C’est un organe qu’ils réclament depuis 2023. Les collectifs Massimu Susini et A Maffia No, a Vita Iè étaient reçus ce mercredi après-midi à Ajaccio par Gilles Simeoni afin d’évoquer la mise en place d’une commission antimafia. Si le principe avait été acté avec la délibération adoptée par l’Assemblée de Corse en février dernier, lors de la session consacrée aux pratiques mafieuses, restait à en fixer les modalités pratiques.
« Nous sommes venus avec plusieurs demandes. La première étant que le champ d'action de cette commission soit l’analyse du phénomène mafieux en Corse et des réponses qui y sont apportées à tous les niveaux, en produisant une analyse structurée, complète, statistique, claire de ce phénomène pour mieux pouvoir le combattre », indique Lisandru Laban-Giuliani, membre du collectif Massimu Susini, en soulignant le rôle « crucial » que pourra jouer cette instance « dans la prise de conscience de ce qu’est la mafia ». « Nous avons aussi demandé à ce que cette commission ait des moyens qui lui soient dédiés », poursuit-il. Afin de garantir l’indépendance de la commission, les collectifs aspirent également à en prendre la présidence de façon tournante. « Enfin, en termes de composition, le président de l’Exécutif a accepté le principe d’une représentation des élus et des associations qui sont engagées sur cette question », ajoute encore Lisandru Laban-Giuliani, en concluant : « Le président de l’Exécutif a semblé aller dans notre sens. »
Une prise de position qui satisfait les représentants des deux collectifs. « Je crois que c’est le genre de réunion dont nous avons besoin dans la société corse. Il n’y a pas eu d’euphémisme, nous avons parlé franchement et crevé quelques abcès, mais cela a été constructif », se réjouit Léo Battesti, du collectif A Maffia No, a Vita Iè. « Je crois que ce qui unit les élus et les représentants des associations, c’est le sens des responsabilités à un moment crucial pour la Corse. Nous voyons une mainmise mafieuse considérable sur la Corse, qui gangrène non seulement les affaires, les commerces, mais aussi les esprits et les intelligences », affirme-t-il. « Nous en avons conscience. C’est pour cela que nous saurons à la fois être pragmatiques, mais déterminés à tenir bon sur l’éthique de ce combat, et sur la nécessité que la société civile ait un rôle majeur pour renverser les tendances actuelles. »
Dans cette optique, les collectifs antimafia aspirent à ce que la future commission ne se cantonne pas à un simple rôle consultatif, mais puisse également disposer de compétences dans « l’investigation de la réalité mafieuse ». « C’est un travail qui n’a jamais été fait », relève Léo Battesti, qui poursuit : « Il faut aussi avoir la possibilité d’alerter, par exemple lors de certains appels d’offres, car les techniques traditionnelles sont inefficaces. » Les collectifs souhaitent ainsi que la commission puisse analyser certains marchés publics et formuler des recommandations. « Par exemple, des clauses supplémentaires pourraient être établies pour éviter que les entreprises qui bénéficient d’argent public ne soient complètement noyautées. À partir de l’analyse qui sera faite du phénomène mafieux en Corse, l’idée serait aussi de pouvoir formuler des propositions d’ordre réglementaire, voire législatif, et de les porter au-delà avec un large consensus, au vu de la réalité constatée localement », précise encore Léo Battesti.
Selon les collectifs, l’Exécutif devrait présenter un rapport dessinant les contours de la future commission antimafia lors de la session de juillet, avant que celle-ci ne soit effectivement mise en place.
-
Ajaccio : Au centre-ville, l'inquiétude des commerçants grandit face à la grève à la Muvistrada
-
En Corse-du-Sud, les Assises de la Sécurité Routière révèlent des chiffres alarmants
-
Anthony Roncaglia avant SC Bastia-Red Star : « À nous de ne pas gâcher la fête »
-
Pene in capu - Stade de Furiani, 33 ans pour en finir !
-
Près de 200 coureurs ont participé à l’Urban Trail di Corti










Envoyer à un ami
Version imprimable





