, les délais et les modalités d’engagement des moyens aériens en Corse. On peut penser que la Corse ne bénéficie pas du même traitement dans le cadre de la mise à disposition rapide des moyens aériens les plus adaptés aux sinistres. Pour les personnels du SIS 2B, c’est un traitement défavorable et irrespectueux. C’est incompréhensible ! Il faut que tout le monde revienne à la raison.
- Il n'y avait donc pas de Canadair sur place ?
- Ils nous ont envoyé deux Canadairs, mais trop tard ! Le feu dure depuis samedi après-midi et on ne l’a pas encore éteint aujourd'hui. On nous a donné un Dash, le soir, et les Canadairs ne sont intervenus que le lendemain. Nous avons eu trois fois plus de travail, alors qu’on sait que sur ce type de feu, les Canadairs doivent intervenir dans les deux premières heures. Le problème, c’est surtout qu’on a engagé des moyens terrestres jour et nuit, samedi et dimanche : 90 personnes sur place, deux jours et deux nuits sur le terrain 24 heures sur 24. C’est inimaginable ce qu’on a dû déployer en termes de moyens, alors qu’on aurait pu conjuguer les moyens terrestres et aériens, cela nous aurait faciliter la tâche. Je tiens à féliciter et à remercier l’ensemble des sapeurs-pompiers, forestiers sapeurs et militaires de la sécurité civile qui ont déployé tous ces efforts et qui ont, grâce à leur efficacité et leur rapidité, éviter le départ de 5 nouveaux sinistres. Les feux de forêt, comme celui de Linguizzetta, sont des feux terribles en termes de moyens, en termes de permanence, de déploiement et en termes de coûts. On parlera du coût à la fin, mais ce sont quand même des journées à 25 000 €. On peut éviter un tel coût en ayant les moyens aériens immédiatement.
- Craignez-vous que cette situation se reproduise ?
- Là, non ! Comme nous avons déjà mobilisé beaucoup de moyens sans avoir commencé la saison, désormais, tout le monde a compris qu’il y avait un réel danger et qu’il fallait être réactif. La saison des feux, qui devait commencer le 7 juillet, est avancée et, dès demain, nous aurons un dispositif lourd sur Corte. Nous ferons l’ouverture de saison des feux de forêt jeudi.
- Comment s’annonce cette saison du point de vue des feux de forêt ? Etes-vous inquiets ?
- Nous sommes très inquiets pour la saison. La situation est extrêmement préoccupante. C’est très sec, il y a beaucoup de végétation. Les températures du mois de juin sont très élevées. L’an dernier a été une saison plutôt facile. Aujourd’hui, ce qui est paradoxal, c’est que les feux de Linguizzetta et de Solaro sont deux feux accidentels. Le feu de Solaro est dû à la foudre. Celui de Linguizzetta est dû à quelqu’un qui débroussaillait. On ne peut même pas dire que ce sont des feux criminels.
- Pensez-vous que les moyens, dont vous disposerez, seront suffisants ?
- Oui, je pense que les moyens seront suffisants. Quand la saison commence, généralement on nous donne les moyens. Le problème, c’est l’avant-saison. Là, il faut plus de réactivité, de conscience. Au regard de ce début de saison, il serait judicieux que le détachement des Canadairs sur Ajaccio et de l’hélicoptère lourd sur Corte soient anticipés.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Ils nous ont envoyé deux Canadairs, mais trop tard ! Le feu dure depuis samedi après-midi et on ne l’a pas encore éteint aujourd'hui. On nous a donné un Dash, le soir, et les Canadairs ne sont intervenus que le lendemain. Nous avons eu trois fois plus de travail, alors qu’on sait que sur ce type de feu, les Canadairs doivent intervenir dans les deux premières heures. Le problème, c’est surtout qu’on a engagé des moyens terrestres jour et nuit, samedi et dimanche : 90 personnes sur place, deux jours et deux nuits sur le terrain 24 heures sur 24. C’est inimaginable ce qu’on a dû déployer en termes de moyens, alors qu’on aurait pu conjuguer les moyens terrestres et aériens, cela nous aurait faciliter la tâche. Je tiens à féliciter et à remercier l’ensemble des sapeurs-pompiers, forestiers sapeurs et militaires de la sécurité civile qui ont déployé tous ces efforts et qui ont, grâce à leur efficacité et leur rapidité, éviter le départ de 5 nouveaux sinistres. Les feux de forêt, comme celui de Linguizzetta, sont des feux terribles en termes de moyens, en termes de permanence, de déploiement et en termes de coûts. On parlera du coût à la fin, mais ce sont quand même des journées à 25 000 €. On peut éviter un tel coût en ayant les moyens aériens immédiatement.
- Craignez-vous que cette situation se reproduise ?
- Là, non ! Comme nous avons déjà mobilisé beaucoup de moyens sans avoir commencé la saison, désormais, tout le monde a compris qu’il y avait un réel danger et qu’il fallait être réactif. La saison des feux, qui devait commencer le 7 juillet, est avancée et, dès demain, nous aurons un dispositif lourd sur Corte. Nous ferons l’ouverture de saison des feux de forêt jeudi.
- Comment s’annonce cette saison du point de vue des feux de forêt ? Etes-vous inquiets ?
- Nous sommes très inquiets pour la saison. La situation est extrêmement préoccupante. C’est très sec, il y a beaucoup de végétation. Les températures du mois de juin sont très élevées. L’an dernier a été une saison plutôt facile. Aujourd’hui, ce qui est paradoxal, c’est que les feux de Linguizzetta et de Solaro sont deux feux accidentels. Le feu de Solaro est dû à la foudre. Celui de Linguizzetta est dû à quelqu’un qui débroussaillait. On ne peut même pas dire que ce sont des feux criminels.
- Pensez-vous que les moyens, dont vous disposerez, seront suffisants ?
- Oui, je pense que les moyens seront suffisants. Quand la saison commence, généralement on nous donne les moyens. Le problème, c’est l’avant-saison. Là, il faut plus de réactivité, de conscience. Au regard de ce début de saison, il serait judicieux que le détachement des Canadairs sur Ajaccio et de l’hélicoptère lourd sur Corte soient anticipés.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Pour le préfet de Haute-Corse, les moyens aériens de l’État ont été engagés dès que la situation l’exigeait.
Dans un communiqué, le préfet de Haute-Corse fait le point sur les moyens engagés sur la période estivale en Corse. Il affirme « qu’à chaque départ de feu, les moyens aériens de l’État ont été engagés dès que la situation l’exigeait. C’est notamment le cas pour l’incendie de Linguizzetta, où un avion Dash a été envoyé immédiatement pour un premier largage. Les canadairs ont rejoint le dispositif très rapidement. Au total, plus de 100 largages d’eau et 5 largages de retardant ont été effectués par trois avions bombardiers d’eau depuis le démarrage de l’incendie de forêt. Les largages par les 2 canadairs se poursuivent à cette heure ». Il ajoute que des moyens terrestres ont également été mis à disposition avec les moyens de la Brigade des militaires de la Sécurité civile en anticipation du dispositif estival organisé chaque année : « une section d’intervention feux de forêts en renfort national est engagée depuis samedi soir à Linguizetta et l’est encore à cette heure ».
Une saison anticipée
En raison du démarrage précoce de la saison des incendies, le préfet annonce que l’État a décidé d’anticiper le renfort des moyens aériens traditionnellement positionnés en Corse en été. « À la demande du préfet de Corse, et après validation du préfet de zone, la Direction générale de la sécurité civile a organisé l’arrivée avancée d’un hélicoptère bombardier d’eau (HBE) lourd, désormais positionné à Corte, soit deux semaines avant la date prévue (15 juillet) ». Et d’affirmer : « La Direction générale de la sécurité civile, en lien avec l’État-Major de la zone Sud, coordonne en temps réel l’allocation des moyens en fonction des priorités opérationnelles. Les moyens sont mutualisés entre les départements, notamment avec ceux du pourtour méditerranéen également exposés à un risque très élevé depuis plusieurs semaines : le niveau de danger sur les départements du Sud a été de façon précoce classé en Sévère (généralisé sur le pourtour méditerranéen), voire Très Sévère (Aude, Pyrénées-Orientales). Cette stratégie permet d’adapter les renforts en fonction des besoins de chaque territoire, tout en maintenant une vigilance toujours particulière sur la Corse ». Le préfet de la Haute-Corse rappelle que les moyens aériens mis en œuvre cette année pour la saison estivale « sont équivalents à ceux de l’an dernier », et que « la Corse bénéficie d’une attention constante, tenant compte de son insularité, de ses capacités locales et de son niveau de danger ».
Une saison anticipée
En raison du démarrage précoce de la saison des incendies, le préfet annonce que l’État a décidé d’anticiper le renfort des moyens aériens traditionnellement positionnés en Corse en été. « À la demande du préfet de Corse, et après validation du préfet de zone, la Direction générale de la sécurité civile a organisé l’arrivée avancée d’un hélicoptère bombardier d’eau (HBE) lourd, désormais positionné à Corte, soit deux semaines avant la date prévue (15 juillet) ». Et d’affirmer : « La Direction générale de la sécurité civile, en lien avec l’État-Major de la zone Sud, coordonne en temps réel l’allocation des moyens en fonction des priorités opérationnelles. Les moyens sont mutualisés entre les départements, notamment avec ceux du pourtour méditerranéen également exposés à un risque très élevé depuis plusieurs semaines : le niveau de danger sur les départements du Sud a été de façon précoce classé en Sévère (généralisé sur le pourtour méditerranéen), voire Très Sévère (Aude, Pyrénées-Orientales). Cette stratégie permet d’adapter les renforts en fonction des besoins de chaque territoire, tout en maintenant une vigilance toujours particulière sur la Corse ». Le préfet de la Haute-Corse rappelle que les moyens aériens mis en œuvre cette année pour la saison estivale « sont équivalents à ceux de l’an dernier », et que « la Corse bénéficie d’une attention constante, tenant compte de son insularité, de ses capacités locales et de son niveau de danger ».
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