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Grand Bastia : 14 boîtes aux lettres pour libérer la parole des enfants victimes de violence


M.V. le Mardi 10 Mai 2022 à 14:44

Quatorze boîtes aux lettres où les enfants victimes de maltraitance pourront glisser des mots pour dénoncer leur situation vont être installées sur le territoire de la communauté d'agglomération de Bastia.
Le concept lancé par l'association Les Papillons, dont le président Laurent Boyet, victime de viols incestueux, était à Bastia ce mardi 9 mai pour présenter le dispositif, a été adopté par la CAB qui entend ainsi renforcer sa politique de lutte contre les violences faites aux enfants.



Une des boites aux lettres. Crédit photo Les Papillons
Une des boites aux lettres. Crédit photo Les Papillons
Des mots pour des maux, le jeu de mots est facile, mais pas la mission de  l'association de protection de l'enfance Les Papillons créée il y près de deux ans par Laurent Boyet, violé par son frère lorsqu'il avait entre six et neuf ans. 
Si aujourd'hui cet homme, devenu officier de police, parle librement des abus qu’il a subis par son aîné, enfant il était condamné au silence. "Comment un enfant peut dénoncer sans les mots pour le faire ?" lance-t-il après avoir raconté la sombre histoire qui l'a marqué à jamais aux membres du Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance réunis ce 9 mai à Bastia en séance plénière.

En partant du constat que les petites victimes n'ont pas toujours les ressources nécessaires pour mettre des mots sur leur souffrance et avec la volonté tenace de celui qui veut changer les choses, Laurent Boyet a vite compris qu'il manquait un outil aux enfants victimes de violences ou maltraitances et qu'il fallait leur donner la possibilité de "libérer la parole par l'écrit". 

''Si tu ne peux pas le dire, écrit les choses''
Boyet a ainsi crée l'association Les Papillons avec une idée bien simple : implanter dans les écoles et dans les clubs des sports des boites aux lettres pour libérer la parole des enfants et les aider à se confier. Les enfants peuvent glisser un mot ou un dessin, pour dénoncer les potentielles maltraitances subies, quelle que soit la forme. Deux fois par semaine, les lettres mises à l'intérieure sont récupérées par des personnels formés, puis transmises à l'association qui travaille avec des médecins, des pédopsychiatres, des avocats, les forces de l'ordre et la justice.  Lorsque le message est jugé préoccupant, l'association se met en relation avec les cellules de recueil, de traitement et d'évaluation des informations préoccupantes (CRIP) qui collectent toutes les transmissions de situation d'enfant en risque ou en danger et en informent  le Procureur de la République. "Avec chaque boîte, des formulaires préremplis sont disponibles pour aiguiller sur les informations à indiquer. Le mot ne doit pas être anonyme. Sinon, on ne pourra pas venir en aide à la personne." indique Laurent Boyet en précisant qu'adulte qui a vu un enfant victime de violence peut également nous alerter. 
 
14 boites installées sur le territoire de la CAB
220 boites ont été installées par l'association partout en France, 14 sur le territoire de la CAB, "un chiffre énorme, c'est pour ça que j'ai fait le déplacement" plaisante Laurent Boyet qui se facilite que la Communauté d'agglomération de Bastia ait choisi d'activer un si grand nombre de boites dans ses infrastructures.  
"Quatre boites ont déjà été installées à la Carbonita et dans les COSEC de Furiani et de Pietranera, 11 autres feront leur apparition d'ici quelques jours dans les gymnases et piscines des communes de l'agglomération et auront un objectif clair : libérer la parole des enfants." explique Mathilde Setti, directrice de la prévention de la délinquance et de l'action citoyenne de la CAB.

A Bastia trois mots d'enfants ont déjà été déposés dans les trois boites aux lettres installées. Si, comme au niveau national, la plupart concerne le harcèlement parfois les signalements sont préoccupants."Sur les 700 petits mots glissés dans les 220 boites déployées aux 4 coins du pays, 42 ont fair l'objet d'un signalement ou d'une information préoccupante, explique Laurent Boyet. Et la Corse n'est pas épargnée par ces violences, un des trois mots glissés cachait bien des maux.

 

 

 



Laurent Boyer a presenté son association et le dispositif lors de la séance plénière du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) qui s'est tenue ce mardi 9 mai à Bastia
Laurent Boyer a presenté son association et le dispositif lors de la séance plénière du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) qui s'est tenue ce mardi 9 mai à Bastia