Corse Net Infos - Pure player corse

Fermeture des salles de sport : le combat des propriétaires pour survivre


Livia Santana le Samedi 24 Octobre 2020 à 11:38

Le couvre-feu en Corse a forcé les salles de sport à fermer leurs portes. Pour Ange et Louden qui venaient d'ouvrir une salle en septembre dernier à Borgo c'est le coup de trop.



Louden Ferrovecchio et Ange Cioffi.
Louden Ferrovecchio et Ange Cioffi.
Ange ne sait plus quoi faire, malgré tous les efforts pour maintenir ses deux salles de sport ouvertes, il a aujourd'hui le couteau sous la gorge. Ce vendredi à 21 heures c'est avec un goût amer qu'il a tiré à nouveau le rideau de ses établissements de 350 m2 situés à Bastia et Borgo. Le jeudi 22 octobre à 21 heures, en sortant de son dernier cours de sport, le nouveau couperet tombait sur la gorge du chef d'entreprise : "On nous a pas prévenu, on nous laisse 24 heures pour tout fermer. Nous sommes dans l'incompréhension la plus totale." 

Le nouveau décret visant les zones de couvre-feu interdit la pratique sportive dans les équipements sportifs couverts, les salles de sport et les gymnases ainsi que les piscines couvertes. Elle est cependant possible dans tous les équipements sportifs de plein air (stades, piscines découvertes...) en se conformant aux horaires du couvre-feu.
De ce fait, il ne reste plus qu'une solution pour Ange : les cours en extérieur. "On reprendra comme avant le confinement, les cours devant la salle de sport avec des structures adaptées mais ce n'est pas pratique. Il commence à faire froid, il pleut ou il fait humide et puis il y a les moustiques." 


"Le gravier, lui, ne se désinfecte pas !"

Limitation du nombre de personnes dans les cours engendrant une augmentation du volume horaire de travail, fermeture des vestiaires, désinfection quotidienne de tous les équipements...Ange et son associé Louden avaient tout fait pour assurer les cours dans les meilleures conditions possibles après le confinement. "J'ai acheté une machine de désinfection très chère que je passe tous les jours après la dernière séance. Je mets une heure pour tout désinfecter c'est un gros travail supplémentaire pour pouvoir accueillir mes adhérents tout en respectant les mesures sanitaires à la lettre. Mais dans les cours extérieurs, le gravier, lui, ne se désinfecte pas !"


"Bienfaiteurs de santé publique"


Les deux hommes sont dans l'incompréhension totale. Pour eux, enlever le sport constitue un risque pour la santé des athlètes. "Nous nous considérons comme bienfaiteurs de santé publique. Faire du sport boost le système immunitaire, il permet de réduire les risques de maladies.Nous sommes attristés, nos élus ne considèrent pas notre métier. Au lieu de travailler main dans la main ils préfèrent enfermer les gens chez eux.", s'indigne Louden.  


Le désespoir d'une profession

La salle de sport du Fangu possède 130 adhérent annuels. Elle est ouverte du lundi au dimanche 7 h à 21 h30 mais avec le confinement, Ange avait déjà perdu une partie de sa clientèle. "De 330 on était passé à 150 adhérents qui restaient abonnés par solidarité, pour qu'on puisse avoir un peu de fonds qui rentre et nous en contrepartie on faisait des cours en ligne." 

Même si après le confinement il en a récupéré une partie, en septembre et octobre il n'en compte plus que 270. Au Cross Fit de Borgo, Louden, lui,  a perdu 50% de sa clientèle : "S'ils ne vont plus au sport pendant quelques mois les gens se démotivent et arrêtent." 

Face à ces nouvelles mesures, les associés se sentent impuissants d'autant plus que les mois de septembre, octobre, novembre puis janvier, février et mars représentent les mois où l'activité est la plus haute. "Pour garder mes clients, je continuerai à les réunir en extérieur en groupe de 6, en respectant toutes les mesures. Il le faut parce que les charges, elles, continuent de tomber", lance Ange.