Les commémorations de la catastrophe du 5 mai 1992 continuent à Furiani. Ce mardi matin, près de 200 élèves de plusieurs collèges de Haute-Corse et leurs enseignants qui se sont réunis devant le stade Armand-Cesari, en présence du recteur de l’académie de Corse et de membres du collectif des victimes. Après plusieurs discours, quelques collégiens ont déposé une gerbe de fleurs devant la stèle, avant de se diriger à l’intérieur du stade, où une vidéo d’une dizaine de minutes retraçant l’histoire du drame et le combat du collectif leur a été projetée sur les écrans géants.
Une matinée qui s’inscrit dans une volonté de faire perdurer le devoir de mémoire chez les plus jeunes. “La flamme se transmet de génération en génération, d’année scolaire en année scolaire, en mobilisant nos collégiens, les enseignants, et toute la communauté éducative”, indique Rémi-François Paolini, recteur de l’académie de Corse. “Cette tragédie a marqué très durement et très durablement la Corse, et elle ne doit pas rester un moment clos. Nous devons, avec le temps, tirer des choses importantes de cette tragédie pour notre jeunesse, et mettre en valeur un certain nombre d’éléments essentiels pour le devenir de l’île.” Pour les professeurs qui accompagnent leurs élèves, il était aussi nécessaire de leur transmettre ce souvenir. “C’est important d’être ici pour leur faire comprendre ce qu’il s’est passé, et c’est important aussi qu’ils prennent l'initiative de parler de cette histoire avec leurs camarades ou leurs parents, pour rendre hommage aux victimes”, déclare Pierre-Gilles Angeli, professeur d’EPS au collège de Biguglia.
Raconter le déroulé de la tragédie
Pour le recteur de l’académie de Corse, il est aussi important de poser des mots concrets sur ce qu’il s’est passé le 5 mai 1992. “De nombreuses personnes qui ont vécu cette tragédie, au stade ou à distance, en parlent encore aujourd’hui. Tout le monde dans l’île connaît quelqu’un qui a été touché de près ou de loin par cette tragédie, que ce soit un proche, un membre de sa famille, un ami, une connaissance… Bientôt, ce sera aux nouvelles générations de raconter cet événement.” Du côté des élèves présents à Furiani, beaucoup ont entendu parler de cette tragédie dans leurs familles. “Mon oncle était présent ce jour-là, et il a failli être touché”, raconte Océane, qui a entendu parler de Furiani par sa mère. Célia, quant à elle, indique que sa famille “a été touchée directement par ce drame”. “Deux de mes oncles ont été sous les barrières, donc je connais l’histoire depuis toute petite.”
Ils sont aussi nombreux à avoir entendu parler des détails de cette tragédie. “Je sais que la tribune n’était pas bien construite, que tout le monde sautait et qu’elle s’est effondrée”, explique Océane. Les proches de Jacques, un autre collégien, lui ont aussi raconté en détails le drame de Furiani. “Je sais qu’il y a eu beaucoup d’annonces au micro pour ne pas sauter sur la partie en fer de la tribune, et que tout d’un coup la tribune s’est effondrée. Je sais aussi que tout le monde était affolé, et que les soignants ont dû sortir les gens de la tribune. J’ai été très touché quand j’ai appris l’histoire.” Tous s’accordent à dire que c’est maintenant à leur tour de faire perdurer la mémoire des victimes. “On a la chance d’avoir des audios et des vidéos de ce jour-là, donc on pourra le transmettre à nos enfants”, lance Célia.
Au-delà de ce moment de recueillement et de souvenir, les élèves ont participé à des ateliers sur les valeurs du sport. “Nous profitons de ces commémorations pour proposer un outil éducatif pour nos jeunes”, précise Rémi-François Paolini. “Nous leur parlons des valeurs sportives qui sont très importantes dans cet espace de confrontation et de compétition. Il est indispensable d’être dans le respect des règles par rapport à ses adversaires, mais aussi ses coéquipiers. Ces règles ne doivent pas être faussées, c’est pourquoi nous abordons également la lutte contre le dopage.” Pierre-Gilles Angeli conclut : “On leur parle de valeurs comme la solidarité et le vivre ensemble, qui vont au-delà du sport, et qui leur serviront dans leur vie de tous les jours.”