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En visite en Corse, Emmanuelle Cosse, plaide pour une stratégie en faveur du logement abordable


Christophe Giudicelli le Jeudi 5 Juin 2025 à 15:07

Comment répondre aux défis du logement social en Corse ? C’est la question centrale de ce colloque organisé en mars par la Collectivité de Corse, dont la restitution a eu lieu ce jeudi 5 juin en présence d’Emmanuelle Cosse, ancienne ministre du Logement et actuelle présidente de l’Union sociale pour l’habitat.



Logement social : Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, à Bastia pour répondre aux défis du logement en Corse
Logement social : Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, à Bastia pour répondre aux défis du logement en Corse

Face à une crise du logement qui ne faiblit pas, la Corse cherche des réponses. Ce jeudi 5 juin à Bastia, la restitution du colloque « Répondre aux défis du logement en Corse ? », organisé en mars dernier, a rassemblé plusieurs acteurs institutionnels autour d’un enjeu devenu central. Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, était présente aux côtés de Gilles Simeoni, de plusieurs élus insulaires et représentants d’organismes publics. Des visites de chantiers à Bastia ont rythmé la journée, avec en ligne de mire une volonté partagée : proposer des solutions concrètes à la forte tension sur le logement social, dans un contexte marqué par la précarité et la spéculation.

Dans la matinée, accompagnée de Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, de Julien Paolini, président de l’agence d’urbanisme, de Juliette Ponzevera, présidente de l’Office public de l’habitat de Corse, et du maire de Bastia Pierre Savelli, Emmanuelle Cosse s’est rendue sur deux sites emblématiques : la cité des Monts, dans les quartiers sud (50 à 70 logements en construction), et le quartier du Puntettu, où 99 logements doivent être créés ou reconstruits, dont certains proposés à la vente à prix maîtrisé.

Mais malgré ces projets, la pression reste forte. « Il y a une très forte demande : 7 000 demandes de logement social ont été enregistrées l’an dernier pour seulement 1 000 attributions. Le delta est important », explique Julien Paolini. En toile de fond, une série de freins bien identifiés : 25 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, l’immobilier est en surchauffe, le foncier rare et cher, et la spéculation continue de tirer les prix vers le haut. Le conseiller exécutif précise que la Collectivité de Corse a investi 65 millions d’euros ces cinq dernières années et créé 600 logements sur l’ensemble du territoire. Julien Paolini veut aller plus loin : « Il faut construire une réelle stratégie publique foncière, avec une maîtrise publique du foncier stratégique, pour construire du logement social partout sur le territoire insulaire. Et en parallèle, mettre en place une grande société d’aménagement pour lancer de grands programmes dans les secteurs à forts enjeux comme Bastia, Ajaccio, Corte. »


Les leviers pour faire face à la demande de logements sociaux et répondre à l’équation complexe posée par le manque de foncier et la spéculation immobilière sont nombreux, affirme Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, l’organisme qui regroupe les bailleurs sociaux. Mais avant de les détailler, elle déplore un manque de soutien au niveau national : « Nous avons besoin d’une politique publique forte. Heureusement que, dans les territoires, nous avons le soutien d’élus locaux. Cela coûte tellement cher… Il faut une mobilisation de tout le monde. »

Comme Julien Paolini, l'ancienne ministre du logement plaide pour une stratégie en faveur du logement abordable. Elle met en avant l’exemple du quartier du Puntettu à Bastia, où le droit de préemption et la réhabilitation du bâti ancien ont permis de proposer des logements à prix accessibles : « Nous avons des logements à 350 euros par mois. Les bailleurs sociaux empruntent sur 60 ans. C’est ce qui nous permet d’avoir ces prix-là, sans oublier le soutien financier. » Elle évoque également la mise en place possible d’un office foncier solidaire, qui permettrait de dissocier l’achat du logement et celui du foncier : « Cela signifie acheter le logement, mais louer le foncier, ce qui pourrait faire baisser les prix de 20 à 30 %. » Et en Corse, la question institutionnelle n’est jamais bien loin. Emmanuelle Cosse évoque les discussions sur l’autonomie avec, notamment, « la question de savoir si l’on encadre la spéculation immobilière via une fiscalité locale ».

À Bastia, les logements sociaux sont présents dans les quartiers sud, où ils ont historiquement été implantés, mais aussi dans le centre-ville, jusqu’au cœur de ville, à deux pas du vieux port. Pour Emmanuelle de Gentili, première adjointe en charge du renouvellement urbain :
« La ville de Bastia travaille sur les questions de mixité. Créer des logements sociaux là où il en manque, mais aussi créer des logements libres là où il y a du logement social. Le but n’est pas de concentrer le logement social dans un seul endroit. »