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Groupement de gendarmerie de Haute-Corse : le colonel Vincent Le Monnier passe la main


Livia Santana le Mardi 5 Juillet 2022 à 14:07

Après deux ans à la tête du groupement de gendarmerie de Haute-Corse, le colonel Vincent Le Monnier est rappelé à Paris où il rejoindra la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) où ses compétences techniques en système d'information sont demandées.
CNI l'a rencontré ce lundi 4 juillet, pour dresser un bilan de son action



Le colonel Vincent Le Monnier quitte la Corse
Le colonel Vincent Le Monnier quitte la Corse
- C’était la première fois que vous passiez par la direction d’un groupement de gendarmerie, comment se sont passés ces deux ans ?
- Cela a été court mais intense. Avec les événements récents, nous avons été très actifs et nos personnels ont vécu un condensé d'actions très fortes. Durant la crise liée à l’assassinat d’Yvan Colonna, nous sommes montés très haut dans le spectre des violences et finalement on a assuré l'essentiel, c'est-à-dire, de ne pas avoir de drame.  

- A votre arrivée, vous disiez vouloir mettre un point d'honneur à la prise en charge des victimes de violences intrafamiliales, deux ans plus tard, est-ce que la situation a évolué ?
- Oui, elle a évolué dans le sens où il y a eu un gros travail qui a été fait au sein de notre personnel ne serait-ce qu'en termes de formation, en termes de dispositif de protection des victimes de violences intrafamiliales mais aussi dans la prise en charge des victimes. On pense bien sûr à l’assassinat de Julie Douib en 2019 qui n’a pas été le leitmotiv de cette action mais qui nous a poussé aussi à être plus réactifs et présents auprès de ces personnes. En termes de structure nous avons aussi évolué. Prochainement, il ouvrira la maison de protection des familles. Nous allons aussi être pourvus d’un poste de travailleur social à la gendarmerie partagé avec la police, ce qui permettra de prendre la problématique des violences intrafamiliales sous un angle plus social, qui sort de notre escarcelle. 

- Lors de votre prise de fonction vous disiez vouloir une police du quotidien, de proximité, c’est un objectif atteint ?
- Avec le confinement, on a été d’avantage présent pour la population. Par exemple, on a pris plusieurs plaintes en mobilité à un médecin qui ne pouvait pas se déplacer à cause de la charge de travail conséquente, à des élus qui rencontraient cette difficulté de ne pas pouvoir quitter leur ressort et même à une personne en situation d’handicape. Ensuite, au cours de l'été, lors de la saison estivale, on essaie de déplacer l'action du gendarme jusqu'au pas de porte. Pour cela nous avons installé des postes provisoires dans les stations balnéaires du territoire, dans les endroits où on est un peu moins souvent on tient des permanences, on essaie de se montrer et d’être accessibles à la population. 

- Quel sera le combat que devra mener votre successeur ?
- La mise en œuvre de la mission de protection des familles par la venue d’un travailleur social. Aussi, il y a un travail engagé de professionnalisation d’une partie de nos unités, de nos pelotons d'intervention pour éviter des drames comme celui de Saint-Just (Ndlr ; trois gendarmes avaient été tués en 2020 sur une mission de secours à une femme battue). Pour cela, on va être formé par les armées c’est un partenariat que nous avons mis en place avec les militaires. 

Le territoire insulaire a de nombreuses spécificités, que pouvez-vous dire de votre passage en Corse ?
- C’est comme une outre-mer qui ne dit pas son nom. On sent l’insularité mais on bénéficie d’une proximité avec le continent qui est palpable et effective, mais on ressent toujours à un moment ou à un autre l’isolement, qu’on n’a pas accès à tel moyen, à tel produit… 

- Vos deux ans ont été marqués par de nombreuses manifestations après la mort d’Yvan Colonna mais aussi par de multiples assassinats et tentatives d’assassinat qui se produisent souvent en zone gendarmerie. Ce sont des évènements auxquels vous n’aviez pas été confrontés avant cela.  
- On intervient souvent car c’est lié au paysage typique du territoire par rapport à une délinquance de proximité qui est mineure mais une délinquance d’envergure qui est beaucoup plus élevée. Chaque territoire a sa spécificité et on fait du mieux possible pour lutter contre cela. C’est un combat permanent et qui risque de durer. Quant aux évènements du mois de mars, on est dans une problématique plus politique pour laquelle l’essentiel a été atteint : ne pas avoir de drame. 

- Après la Corse, quelle est la suite pour vous ?
- Je suis rappelé à Paris dans mon bureau au 5ème étage de la direction générale de la gendarmerie nationale, au service des technologies des systèmes d’information de la sécurité intérieure.